Les 20 Live Rolling Stone qui ont marqué les 20 dernières années

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Mis à jour le 28 novembre 2022

Aujourd’hui, les grands live peuvent aussi se savourer confortablement installé dans son canapé. Depuis l’ère héroïque des films concerts comme Woodstock ou Gimme Shelter, le genre a connu une authentique explosion coïncidant avec le boom du DVD et du Blu-ray. А défaut d’avoir suivi à la lettre le mot d’ordre de Suicidal Tendencies, nombre de DVD live ont marqué les esprits. Petite sélection (très) arbitraire pour le plaisir des yeux et des oreilles, proposée par la rédaction de Rolling Stone ! 

La rédaction de Rolling Stone

1 – Live in Hyde Park – Eric Clapton (Warner Music Video) ★★★ – 2001

Eric Clapton, comme nombre de ses pairs, a multiplié les lives ces dernières années – même si on attend toujours le Nothin’ But the Blues, réalisé par Scorsese en 1994, dans la foulée de l’album blues, From the Craddle. Mais ce concert à Hyde Park, enregistré deux ans plus tard, émerge nettement du lot. Clapton y livre une prestation étincelante, dopée par quelques chorus foudroyants sur des classiques comme “I Shot the Sheriff ” de Marley, “Have You Ever Loved a Woman” ou “White Room”. Outre un “Layla” livré en kit unplugged que l’on aurait nettement préféré en mode électrique, le set fait la part belle au blues avec des reprises qui figuraient dans From the Craddle, “It Hurts Me Too” ou encore ce “Five Long Years” époustouflant. Le gig se conclut sur un “Holy Mother” (titre dédié au regretté Richard Manuel, du Band) enrobé de chœurs gospels. 

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2 – Live In New York City – Bruce Springsteen & The E. Street Band (Sony Music Video) ★★★★ 2002

Springsteen retrouve son cher E Street Band, dix ans après leur dernière tournée commune. Soulagement chez les vieux fans qui n’attendaient que ça pour s’enflammer à nouveau. Histoire de fêter dignement l’événement, le gang donne dix concerts sold out au Madison Square Garden de New York. Dans un flot halluciné d’électricité, d’énergie et d’émotion, il livre des versions brûlantes des incontournables du répertoire springsteenien (“The River”, “Badlands”, “Jungleland”, “Backstreets”, “Racing in the Street”…). Mais aussi des titres plus récents comme l’extraordinaire “American Skin (41 Shots)” sur l’assassinat d’un jeune Amadou Diallo par la police new-yorkaise deux ans plus tôt. On avait souvent écrit que Springsteen était intouchable sur scène : grâce à ce DVD, toute une génération allait enfin comprendre pourquoi.

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3 – Live at the Garden – Pearl Jam (Epic / Sony Music) ★★★★ – 2003

Difficile de choisir au milieu de la horde d’enregistrements live réalisés par le groupe de Seattle. En dehors du son, l’image peut aussi faire la différence. Celles filmées le soir du 8 juillet 2003 au Madison Square Garden de New York témoignent de l’intense lien qui unit Pearl Jam à ses fans depuis les premières heures du groupe en 1991. Car, ici (mais c’est souvent le cas), le public des Vedder and Co. chante juste et presque continuellement. Le charisme du chanteur, la flopée des invités (dont Ben Harper), l’émotion à fleur de peau, les improvisations à la guitare comme sorties des plus grands concerts des seventies, la setlist en forme de best of… (“Last Exit”, “Even Flow”, “Daughter”, “Better Man”, etc.) : que demander de plus ? Live at the Garden démontre que Pearl Jam est un des plus grands groupes de scène du monde, ni plus ni moins. 

Pearl Jam en concert au Madison Square Garden en 2003.

4 – Live in Boston – Fleetwood Mac (Warner Home Video) ★★★★ – 2003

On ignore ce qu’ils avaient pris ce soir-là, mais ça devait être de la bonne à en juger par les versions amphétaminées des hits (à commencer par un “Go Your Own Way” incendiaire, toutes guitares dehors) offerts par Fleetwood Mac au public du Fleet Center de Boston, les 23 et 24 septembre 2003, dans le cadre de la tournée Say You Will. C’est le line-up de Rumours au grand complet (Lindsey Buckingham, Mick Fleetwood, Stevie Nicks, Christine et John McVie) qui officie ici, revisitant vingt-cinq ans de carrière au royaume du rock californien (toute la période anglaise du groupe est implacablement zappée, tant pis pour “Oh Well”). Malgré l’âge des protagonistes, les relectures de “The Chain”, “Rhiannon”, “Landslide”, “Don’t Stop”, “Tusk”, “Gold Dust Woman” ou “Beautiful Child” figurent parmi les plus impressionnantes jamais gravées en concert par le groupe. 

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5 – Live At Pompeii – Pink Floyd (Universal) ★★★1/2 – 2004

On vous l’accorde bien volontiers, Live at Pompeii n’est pas à proprement parler un album ou un DVD live. Du moins est-il loin d’en suivre les codes habituels. Notamment puisqu’il regroupe essentiellement des enregistrements… en studio, à Paris plus précisément où le Floyd préparait activement Dark Side of the Moon (on assiste ainsi aux ébauches de “Us and Them” et “Brain Damage”). Il n’en est pas moins vrai que, si elles ne concernent à l’arrivée que trois titres réellement tournés sur place (“Echoes”, “A Saucerful of Secrets”, “One of These Days”, le reste ayant été tourné en studio… avec des images de Pompéi en toile de fond !), les images des Waters, Gilmour, Mason & Wright au beau milieu du grand amphithéâtre de la cité en ruines sous un soleil spectral sont restées gravées à tout jamais, faisant aisément passer la pilule d’un film musical un peu bancal et un brin pompeux. 

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6 – Live Aid – Live Aid (Warner Home Vision) ★★★1/2 – 2004

Entre londres (Wembley Stadium) et Philadelphie (Robert F. Kennedy Stadium), un casting “king size”, seize heures de concert au total, un milliard et demi de téléspectateurs à travers la planète et 80 millions de dollars récoltés pour lutter contre la famine en Éthiopie et en Afrique plus globalement : le pari fou de Bob Geldof fera mieux que prendre forme en ce 13 juillet 1985. Source de toutes les spéculations (à commencer par l’annonce d’une reformation des Beatles – John Lennon étant excusé – pour la première fois depuis leur séparation ou celle d’un Pink Floyd pourtant “fâché à mort”), avec son lot de refus notoires (Bruce Springsteen, AC/DC, Frank Zappa) ou d’oublis malencontreux (Michael Jackson), Live Aid fit beaucoup parler avant que les premières notes – celles des Coldstream Guards royaux – ne résonnent dans la cuvette de Wembley, bien au-delà de la cause qu’il entendait défendre et éclairer via sa levée de fonds. On le sait, le quadruple DVD retraçant en dix heures l’événement a failli ne jamais voir le jour, l’archivage des images ayant laissé plus qu’à désirer des deux côtés de l’Atlantique, avec des performances entières passées à la trappe (The Who, Simple Minds), quand d’autres ne furent pas retirées à l’insistance de leurs protagonistes (Led Zeppelin, avec Phil Collins à la batterie – fraîchement débarqué en Concorde de Londres où il venait d’accompagner Sting). Au final, excepté un U2 galactique sur un “Bad” s’étalant sur plus de douze minutes avec des inserts en forme de clins d’œil à Lou Reed (“Satellite of Love”, “Walk on the Wild Side”) et aux Stones (“Ruby Tuesday”, “Sympathy for the Devil”) – la prestation allait établir définitivement la réputation live des Irlandais – et un Queen propulsé par un Freddie Mercury bien décidé à mettre Wembley en coupe réglée avec ses “Bohemian Rhapsody”, “Hammer to Fall” , “We Will Rock You” et “We Are the Champions”, pas de grande performance d’un strict point de vue musical, certaines frôlant même l’indigence absolue, notamment pour le versant américain de l’événement. Mais l’essentiel était ailleurs. 

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7 – David Gilmour Live at The Royal Albert Hall  (Warner Home Vision) ★★★★ – 2006

En mai 2006, au Royal Albert Hall, David Gilmour revisite ses classiques floydiens (“Breathe”, “Time”, “High Hopes”, “Wish You Were Here”) et quelques titres de son dernier solo en date, On an Island. “Le meilleur conseil que j’ai jamais reçu de Miles Davis, confia un jour le guitariste à un magazine, c’est que ce ne sont pas les notes qui comptent, mais l’espace que vous laissez entre elles.” On vérifiera, une fois encore, combien Gilmour s’est appliqué à suivre la leçon du jazz genius, pulsant ses notes bleues vers la stratosphère, entouré d’un groupe parfait, incluant Richard Wright aux claviers et Phil Manzanera à la guitare. Parmi les grands moments : Crosby & Nash (“Shine on You Crazy Diamond”) et David Bowie himself (pour sa dernière apparition sur scène à ce jour) qui chante “Arnold Layne” de Syd B. Sans oublier ce “Comfortably Numb” aux chorus à tomber, balancé par un Gilmour magnifique. 

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8 – DVD – Led Zeppelin (Warner Home Video) ★★★★1/2 – 2007

Venu présenter à paris ce double DVD quelques semaines avant sa commercialisation au printemps 2003, Jimmy Page regrettait alors la carence d’images de Led Zeppelin, insistant sur le fait que rien ne serait plus disponible ou de qualité suffisante au-delà du programme proposé. Bah, on sait trop ce qu’il advient du sort des archives dans le petit monde du rock-business. Ça va, ça vient. Disparues à tout jamais, puis miraculeusement retrouvées au fond d’un grenier (ou d’une armoire de studio) bien des années plus tard. Let it be, comme dirait l’autre. Qu’il soit en tout cas rassuré (Jimmy Page, pas l’autre – suivez, quoi !), ces quelque 5 heures et 20 minutes (!) de plongée dans l’histoire “vivante” du dirigeable – faux frère siamois à l’époque du triple CD live How the West Was Won puisque disponible au même moment – suffiront largement à notre bonheur immédiat et à venir. Certes, on en trouvera bien quelques-uns pour fustiger tel petit arrangement avec le temps et l’espace (cette version de “Immigrant Song” mêlant images saisies à Sydney en février 1972 et son capté à Los Angeles l’été suivant) ou tiquer devant une restauration sonore “surboostée” (avec Dolby Digital 5.1, DTS Surround Sound et tout le toutim) et pas toujours en adéquation avec le rendu visuel. Pourtant, par quelque bout qu’on veuille bien le prendre, ses cinq plats de résistance (Royal Albert Hall 1970, Madison Square Garden 1973, Earls Court 1975, Knebworth 1979), ses bonus façon chasse au trésor (mention particulière à ceux du premier DVD, fort de ses émissions télé où l’on tutoie le sublime) ou ses interfaces soignées, ce Led Zeppelin de l’ère digitale ne fait que sublimer l’aura d’un groupe, aussi “grand” dans ses instants de pure magie que ses moments de flottement. Comme il renvoie presque pour de bon sur la touche la collection d’images souvent brinquebalantes qui avaient servi au seul véritable document live de Led Zep disponible jusqu’alors, à savoir The Song Remains the Same trop longtemps sublimé faute d’autre référence, et donc de comparaison. Indispensable ?

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9 – Heima – Sigur Rós (EMI) ★★★1/2 – 2007

Sorti en parallèle avec le double digipack Hvarf/Heim qui propose du live mais aussi quelques raretés, Heima est la plus belle déclaration d’amour qu’un groupe puisse faire à son pays. Après une énorme tournée mondiale, les Islandais retournent à la maison. Ils décident alors de se lancer dans un périple autour de l’île au cours duquel ils ne livreront que des concerts gratuits pour toute une population au sein de lieux aussi incongrus que magistraux (un champ, une ancienne conserverie de poissons, un conservatoire, une grotte…). Des images magnifiques, un public ému et des chansons sublimées par un groupe généreux, puisant son inspiration au cœur de l’Islande et se laissant porter par la magie de l’instant. Un vrai film à l’esthétique léchée et au son parfait. Alors qu’il a encore des années devant lui, Sigur Rós sort déjà son live ultime. Peut- être le plus beau DVD musical de sa génération. 

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10 – Shine a Light – The Rolling Stones (Wild Side) ★★★ – 2008

Bien sûr, à l’image de ce que sont devenus les Stones, il y a un certain côté racoleur dans Shine a Light, le documentaire de Martin Scorsese sur un concert au Beacon Theatre à New York, en 2008. Mais, il y a aussi de chouettes moments comme celui où Jack White se joint au groupe le temps d’un “Loving Cup”. Scorsese réalise un rêve d’adolescent fan et met tous les moyens en œuvre (seize caméras et les meilleurs pour les utiliser) pour que le résultat soit luxueux – parfois même un peu trop. Et si, pendant “Sympathy for the Devil”, Jagger “oublie” la fameuse strophe “Who killed the Kennedys/When after all it was you and me”, ce n’est pas à cause d’un trou de mémoire, mais parce que l’ex-président Bill Clinton est dans la salle. Plus vraiment provocateur, Sir Mick, mais Shine a Light est évidemment une occasion rare de voir les Stones, ces dieux des stades, de très, très près. Magistral plan séquence final. 

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11 – Live From Austin, Texas – Stevie Ray Vaughan and Double Trouble (Sony Music Video) ★★★★ – 2009

L’un des plus grands bluesmen blanc, peut-être le plus sauvage, n’a même pas pu apprécier le résultat de ses meilleures performances scéniques lors de leurs sorties en vidéo. Live Alive, son premier témoignage audio en concert était un bricolage réalisé à partir de quatre dates retouchées en studio. Sorti cinq ans après sa mort dans un accident d’hélicoptère le 27 août 1990, puis réédité en DVD, Live From Austin, Texas est la preuve que Stevie Ray était grand, très grand. Il démontre surtout qu’une bonne captation d’une performance fiévreuse n’a besoin d’aucune retouche. Le Texan transpire, fait hurler sa Strat et grimace comme personne au cours d’une transe qui durera une heure. Après une telle décharge de blues survolté comprenant l’excellente reprise du “Voodoo Chile (Slight Return)” de Hendrix, on se sent forcément orphelin. Parce que personne ne jouait avec ses tripes comme SRV. 

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12 – Live – Rock and Roll Hall of Fame + Museum (Time Left / Import USA) ★★★1/2 – 2009

À l’occasion des 25 ans du Rock and Roll Hall of Fame, Time Life publiait un best of des meilleurs moments (de 1987 à 2004) de cette institution typiquement américaine. Neuf heures de programmes, dont une grande partie de prestations live en compagnie de tout ce que la planète rock compte de têtes couronnées : plus besoin d’aller fouiner sur le Net pour dénicher la version magique de “While My Guitar Gently Weeps” avec le solo de Prince, les starissimes duos d’un soir entre Mick Jagger et Tina Turner (“Honky Tonk Women”), Bruce Springsteen et Roy Orbison (“Oh Pretty Woman”) et autres grands moments live. Ce triple DVD (en zone 1 uniquement) nous offre un vertigineux flash-back à travers le temps avec ses morceaux de bravoure (AC/DC, Fleetwood Mac, R.E.M., etc.) et ses jams d’anthologie (“I Saw Her Standing There”, avec la terre entière). 

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13 – Live in London – Leonard Cohen (Sony Music Video) ★★★★ – 2009

En 2008, suite à quelques déboires financiers, Leonard Cohen repart sur les routes, histoire de raviver sa légende. À la clé, le rituel témoignage live enregistré à la 02 Arena de Londres. À la sortie de l’album, certains esprits chagrins avaient un peu calé sur les orchestrations (tendance eighties Bontempi) concoctées par les musiciens qui entourent le vieux barde. Mais en images, tout s’efface devant le charisme de Cohen, dont la présence illumine chaque seconde de ce show à la fois très émouvant et d’une perfection sans faille. On a droit, bien sûr, à tous les standards (“Suzanne”, “I’m Your Man”, “Take This Waltz”, “Sisters of Mercy” “Who by Fire”, etc.), bien sûr à “Halleluyah” et à “First We Take Manhattan”. Mais il y a surtout ce moment où le chanteur se glisse à nouveau dans la peau du poète pour déclamer le texte de “A Thousand Kisses Deep” : sans doute l’un des plus grands numéros de séduction qu’il ait été donné de voir sur scène.

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14 – Live at the Isle of Wight 1970 – The Who (Eagle Vision) ★★★1/2 – 2009

The Who au summum de son art. Le son, quoique remastérisé, reste roots, sans fioriture, mais l’énergie est impressionnante, et la prestation électrique à souhait. Il suffit de regarder la version extraordinaire de “Young Man Blues” (exhumée de la période mod’s au Marquee) pour avoir une idée de ce qui se passe ce soir-là. Des déluges de riffs, une basse en cavale, le meilleur batteur du monde et, par-dessus tout, un Daltrey survolté et vocalement intouchable. Visuellement, on se régale de revoir Keith Moon marteler ses fûts comme un fou et Townshend sauter comme un diable sur la scène. Outre Tommy, balancé furieusement, le dos au mur, le medley “Shakin’ All Over/Spoonful/Twist & Shout”, “Substitute”, “Magic Bus”, “My Generation”, “Summertime Blues” offrent un feu d’artifice final apocalyptique à ce concert entré dans la légende .

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15 – Live at the Checkerboard Lounge Chicago 1981 – Muddy Waters & The Rolling Stones (Eagle Vision) ★★★1/2 – 2012

La chose traînait (sur YouTube) depuis un bail… Alors autant officialiser les choses, pas vrai ? En 1981, donc, lors de leur tournée américaine, les Stones (enfin, plus précisément Keith, Mick, Ronnie et le pianiste Ian Stewart) rendent une petite visite à leur maître Muddy Waters, qui se produit au Chekerboard Lounge de Chicago. L’affaire ne tarde guère à tourner à la jam session, Mick, Keith puis Ronnie se frayant un chemin à travers le club pour rejoindre l’orchestre de Muddy sur un “Baby Please Don’t Go” gravement boogie. Suivent, entre autres, “Hoochie Coochie Man”, “Long Distance Call”, “Mannish Boy”, “Got My Mojo Working”, “One Eyed Woman” et une version brûlante de “Champagne & Reefer”. Si Muddy Waters est comme toujours impérial, les Stones, sortis de leur bulle dorée, affichent un véritable plaisir de jouer.

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16 – Farewell Tour I – Live from Melbourne – Eagles (Warner Home Video) ★★★★1/2 – 2013

On le sait, Eagles appartient à cette catégorie de groupes (souvent californiens) s’appliquant à restituer à quelques subtiles variations près, la perfection sonore de leurs disques (voir aussi Fleetwood Mac). Tout au long de ce (premier) Farewell Tour enregistré en Australie fin 2004, la démonstration est cinglante : harmonies vocales irréelles, guitares au cordeau, bordées de hits couvrant la totalité de leur carrière (plus quelques parenthèses solo pour satisfaire l’ego de chacun), de “The Long Run” à “Tequila Sunrise”, via “Take It Easy” et “Desperado”, sans oublier l’incontournable “Hotel California” et son chorus d’anthologie. Le tandem infernal, Henley/Frey, a ici le bon goût de lâcher la bride au débonnaire Joe Walsh, guitariste jubilatoire qui sème un salutaire grain de folie sur “Life in the Fast Lane” et autres “Funk #49”.

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17 – Let There Be Rock – Eric Dionysius & Eric Mistler (Warner Bros.) ★★★1/2 – 2016

Let There Be Rock

Bien sûr, ce n’est que de la nostalgie. Et à très haute dose, qui plus est. Parce que ce n’est pas pour sa “mise en scène” ou la qualité “technique” de ses images – même passées à la moulinette du remastering, du Blu-ray et tout le toutim – que Let There Be Rock fera naître quelque humidité dans les yeux des “vieux (hard) rockers”, replongeant pour l’occasion dans leur adolescence. D’évidence, il y aura pour ces mêmes “vieux” pas mal de soulagement à constater que leur attente n’aura pas été si vaine et que les souvenirs du film qu’ils s’étaient forgés ne sont pas trop abîmés. C’est peu dire en effet qu’ils ne l’espéraient plus, cette sortie en DVD, appelée à remplacer l’antique cassette VHS devenue aussi difficile à manipuler que le supposé saint suaire de Turin ! Les “p’tits jeunes”, eux, s’étonneront peut-être que l’on fasse tout un pataquès de ce concert du 9 décembre 1979 au Pavillon de Paris et de ses à-côtés ; s’amuseront tout juste du presque “amateurisme” d’alors en matière de concert et de concert filmé, malgré la présence de cette caméra mobile et aérienne quasi inédite à l’époque (on ne parlait pas encore tout à fait de luma à ce moment-là, coco !) ou du côté poupin des protagonistes – Angus et Malcolm Young, 24 et 26 ans à l’époque, en paraissent “facile” huit de moins –, voire de leurs improbables coupes de douilles – la palme revenant à Bon Scott, son gosier d’alors. Ainsi en allait-il à la fin des années 70 dans des salles de concert qui n’en avaient que le nom (et encore !) avec un groupe qui nous avait attrapés au cœur et aux tripes pour ne plus jamais les lâcher, précisément parce qu’il n’était pas comme les autres (sans la morve de ses collègues anglais ni le pragmatisme comptable de ses pairs américains – on verrait ça plus tard), atteignant ici son premier apogée six mois après la sortie de Highway to Hell. Quelques semaines plus tard (19 février 1980), Bon Scott succombe à une cuite de trop. Cette année-là, l’hiver dura plus longtemps que prévu. Dans nos cœurs et nos tripes en tout cas. 

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18 – Farewell Concert – Cream (Image Entertainment/BMG) ★★★ – 2017

Certes, la qualité des images et la façon de filmer laissent carrément à désirer. Mais l’objet a surtout valeur de document, les deux albums-concerts de Cream, postérieurs à la séparation, s’avérant pour le moins frustrants – tout comme la face live de l’album Wheels of Fire. En 1968, le supergroupe qui a atomisé le British Blues Boom donne son concert d’adieu au Royal Albert Hall. Les trois virtuoses associés (Ginger Baker, Jack Bruce, Eric Clapton) ferraillent comme jamais, de “Sunshine of Your Love” en “Spoonful” et de “White Room” en “Sitting On Top on the World”, fracassés dans un déluge de chorus hallucinés et de fûts démoniaquement martelés. Aux antipodes des pop songs acidulées de ses albums studio, le power trio nous offre une expérience subsonique dont la folie allait marquer durablement ses héritiers (plus ou moins) légitimes. 

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19 – Concert for George – Concert for George (Warner Home Video) ★★★★ – Remaster 2018

29 novembre 2002. Sous la direction d’Eric Clapton, les proches de George Harrison (Paul McCartney, Jeff Lynne, Ringo Starr, Billy Preston, Klaus Voormann, Tom Petty, Ravi et Anoushka Shankar, sans oublier son fils Dhani) lui rendent un ultime hommage au Royal Albert Hall. Après une première partie “indienne” dominée par Anoushka Shankar, un All Stars Band irréprochable prend possession de la scène pour revisiter les grands classiques, de “Taxman” à “Something”, en passant par “While My Guitar Gently Weeps”, “My Sweet Lord” ou “Here Comes the Sun”. Même les Monty Python, épaulés par Tom Hanks, sont au rendez-vous pour saluer la mémoire de l’ex-Beatle. Et l’on retient difficilement une larme lors du final, quand Joe Brown livre une version ultra-émouvante de “I’ll See You in My Dreams” sous une pluie de confettis multicolores.

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20 – Ladies & Gentlemen – The Rolling Stones (Eagle Vision) ★★★1/2 – 2019

Depuis que les Stones se sont (tardivement) décidés à ouvrir leurs archives pour en exhumer nombre de pépites oubliées, les rééditions, tant au format CD que DVD se succèdent à un rythme régulier. Après Get Yer Ya-Ya’s Out, Exile on Main Street, Some Girls et le documentaire Stones in Exile, c’est au tour du mythique film-concert Ladies and Gentlemen de bénéficier d’une sortie en DVD et Blu-ray. Autant dire du lourd, de l’énorme, de l’inavouable à même la table de mixage. En 1972, les Rolling Stones retournent aux États-Unis où ils n’ont pas joué depuis Altamont, trois ans auparavant. Mick Jagger et sa bande rayent judicieusement “Sympathy for the Devil” de leur répertoire. Cela n’empêche en rien la tournée d’être une orgie ambulante, dépravée et décadente, comme les fans nec plus ultra l’ont constaté, ébahis, dans le film maudit Cocksucker Blues. À l’époque, on jette les téléviseurs par la fenêtre, on se shoote à tour de bras, on sniffe des boas de cocaïne et on partouze en Learjet. Plus sagement, le cult movie Ladies and Gentlemen, qui compile quatre concerts donnés au Texas, fait l’objet d’une édition remastérisée d’après la pellicule originale et les bandes audio multipistes. À l’époque, les Stones sont plus sulfureux que jamais. Mick Jagger et Keith, tous deux dans leur 29e année, sont touchés par la grâce et ont le feu sacré, tout comme Bill Wyman, Charlie Watts et surtout le jeune Mick Taylor dont les doigts d’ange blond cisèlent des miracles guitaristiques, de Brown Sugar à Gimme Shelter. Les regards complices entre Jagger et Richards font plaisir à voir, et les morceaux de bravoure abondent, de “Dead Flowers” à “Love in Vain”, en passant par “Sweet Virginia” ou “All Down the Line”, en mode rouleau compresseur avec Billdozer Wyman et Mick Taylor slidant au firmament. Keith, lui, livre une version magistrale de son titre fétiche, “Happy”. Pièce de résistance de Ladies and Gentlemen, “Midnight Rambler” est historique et hystérique avec un Keith riffant à tout va et le fameux break effectué sous l’impulsion de Charlie Watts. Là encore, Mick Taylor, dont ce film marque définitivement le sacre, n’en déplaise à Ronnie, est flamboyant. Le tout se conclut sur un “Street Fighting Man” éblouissant avec un Keith Richards impérial. Si vous voulez savoir à quoi ressemblait alors “the greatestrock’n’roll band in the world… c’est ici.

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À propos : Rolling Stone

Créé à San Francisco en 1967, Rolling Stone est un magazine pop culture américain à dominante musicale aujourd’hui publié dans dix-huit pays. L’édition en langue française lancée en 1988 s’attache, comme l’édition américaine, à aborder aussi bien des thèmes d’actualité que des sujets de société. L’accent est cependant porté sur l’actualité culturelle avec une prédilection pour la musique.

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François
Acheteur-vendeur de produits high-tech d'occasion pendant une dizaine d'années avant de rejoindre Son-Vidéo.com en 2007, j'ai eu l'opportunité de tester nombre d'amplis, enceintes, casques, TV, vidéoprojecteurs et autres baladeurs... Passionné de films et de séries, de musique et de nouvelles technologies, j'affectionne particulièrement les univers de la TV, de la vidéoprojection et du home-cinéma. J'aime regarder des films en famille sur très grand écran, au cinéma ou à la maison, mais j'apprécie aussi d'écouter de la musique sur un bon système hi-fi, bien calé dans un fauteuil, ou en balade avec un casque sur les oreilles.

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