À l’écoute cette semaine, l’ampli casque HiFiMAN EF-100, un modèle hybride équipé d’une section de pré-amplification à tube de puissance et de deux sections d’amplification, l’une pour alimenter une grande variété de casques, et l’autre pour alimenter des enceintes. Cet ampli casque dispose en outre d’un DAC 16 bits / 44,1-48 kHz avec entrée USB, afin de le connecter à tout ordinateur, Mac ou PC, sans besoin de pilotes.
L’intérêt du tube en hi-fi
Dans un ampli casque comme dans tout autre amplificateur intégré pour enceintes, la pré-amplification revêt un caractère essentiel. Son rôle est d’adapter la tension et l’impédance du signal entrant à la sensibilité et à l’impédance de l’étage de puissance, ainsi que permettre le réglage par l’utilisateur de l’intensité du signal envoyé à l’ampli, via un potentiomètre de volume. Enfin, le préampli permet la sélection entre différentes sources /entrées. Dans le cas de l’ampli casque HiFiMAN EF-100, la pré-amplification des signaux analogiques est confiée à un tube de puissance 6N3J. Ce petit tube de conception originale américaine (5670) est fréquemment utilisé par les fabricants chinois pour le traitement des signaux audio de faible puissance. Il s’agit ici d’une version de haute qualité (dite militaire).
L’intérêt d’utiliser un tube en pré-amplification des signaux audio repose sur la balance tonale et la fluidité du son produit. À ce jeu, seules les pré-amplifications d’amplis très haut de gamme peuvent rivaliser. Le son délivré est empreint de réalisme, jamais clinique et froid.
Pourquoi ne voit-on pas plus de tubes alors ?
Pour de nombreuses raisons, rarement bonnes, la principale étant la stabilité dans le temps du tube, dont la durée de vie est plus courte que celle d’un transistor. Une électronique à tube nécessite d’être « retubée » au bout de quelques années. Ce n’est pas une opération délicate dans le cas du HiFiMAN EF-100 où l’on pourra même – avec toutes les précautions que le respect de la garantie impose – remplacer le tube chinois embarqué par un modèle américain ou russe (compter une quinzaine d’euros). Autre raison : l’installation de tubes dans un ampli pose des contraintes en terme de design et d’encombrement. Toutefois le tube connaît un retour en grâce et se trouve dans certains amplis phono RIAA, lecteurs CD, amplis intégré et de puissance chez Pro-Ject, Magnat ou Mc Intosh pour ne citer que quelques marques.
HiFiMAN EF-100 : deux amplis en un
La particularité de cet ampli EF100 est d’intégrer deux amplis stéréo : l’un pour casque, fonctionnant avec des transistors en classe AB (schéma classique) et l’autre pour enceintes, de type Tripath (classe T) à haut rendement. Avec les casques, le HiFiMAN EF-100 délivre 2 Watts par canal sous une charge d’impédance de 30 Ohms et environ 300 mW sous 300 Ohms. En clair, l’ampli casque est très puissant. Avec les enceintes, la puissance s’établit à 2×4,5 W sous 4 Ohms. Autant le dire tout de suite, cette sortie est anecdotique et convient principalement pour une écoute de proximité (sur un bureau par exemple) avec des enceintes relativement sensibles.
HiFiMAN EF-100 : un DAC USB 16 bits / 48 kHz
Petite déception, on retrouve dans le HiFiMAN EF-100 un convertisseur numérique-analogique limité à la prise en charge des flux PCM stéréo codés sur 16 bits et 44,1 ou 48 kHz. La tendance générale étant à l’intégration de DAC 24 bits / 192 kHz, c’est en théorie un peu dommage, même si la présence d’entrées ligne permet de connecter un DAC externe. Toutefois le DAC 16/48 C-Media CM102 intégré présente des avantages non négligeables : il intègre convertisseur N/A, contrôleur USB, horloge de synchronisation et ampli de classe AB, avec une signature sonore « très analogique ». Ce choix respecte une certaine logique, eut égard à la présence du tube de pré-amplification qui produit un son particulièrement rond.
Configuration de test et impressions d’écoute
Nous avons connecté l’ampli casque HiFiMAN EF-100 à un ordinateur fonctionnant sous Windows, tout d’abord avec le câble USB fourni puis avec un câble Audioquest Coffee USB. Deux casques ont été utilisés, un HiFiMAN HE-500 et un Sennheiser PX-100, ainsi qu’une paire d’enceintes Focal Aria 906, connectées avec des câbles Viard Audio Premium HP. Les fichiers écoutés étaient au format FLAC et DSD (sous-échantillonnés à 44,1 kHz par le logiciel Foobar2000).
Autant le dire de suite, le test de la section amplification a tourné court. Si les registres médium et aigu sont remarquablement soyeux, le registre grave est aux abonnés absents. Les résultats ne sont pas désagréables, mais cette amplification de 2×4,5 W est à réserver à une écoute occasionnelle de petites enceintes, positionnées près de l’auditeur. Même avec des enceintes Klipsch Heresy III à la sensibilité très élevée et au haut-parleur de grave de grand diamètre, l’écoute manque d’assise même s’il faut reconnaître une incroyable douceur générale.
L’écoute au casque est d’une toute autre trempe, même avec le câble USB fourni. L’utilisation de l’Audioquest Coffee dégraisse encore plus l’écoute, qui est au demeurant étonnante de fluidité. L’ampli casque HiFiMAN EF-100 impressionne tout d’abord par sa puissance, qui semble sans limite : les basses fréquences sont puissantes et très bien articulées, le médium doux et analytique, l’aigu aérien. Bien que le DAC ne supporte que les fichiers de qualité CD, l’écoute ne manque pas de saveur. Les plans sonores sont très bien étagés et on ne peine jamais à suivre un instrument, ni une voix. Des enregistrements a priori de qualité modeste révèlent avec l’EF100 une somme de détails impressionnante.
Prenez Stairway to Heaven de Led Zeppelin et vous redécouvrirez à coup sûr le morceau. L’attention habituellement focalisée sur la guitare sèche et les notes hautes de la flûte est avec l’EF100 centrée sur la voix de Robert Plant, dont les trémolos sont reproduits jusqu’à l’extinction de chaque note. Les notes basses de la flûte sont elle bien plus perceptibles qu’avec la plupart des amplis DAC de cette gamme de prix (et même au delà). Prenez les Attractions Désastres d’Etienne Daho et vous suivrez sans aucune difficulté le phrasé de l’artiste (là encore c’est plutôt rare) et trouverez que, finalement, le mixage est loin d’être indigent. Sur Duel of Fates de John Williams, il y a de quoi frissonner tant à l’écoute des ch?urs que de l’orchestre et les coups de timbale sont d’une puissance peu commune. Jamais une once d’agressivité ne transpire de cet ampli casque, quel que soit la musique écoutée, le câble USB ou le casque utilisé.
Conclusion
On peut faire de nombreux reproches à cet ampli casque HiFiMAN EF-100, comme la non prise en charge des flux audio HD, sa sortie pour enceintes manquant de tonus dans le grave ou encore un léger manque de précision dans l’extrême aigu. Seulement la vivacité de l’écoute au casque pardonne tout cela, tant elle n’est que plaisir. Grave profond, charnu, médium suave, aigu fluide, plans sonores toujours étagés avec brio, puissance impressionnante… tout cela concourt à faire de l’EF100 un ampli casque de très haute volée, qui chasse sur les terres de modèles infiniment plus onéreux.
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