Aretha, le coffret définitif de la reine de la soul

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Depuis sa disparition en août 2018, Aretha Franklin a fait l’objet d’un large ensemble d’hommages discographiques, tous supports et formats confondus. Disponible le 27 août parallèlement à la sortie en salles du biopic Respect, le nouveau coffret 4 CDs Aretha et ses éditions 1 CD/2 LPs s’imposent désormais comme les anthologies définitives de l’éternelle Queen of Soul.

En hommage à l’éternelle Queen of Soul. ©Everett Collection Historical

Ces trois dernières années, quelques parutions notables sont venues rejoindre un des catalogues les plus stellaires de l’histoire de la musique populaire : en marge de compilations des titres les plus emblématiques de la discographie d’Aretha Franklin, les amateurs de vinyle ont pu bénéficier en 2019 des deux coffrets 45 tours The Atlantic Singles (1967 et 1968) et, dernièrement, de la première réédition LP d’Oh Me Oh My : Aretha Live In Philly, 1972 dans le cadre du Disquaire Day.

En complément de l’exceptionnel document filmé par Sydney Pollack, la ressortie augmentée en 2018 d’Amazing Grace, la mythique captation du concert gospel donné en janvier 1972 dans une église de Los Angeles, s’imposait comme la pièce maîtresse de cette sélection… jusqu’à la sortie de ce nouveau coffret.

Cinq heures de musique

Retardée de plusieurs mois en raison de la pandémie, l’anthologie Aretha est disponible sous plusieurs configurations : 81 titres et plus de cinq heures de musique réparties sur 4 CDs pour l’édition Deluxe ou 20 plages pour la version CD simple double-vinyle Aretha (Highlights from the Boxset) — soit une parfaite introduction au catalogue de la Lady Soul agrémentée d’inédits, de versions alternatives et de performances TV. Sous-titrés The Queen’s First Full Career Retrospective (la première rétrospective complète de la carrière de la Reine), ces volumes réunissent également pour la toute première fois les enregistrements d’Aretha Franklin sur les trois principaux labels ayant accompagné la carrière : Columbia, Atlantic et Arista, auxquels s’ajoutent quelques productions occasionnelles pour Def Jam Recordings, Checker, Warner Records et Qwest, l’enseigne de Quincy Jones.

81 titres et plus de cinq heures de musique réparties sur 4 CDs pour l’édition Deluxe ou 20 plages pour la version CD simple double-vinyle Aretha (Highlights from the Boxset).

Sommets inédits

Présenté dans un fourreau long box aux tons vintage, le packaging de l’édition 4 CDs est illustré par l’artiste Makeba Rainey et comprend un livret de 52 pages enrichi de clichés rares et rédigé par Rochelle Riley (auteur et Directeur du département Arts et Culture de la ville de Detroit) et le journaliste et auteur spécialisé David Nathan.

Le livret de 52 pages enrichi de clichés rares et rédigé par Rochelle Riley (auteur et Directeur du département Arts et Culture de la ville de Detroit) et le journaliste et auteur spécialisé David Nathan.

Parcourant les années 1956 à 1969, le premier CD retrace les débuts de carrière d’Aretha Franklin, des premières faces gospel pour J.V.B. Records à l’avénement de la Queen of Soul et ses premiers succès pour Atlantic Records. La reprise du chant traditionnel Never Grow Old, son tout premier enregistrement répertorié en 1956, anticipe un début de parcours infructueux en compagnie du Ray Bryant Combo, puis de ses premiers albums parus chez Columbia Records au mitan des années 1960. Les deux premiers titres inédits du coffret Aretha capturent la période transitoire entre l’insuccès de la période Columbia et le triomphe des années Atlantic avec deux maquettes enregistrées dans son domicile de Detroit, en préparation de l’album I Never Loved a Man (The Way I Love You) (1967). Empruntée à Frank Sinatra, My Kind of Town (Detroit Is) et une relecture swing de Try a Little Tenderness d’Otis Redding ont été miraculeusement retrouvées dans les archives d’Atlantic. Ces maquettes, consignées par l’époux-manager d’Aretha Franklin et destinées à Jerry Wexler, le producteur d’Atlantic Records, offrent une première plongée dans une copieuse offrande de versions alternatives se prolongeant avec le rare single britannique d’« (I Can’t Get No) Satisfaction », augmenté d’une piste supplémentaire de chœurs féminins. Aux côtés de ces raretés trône une sélection des hits sixties de Lady Soul, de Respect à Chain of Fools en passant par I Never Loved a Man (The Way I Love You) et Do Right Woman – Do Right Man.

Prises et reprises

Dédié à la première moitié des années 1970, le deuxième CD du coffret aborde la seconde phase du règne d’Aretha Franklin. Toujours épaulée par l’époustouflante section rythmique du mythique studio Muscle Shoals, la Queen of Soul continue de revisiter son héritage gospel, et de redynamiser les standards pop de l’époque («Let It Be» des Beatles et «Bridge Over Troubled Water» de Simon & Garfunkel en 1970), tout en explorant les possibilités du funk avec l’implacable Rock Steady, représenté dans la version alternative incluse dans l’album Rare & Unreleased Recordings From the Golden Reign of The Queen of Soul, publié en 2007 chez Rhino.

Au rayon alternatif, ce deuxième disque aligne une nouvelle série d’excavations miraculeuses : enregistrée à Miami en octobre 1969, Call Me (Alternate Version) propose un mixage plus avantageux des cordes, tandis que Young, Gifted and Black, la reprise du classique soul-gospel de Nina Simone, est présentée en version longue. Aretha Franklin s’invite ensuite sur le plateau du Tom Jones Show pour un medley expéditif d’It’s Not Unusual et de See Saw en compagnie du crooner gallois, avant de délivrer une des plus éclatantes révélations du coffret : la 20e prise de You’re All I Need to Get By, dans laquelle la Lady Soul illumine le succès du duo Marvin Gaye/Tammi Terrell de ses exceptionnels talents de claviériste. On retrouve également les pianismes soulful et jazzy d’Aretha Franklin dans une outtake de Brand New Me caractérisée par une approche vocale différente de celle retenue pour l’album Young, Gifted and Black (1972).

Performances iconiques

Si les hits se font plus rares au cours des années 1970, la sélection du troisième disque de cette anthologie constitue le point d’orgue du coffret Aretha : en marge d’extraits phares de ses derniers enregistrements pour le label Atlantic sous le parrainage de Curtis Mayfield, ce volume offre d’entrée une salve de six titres inédits de haute qualité. Dirigées par Quincy Jones en 1972, les séances de l’album Now Hey (The Other Side of the Sky) produisent un émouvant Somewhere, emprunté à West Side Story, l’uptempo The Boy From Bombay et la ballade Angel, ici capturée sous la forme d’un fascinant work in progress.

Cette série d’exception se poursuit avec les éblouissantes prises pianovoix de Til It’s Over et d’Oh Baby a.k.a There’s Something Magic About You, suivies d’une répétition live et laidback d’Until You Back to Me, une somptueuse composition de Stevie Wonder parue dans l’album Let Me in Your Life (1974). Un autre bonus de taille pour les fans de la chanteuse aux quatre octaves : la version studio inédite du You Light Up My Life de Debby Boone, enregistrée en 1978 et jusqu’ici uniquement disponible dans ses interprétations télévisées.

Joyau de la couronne

Essentiellement consacré aux duos et performances iconiques de la dernière partie de la carrière d’Aretha Franklin, le quatrième et dernier disque du coffret rassemble 18 sélections, à commencer son apparition remarquée dans The Blues Brothers (Think, 1980). Le CD4 couvre également la période Arista, avec les singles à succès Freeway of Love, Sisters Are Doin’ It For Themselves avec Eurythmics (1985) et I Know You Were Waiting (For Me), énorme succès international partagé avec George Michael en 1987. Ces triomphes tardifs complètent une généreuse somme de 81 titres, conclue par la bouleversante interprétation de (You Make Me Feel (Like a Natural Woman) face au couple Obama et à une Carole King émue aux larmes lors des Annual Kennedy Centers Honors, en décembre 2015. En alliant les titres incontournables et les plus précieux inédits d’un répertoire inégalé, le coffret Aretha constitue l’ultime joyau de la couronne de la Reine de la soul.

Par Christophe Geudin

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Lauriane
C’est tout droit sortie de la fac que j’ai embarqué dans l’aventure Son-Vidéo.com. Bercée par le monde de la hi-fi et du cinéma depuis ma plus tendre enfance, cet univers m’était familier. Alors j’y suis allée. Côté installation, j'ai choisi de jeter mon dévolu sur une paire d'enceintes compactes Q Acoustics 3030i montées sur leurs pieds dédiés, et épaulées par un ancien mais très bon ampli Kenwood KR-V7070.

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