EN RÉSUMÉ
Régulièrement annoncé comme agonisant, voire carrément mort, le western s’offre de temps à autre des résurrections plus ou moins convaincantes. Côté « plus », la nostalgie mimétique de Silverado ou le lyrisme humaniste de Danse avec les loups ; côté « moins », le récent, stupide et inutile remake des Sept mercenaires. Avec Hostiles, on boxe aujourd’hui dans une tout autre catégorie. Ni hommage façon « c’était mieux avant » ni modernisation rigolarde mise en scène au joystick, le film de Scott Cooper affiche une maturité visuelle et narrative totalement inattendue. Sur le papier, l’argument est d’une simplicité biblique : à la veille de la retraite, un éminent capitaine de cavalerie est contraint d’escorter un vieux chef cheyenne mourant jusqu’à sa dernière demeure. À l’écran : une solennité majestueuse, une paire de scènes d’action assez mémorables (prologue d’une rare brutalité, fusillade intense avec des Comanches, épilogue sans pitié) et, surtout, un scénario aux niveaux de lecture brillamment superposés où la célébration attendue de la dignité du peuple indien voisine de manière sidérante avec un sous-texte on ne peut plus contemporain où planent les questions raciales et culturelles qui agitent les États-Unis. Hier les Indiens, aujourd’hui les Afro-Américains, la communauté LGBT ou le traitement infligé aux prisonniers de guerre : rien n’a vraiment changé. Dominé par un Christian Bale magnifique d’intériorité et par la prestance quasi mythologique de l’acteur d’origine cherokee Wes Studi, Hostiles hisse le genre auquel il appartient vers des hauteurs qu’il n’avait plus atteintes depuis bien longtemps.
AVIS TECHNIQUE
Les somptueux panoramas naturels du Nouveau-Mexique et du Montana sont restitués avec une précision et des nuances chromatiques de premier ordre, tandis que les scènes en basse lumière affichent une parfaite lisibilité. Placé sous le signe du réalisme, le mixage offre quant à lui une ouverture acoustique tour à tour subtile et carrément foudroyante lors des pics de violence ou des embardées météorologiques.
DU CÔTÉ DES BONUS
Découpé en trois parties, le making-of de plus d’une heure donne à voir et à comprendre l’intégralité du processus créatif : de l’élaboration du scénario au souci d’authenticité en passant par le tournage de quelques séquences-clés, il y a de quoi puiser toutes les informations nécessaires pour comprendre la réussite du spectacle.
LE MOT DE LA FIN
Un western d’auteur dont la noblesse et l’intelligence n’oublient jamais le plaisir du spectateur.
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