Dans les coulisses des Blu-ray Steelbook

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Mis à jour le 18 juin 2021

Dépositaire officiel de la marque SteelBook®, ces boîtiers métal tant prisés des collectionneurs, la société danoise Scanavo a bien voulu nous confier ses secrets de fabrication, revenir sur ses créations les plus mémorables ainsi que sur plusieurs innovations surprenantes pour les années à venir.

« Je voyage chaque semaine, avec en moyenne un séjour par mois à Paris. » Autant dire que le temps d’Oana Sgambato, la dynamique et polyglotte responsable du marché vidéo du Steelbook (sans « B » majuscule pour désigner l’objet), est précieux. Entre deux rendez-vous avec des Majors, l’intéressée a bien voulu nous accorder un entretien dans un restaurant à deux pas de l’opéra Bastille, avant de s’envoler vers une autre destination européenne, entre la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Hollande, la Suisse, la République tchèque, la Pologne, la Suède ou une partie de l’Allemagne, territoires dont elle s’occupe.

À l’occasion de ses 25 ans en 2016, Scanavo a convié ses clients pour une fête. L’histoire ne dit pas si le gâteau était en métal…

Au-delà de l’attachement indéfectible pour le support physique, Scanavo partage un autre point commun avec Les Années Laser : la société danoise, dont le siège se situe en banlieue de Copenhague, a vu le jour en… 1991, l’année du lancement en kiosque de la revue Les Années Laser. Comme nous aussi, Scanavo a accompagné toutes les évolutions du marché : DVD, Blu-ray, et plus récemment Ultra HD Blu-ray. Leur premier Steelbook a pourtant concerné le secteur du jeu vidéo, désireux de créer l’événement autour de titres phares via une édition métallisée. Killzone sur PlayStation 2 a ainsi été l’heureux élu fin 2004. Depuis, quantité de boîtiers métallisés ont suivi et séduit une communauté de plus en plus large et fidèle de collectionneurs aux quatre coins du monde, au point de motiver la mise en place d’une rubrique dédiée dans nos pages. « Longtemps, l’Europe a été le premier marché », affirme notre interlocutrice. « Puis les États-Unis se sont bien développés, et enfin l’Asie avec l’Australie en première ligne. Aujourd’hui la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne sont très actifs dans leur demande de Steelbooks. De son côté, la Grande-Bretagne met l’accent sur la communication et multiplie les projets. » D’où le « réflexe Zavvi », du nom de l’enseigne anglaise qui propose chaque mois une foule d’exclusivités (de même que le Tchèque Filmarena, tout aussi bon communicant), en forme de trompe-l’œil car « si le marché britannique apparaît plus riche aux yeux des consommateurs, ce n’est pas le cas ».

Le site Zavvi, véritable caverne d’Ali Baba du Steelbook.

Le site steelbook.com s’emploie ainsi, autant que possible, à référencer les éditions françaises, italiennes ou espagnoles afin d’offrir une visibilité accrue à l’actualité de chaque territoire. Dans la même optique, Scanavo cherche toujours à créer des synergies entre les éditeurs et les enseignes telles Fnac, Amazon, Auchan, Carrefour et Leclerc pour l’Hexagone.

Depuis l’année dernière, l’enseigne américaine Walmart propose des rayons entiers de Steelbooks dans ses points de vente.

Conception d’un Blu-ray Steelbook

Un Steelbook est constitué de métal et de plastique, identifiable par ses trois parties distinctes (recto, tranche, verso) reliées par un intérieur en plastique sur lequel est discrètement apposé le logo Steelbook. En fonction de sa configuration, chaque boîtier peut héberger deux, trois ou quatre galettes… voire six, comme dans le cas de la série TV Game of Thrones qui a nécessité la conception d’un coffret spécifique. Sans surprise, le coût pour l’éditeur tient compte du nombre de disques, de même que de la variété des couleurs (sachant que le blanc est considéré comme une couleur), le boîtier étant de teinte métal dans sa version nue. Des nuances sont possibles, comme des jeux de transparence, et les options ne manquent pas : embossage (effet relief), débossage (profondeur), vernis mat ou brillant, voire vernis zéro réservé au marché européen (entre-deux appliqué sur le récent Steelbook de Bohemian Rhapsody).

Chaque option alourdit le devis pour l’éditeur mais fait la différence pour le collectionneur. « On constate en effet qu’ils préfèrent quand il y a un « plus », les ventes s’en ressentent car ça sort du commun. » Concrètement, quand se décide un projet ? « On attend idéalement que le film soit déjà sorti en salles, mais ce n’est pas toujours évident. Il faut compter un délai de fabrication standard de quatre semaines, avec en amont une semaine de travail sur le visuel car il peut y avoir besoin d’échanger avec l’éditeur, sachant que celui-ci doit avoir le Steelbook en stock un mois avant sa parution. Autrement dit, il faut prendre une décision dès que le film est en salles, parfois même avant.

L’intérieur du Steelbook de Spartacus, à paraître le 15 avril outre-Manche en exclu enseigne, affiche un superbe visuel du gladiateur.

« L’intéressée admet le risque encouru par l’éditeur, qui a la possibilité d’augmenter la quantité de Steelbooks commandés, mais pas de la diminuer. Majors comme indépendants, la porte n’est en revanche fermée à personne, mais Scanavo s’emploie à vérifier que son client possède bien les droits du programme lorsqu’elle est sollicitée par un nouvel éditeur. Une fois la confiance établie, cette étape est bien entendu zappée.

L’empereur de Paris, un film français de premier choix en Steelbook le 19 avril.

Sur place, à Copenhague, une personne supervise alors le projet de A à Z, en contact direct avec le client et la fabrication, tandis qu’une équipe de graphistes et de designers est à pied d’œuvre (avec souvent un rôle de conseil) afin que le résultat corresponde à la demande initiale. « Pour nous, le plus important est de satisfaire le client », glisse sincèrement l’intéressée.

Certaines versions Collectors de titres-phares de la console Switch de Nintendo ont la particularité d’être plus fines et rectangulaires.

Et demain ?

« Face à la montée en puissance de Netflix et d’Amazon Prime, les éditeurs s’efforcent de faire de plus en plus d’objets avec une valeur ajoutée », se réjouit Oana Sgambato, qui assure que le digital est son concurrent n°1, et non les sociétés positionnées sur le même créneau (voir présentation des forces en présence dans Les Années Laser 219). Selon elle, la question est presque philosophique : le consommateur souhaite-t-il ou non posséder le film ? La société danoise poursuit d’ailleurs ses innovations tous azimuts. D’une part, en accompagnant les éditeurs dans cette évolution vers le digital : « On travaille sur un Steelbook consacré au digital, sous forme de petite boîte carrée de 10 x 10 cm contenant un code, une carte ou une clé USB. Une sorte de compromis pour garder un pied entre le physique et le digital ».

Un nouveau concept de Steelbook, qui propose une passerelle vers le digital, vient de faire son apparition aux États-Unis.

En attendant d’arriver peut-être un jour sur le VieuxContinent, le concept vient d’être lancé aux États-Unis dans plusieurs enseignes, et force est d’avouer que l’exemplaire de John Wick que nous avons eu entre les mains nous a bluffés. D’autre part, Scanavo entend investir toujours plus le support physique, à la fois en espérant que l’UHD s’y intéresse davantage (« Dans l’idéal, un Steelbook doit être disponible sur le support le plus haut de gamme »), en incitant les éditeurs à créer de vrais Collectors à destination des collectionneurs, qui incluent a minima un Steelbook et divers goodies, et en poursuivant les expérimentations.

Un Steelbook phosphorescent pour Terminator 2 !

Ainsi, en Europe, le premier Steelbook phosphorescent a vu le jour en République tchèque (une exclu Filmarena) pour Terminator 2, et d’autres projets alléchants qu’on nous a demandé de tenir encore secrets sont à l’étude… Les initiatives se multiplient aussi côté éditeurs, avec le concept de deux Steelbooks vendus dans un boîtier, avec deux visuels différents d’un même film pour varier les plaisirs (ainsi Filmarena, encore, avec Shaun of the Dead), ou le somptueux coffret The Revenant avec un Steelbook et un livre renfermés dans un étui en cuir véritable !

Le coffret Steelbook de The Revenant est un livre-étui en cuir véritable.

Mais la collection qui remporte tous les suffrages en Europe vient du partenariat noué avec la galerie Mondo, inauguré le 2 décembre 2014 avec Drive (numéroté 00), et scrutée depuis lors avec avidité par les amateurs de beaux objets. Chaque visuel est en effet l’œuvre d’un artiste. Une montée en puissance a d’ailleurs été observée ces derniers mois : simultanément, Warner en a ainsi créé sept pour l’Italie, et Disney huit pour la Grande-Bretagne. « Il faut poursuivre sur cette lancée. J’aurai même tendance à aller plus loin en suggérant des Steelbooks signés des artistes. » À ce jour, près d’une quarantaine de titres sont disponibles, et d’autres (là aussi top secrets) sont en préparation. Bonne nouvelle : un premier « Mondo x Steelbook » s’annonce en France pour le 24 avril chez Paramount, soit le classique horrifique Simetierre. En combo BD/UHD, qui plus est. Une édition internationale qui pourrait faire des émules même si, contacté, Disney France n’envisage pas encore d’équivalent hexagonal des Steelbooks Mondo parus outre-Manche, tout en rappelant « disposer déjà d’une collection de Steelbooks Grands Classiques [NDLR: En exclu enseigne]. Scanavo, qui a désormais passé le cap du quart de siècle, entend donc bien continuer à nous surprendre…

Un premier Mondo x Steelbook enfin annoncé en France…

Auteur :

Gersende Bollut

Les années Laser N°262 – Avril 2019

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3 commentaires

  1. Si je ne dis pas de bêtises l’édition collector de return to castle Wolfenstein date de 2001 je crois et était contenue dans un boîtier métallique type steelbook donc bien avant Killzone.

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