Test : Jean-Marie Reynaud Emma

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Mis à jour le 26 février 2019

L’enceinte Jean-Marie Reynaud Emma est la dernière née du fabricant charentais, fruit de la collaboration entre JMR et Son-Vidéo.com. Comme l’explique Jean-Claude Reynaud, dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, Emma a été créée pour démocratiser l’expérience sonore Jean-Marie Reynaud. Autrement dit pour rendre plus accessible la marque et ce son si particulier qui fait le bonheur des audiophiles de tous poils depuis des décennies. Si Son-Vidéo.com est associé à Jean-Marie Reynaud dans le projet Emma, c’est parce que nous avons souhaité accompagner le fabricant dans sa démarche et devenir le distributeur exclusif – et chanceux – de l’enceinte. Pour autant, l’enceinte Emma est un modèle 100 % Jean-Marie Reynaud, élaboré de A à Z par le fabricant. Une vraie JMR par conséquent et la toute première mini-colonne de la marque.

Jean-Marie Reynaud : orfèvre du son

Nous le rappelions il y a quelques semaines avec le test des enceintes JMR Cantabile Jubilé, l’écoute d’une Jean-Marie Reynaud est toujours une expérience à part. Qui a déjà laissé traîner ses oreilles dans les auditoriums des grandes villes de France peut en témoigner : une Jean-Marie Reynaud se distingue toujours au milieu de ses concurrentes lors de tests d’écoutes. L’attention consacrée à l’élaboration de la signature sonore, le sens du détail tout au long du spectre audio est frappant. Jamais exubérante, une JMR impressionne par sa simplicité, ses timbres justes et son évidente musicalité. Du travail d’orfèvre.

Pour Emma, Jean-Claude Reynaud a retenu des haut-parleurs similaires à ceux des JMR Lucia. Évidemment, leur structure a été ajustée et leur mise en oeuvre diffère : on ne retrouve pas le débafflage du tweeter de la Cantabile ou la fixation axiale des haut-parleurs par exemple. Mais JMR le confirme, l’essentiel est là, soit une charge optimisée, un filtre passif aux petits oignons et une réelle facilité d’alimentation. Un tout petit intégré stéréo capable de gérer une charge de 4 Ohms devrait se montrer un partenaire de jeu valable avec les enceintes JMR Emma.

test jean marie reynaud emma
Les enceintes JMR Emma en version noir satiné.

JRM Emma : conception

L’enceinte Jean-Marie Reynaud Emma est un modèle hi-fi à 2 voies et demie avec ligne acoustique triangulaire et évent laminaire. Elle met en oeuvre deux haut-parleurs de 13 cm à membrane en papier traité, ainsi qu’un tweeter à dôme tissu et aimant néodyme. Les deux haut-parleurs de 13 cm ne sont pas filtrés de la même manière, l’un étant cantonné aux registres grave et bas-médium, tandis que le second monte plus haut en fréquence (jusque dans le haut médium) où il est relayé par le tweeter.

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Le haut-parleur de grave de l’enceinte JMR Emma.
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Le haut-parleur de grave-médium de l’enceinte JMR Emma.
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Le tweeter à dôme tissu de l’enceinte JMR Emma.

Ces haut-parleurs réalisés par des entreprises françaises – Audax notamment – ont été spécifiquement élaborés pour Jean-Marie Reynaud, qui a ainsi la possibilité d’obtenir des performances acoustiques bien précises, conformes à son souhait.

Les spécifications de la Jean-Marie Reynaud Emma sont rassurantes, avec une fréquence basse de 48 Hz, en rapport avec le diamètre des haut-parleurs de grave. Pas question de « tirer » sur de petits haut-parleurs, pour accrocher une fréquence très basse, ce qui aboutit systématiquement à un grave certes impressionnant, mais monotone. Comme toutes les enceintes JMR, Emma dispose d’une ligne acoustique triangulaire avec évent frontal. En comparaison d’une charge bass-reflex à résonateur, le registre de fréquences graves gagne en célérité et en homogénéité. L’enceinte est aussi plus facile à alimenter, avec une impédance moins perturbée.

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La face avant de l’enceinte JMR Emma est partiellement recouverte de feutrine.

JMR Emma: design

L’enceinte JMR Emma est une petite colonne, qui mesure moins de 85 cm de hauteur, soit de 5 à 10 cm de moins que la plupart des modèles du marché. Remplacer une enceinte compacte par une Emma ne défigure ainsi pas une pièce de vie. L’ébénisterie réalisée en MDF est recouverte d’une peinture satinée pour la version noire de notre test, et d’un placage en bois pour la version merisier. La face avant est recouverte d’une feutrine à hauteur des haut-parleurs, afin d’éviter les diffractions et ondes parasites. Un cache aimanté en tissu acoustique occulte la vue des haut-parleurs. L’évent laminaire est positionné sur la face avant. Enfin, des pointes de découplage à visser sont fournies.

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JMR Emma : mise en oeuvre et impressions d’écoutes

Nous avons écouté les enceintes Jean-Marie Reynaud Emma avec deux amplificateurs, les Hegel H190 et le petit Yamaha CRX-N470D, associés au câble Norstone CL250.

Nous avons écouté des titres issus des albums suivants : Melody Gardot – Live in Europe (FLAC 24/48), Chet Baker – Baker’s Holiday (FLAC 24/192), Janis Joplin – Pearl (FLAC 24/96), Muddy Waters – Folk Singer (24/192), Jean-Louis Aubert – Live=Vivant (FLAC 16/44) ou encore Notorious Big – Life After Death (16/44).

L’enceinte JMR Emma se distingue par un subtil mélange de vigueur et de neutralité, avec un haut-grave et un bas-médium généreux, relayés par un médium bien peuplé, organique après rodage et un aigu discret. Aucune coloration n’est à déplorer – c’est devenu rare – et le timing, même avec l’ampli Yamaha, n’est jamais pris en défaut.

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L’évent laminaire de l’enceinte Jean-Marie Reynaud Emma.

Grave
Ce registre est dégraissé et exempt de traînage, avec une extension non frustrante et une belle énergie dans le haut-grave. Après rodage, les haut-paleurs articulent davantage leur message. Pas besoin d’un gros ampli pour que l’enceinte s’exprime dans les basses fréquences, et puisse suivre une ligne de contrebasse.

Médium
Le bas-médium est généreux et en relais du haut-grave articulé contribue à incarner les voix humaines de belle manière. Les instruments à cordes profitent aussi de ce trait de caractère, tout autant que les percussions qui ont du peps. Le médium et le haut médium sont organiques, comme souvent sur une JMR.

Aigu
Le tweeter est d’une discrétion plutôt étonnante : on ne l’entend pas et pourtant rien ne semble manquer dans le haut du spectre. Jamais brillantes, toujours soyeuses et à leur place (peu importe l’ampli) les hautes fréquences n’apportent strictement aucune coloration.

Timbres
Les conditions sont naturellement réunies pour que les timbres soient justes et c’est bien le cas. L’enceinte Emma n’est pas flatteuse et sa neutralité est de bon aloi. Le test toujours délicat du balais de caisse claire est réussi haut la main.

Scène
L’image est profonde et centrée, un peu en retrait des enceintes dans notre configuration d’écoute (80 cm du mur arrière), ce qui permet à la scène de se déployer dans de belles proportions, à faible comme à fort volume.

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L’enceinte Jean-Marie Reynaud Emma est équipée d’un bornier simple plaqué or.

Comparée à…

Q Acoustics Concept 40 : la répartition de l’énergie est bien moins homogène sur la Q Acoustics, qui descend un peu plus bas mais peine à rester neutre. On préférera cette Concept 40 pour une utilisation home-cinéma ou avec un ampli (très) timide dans les hautes fréquences.

Tannoy Revolution XT6F : plus physiologique dans sa restitution (grave généreux, aigu cristallin), la XT6F est moins neutre que l’Emma et distille moins de matière dans le bas-médium. Timbres plus approximatifs donc, mais une scène bien étagée aussi.

Focal Aria 926 : la Focal en fait plus à tous niveau, mais cette approche démonstrative décevra les amateurs de timbres et de délicatesse. L’Emma est en quelque sorte l’antithèse de la 926.

Dali Opticon 6 : plus difficile à alimenter, cette Dali est plus fine encore dans l’aigu et frappe plus fort dans le grave. Scène moins vaste que l’Emma.

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Conclusion

Difficile de ne pas conclure positivement nos écoutes des Jean-Marie Reynaud Emma, non parce que Son-Vidéo.com a encouragé la conception de cette enceinte, mais bien parce qu’Emma n’est pas une JMR au rabais, débarrassée de l’ADN du fabricant. Emma est bien dépositaire de ce son à la française, chaleureux mais précis, timbré et dynamique.

Nous avons aimé :

  • Le petit gabarit
  • L’harmonie esthétique
  • Le haut-grave et le bas-médium riches
  • Le tweeter remarquablement discret
  • La facilité d’alimentation

Nous aurions aimé :

  • Qu’elle naisse plus tôt 🙂

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35 commentaires

  1. Bonjour,
    Vous évoquez un haut grave et un bas médium riches, cette portion du spectre sonore elle plus marquée que sur les LUCIA?
    La qualité du médium est-elle supérieure par rapport au LUCIA?, sachant que les hauts parleurs sont les mêmes.
    Souvent une enceinte bibliothèque image mieux, qu’en est’il de l’EMMA?
    Faut ‘il craindre un effet « boomy » dans le haut grave et le bas médium?
    Cordialement
    Y.A.

    • Oui, le bas-médium et le haut-grave sont plus riches que sur les Lucia ou Folia. J’imagine que cela tient à la présence de deux haut-parleurs plutôt qu’un et au volume de charge qui donne plus de dynamisme aux HP. Pendant le rodage, cette partie du spectre à tendance à être un peu mise en exergue, mais cela ne colore pas non plus l’écoute, Emma est immédiatement écoutable. Ensuite, le haut grave dégraisse un peu et le médium trouve sa place. Pas d’effet boomy en tout cas.
      Sur l’image, elle est plus ample, plus haute notamment.

  2. Bonjour,

    Est il également intéréssant de l’utiliser pour regarder des films ?
    Et comparativement à la Folia Jubilée (plus compact), y a t’il une différence en qualité/impression ?

    Cordialement,

    • La différence entre Folia et Emma repose notamment sur le « coffre » de l’Emma, qui assied à mon sens mieux la scène sonore car elle est plus performante dans le registre grave. Il y a la multiplicité des HP de grave également, qui élargit considérablement la scène, verticalement surtout. On peut utiliser Emma en home-cinéma bien entendu, ses qualités de spatialisation et son médium détaillé servent bien les pistes AC3 ou DTS remixées en stéréo. Evidemment, il ne faut pas attendre d’une paire de HP de 13 cm la pression physique d’un caisson dans le grave.

  3. Bonjour,

    Dans la même gamme de prix, il y a aussi la Monitor Audio Silver 200 qui semble être similaire au niveau des caractéristiques (2.5 voies, HP de 13cm, même rendement de 89dB mais membranes métalliques…), comparée à la JMR Emma, pourriez-vous décrire les différences à l’écoute, les +, les – ?

    Cordialement. B.P

    • Je n’ai pas écouté les Silver 200 depuis un moment, mais j’ai le souvenir d’une image moins spacieuse, d’une énergie centrée sur le haut du spectre et en plus d’un aigu un peu aride (comme souvent avec les dômes C-CAM chez Monitor Audio / avis tout personnel). Une moindre impression de fluidité se dégageait de la Monitor Audio Silver 200, ce qui est assez normal dès lors que comme vous le soulignez toutes les membranes sont métalliques. JMR utilise des membranes en papier et des tweeters en soie le plus souvent, avec à la clé un son exempt de coloration. Le métal, l’alu, le titane, sont très difficiles à maîtriser pour obtenir un son naturel, même si la distorsion est moindre. Prenez deux grands fabricants de haut-parleurs tels que Peerless et Audax, ils font des membranes papier depuis 40 ans au moins, ce n’est pas sans raison. Mais je ne vais pas digresser davantage sur les matériaux :). En tout cas, à l’époque du test des Silver 200, nous avions une Monitor Audio Gold 200, avec un tweeter à ruban. Certes, ce n’est pas le même tarif, mais celle enceinte là était un bonheur à écouter.

      • Merci de vos précisions, mais j’avais bien le même sentiment que vous sur les membranes métalliques comparées aux membranes papiers… Sur les Monitor Audio Gold 200, mis à part le tweeter à ruban, les membranes des HP restent C-CAM aussi ! Avez-vous un souvenir d’écoute ou une comparaison de cette JMR Emma avec la KEF R500 ?

  4. Ce qui est regrettable a ce tarif, c’est que JMR est surtout une entreprise de menuiserie/ébénisterie qui fabrique des boites en bois comme beaucoup d’autres menuiseries/ébénisterie de France finalement…. Mais y ajoute des HP et composants fabriquer par de vrai « Fabricants de HP » d’Europe comme l’Allemagne par ex… cela pour 1690€, 5800€, 9500€ la paire ? et adjoindre la mention « Made in France » c’est vraiment osez. Mais comme je le dit souvent « Le tout, c’est d’y croire ».
    Comme en restauration, Ils font eux même une chantilly qu’ils mettent sur une part de tarte industrielle est peuvent indiquer « Fait Maison » …. Bienvenu en France.
    Par ex, Les caissons JLaudio ils fabrique leurs HP mais pas l’ébénisterie, peinture..etc .. mais pourtant n’indique pas « Made in USA »

  5. Les HP me rappel furieusement ceux des Mosscade 502 (Audax également).

    Pour avoir récemment comparé ces Mosscade à mes Chorus 706. J’ai retrouvé exactement ce que vous décrivez dans les aigus.

    Personnellement je préfère l’es Focal, mais il est vrai que l’autre approche permet une écoute plus « douce ».

  6. Pour avoir écouté les Focal Aria (physiologiques, alourdies), les Dali Opticon (pas assez lumineuses, lentes), les Tannoy Revolution (clinquantes), les Q Acoustics Concept (movie theater), des B&W série 700 (agressives) et même des Monitor Audio Gold ou des Dynaudio (précises mais corsetées ?), je serais curieux de connaître votre avis à l’écoute des Davis Acoustics Courbet 5 que j’ai toujours préférées à la liste citée, et des Courbet 7, que j’ai choisies. Long rodage indispensable et ensuite, un autre monde que tout ce qui précède. Je pense que la comparaison avec les JMR serait enrichissante pour mieux situer ces deux fabricants dans le paysage. Au plaisir de vous lire.

  7. Bonjour,
    Que valent ces enceintes par rapport à des PMC twenty 23 (ancien modèle, pas la Twenty 5)
    couplées à un NAIM Uniti ?
    Merci par avance.
    Cordialement,

  8. Bonjour,
    Possesseur d’un couple Rotel A10/Tannoy XT6, je m’interroge sur le rendu sonore du couple Rotel A10/JMR Emma. Musical, équilibré et détaillé? (en particulier dans le médium où je trouve un léger manque sur les Tannoy; par contre l’aidu des Tannoy est top mais parfois on a l’impression qu’il se détache des autres fréquences en particulier dans la restitution de charleston).
    Au regard du Rotel A10, est-ce une aberration financière de le coupler à ces JMR Emma?
    Cordialement,
    Merci d’avance pour votre retour.

  9. Bonjour,
    Vous avez testé ces JMR Emma avec un Hegel H190. On dit que JMR s’associe bien avec les électroniques ATOLL.
    ATOLL a sorti cette année 2018 l’IN200 signature en pure classe A sur les 1ers 50W , auquel il est possible d’ajoindre une carte DAC. Avez-vous pu tester cet appareil, et en particulier avec les JMR Emma?
    Dans l’attente de votre retour,
    Cordialement.

      • Bonsoir,
        Je vous remercie pour votre réponse. Outre le fait que vous n’ayez pas écouté l’association Emma / IN200 signature, avez-vous pu vous faire une idée de ce nouvel Atoll accompagné de sa carte DAC (AKM)?
        Si oui, comment le comparer au couple Rotel A-10/myDac?
        Je vous remercie par avance pour votre retour.
        Cordialement,

  10. Bonjour,

    comment se positionne (auditivement) l’EMMA par rapport à l’Euterpe 1ère version puisqu’elle se situe sensiblement dans la même gamme tarifaire ?

    • Il n’y a pour le moment pas de deuxième génération de l’enceinte JMR Emma. Le modèle qui s’en rapproche le plus est la JMR Euterpe Jubilé.

        • Les Jean-Marie Reynaud Emma ne sont pour le moment plus conçues. En remplacement, vous pouvez opter pour les JMR Euterpe Jubilé ou les Jean-Marie Reynaud Lunna qui sont assez proches.

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