Test Blu-ray : Cruella

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EN RÉSUMÉ

Même si elle ne constitue pas un remake, cette variation imaginaire sur ce qu’a pu être la jeunesse d’Estella Miller avant de devenir la cultissime Cruella d’Enfer des 101 dalmatiens est sans doute ce que les Studios Disney ont accompli de meilleur dans le registre des transpositions « live » de leur inépuisable patrimoine animé. D’abord parce que, toutes proportions gardées, il flotte comme un parfum de Joker sur la manière dont le film développe la métamorphose d’un personnage a priori sans histoires en machine de guerre vengeresse, au cours d’une intrigue raisonnablement équilibrée entre humour et tension. Ensuite parce que, dans des rôles d’ennemies jurées, les deux « Emma » se régalent avec un plaisir aussi manifeste que contagieux : Mademoiselle Stone en apprentie modiste d’abord intimidée, puis de plus en plus résolue à atteindre son véritable objectif ; et Madame Thompson, irrésistible d’autorité méprisante en impératrice de la Haute Couture dont le moindre haussement de sourcil équivaut à une morsure de cobra. Enfin, voire surtout, parce qu’on y admire un défilé ininterrompu de costumes parmi les plus étourdissants et imaginatifs jamais exposés sur un écran. Redevables à la créatrice oscarisée de la garde-robe barbare de Mad MaxFury Road Jenny Beavan, les quatre-vingts tenues principales arborées par les deux femmes (quarante-sept pour la première, trente-trois pour la seconde) déploient une orgie de tulle, de satin et de soie dont les découpes, les couleurs, les surplis, les accessoires et les audaces provoquent un éblouissement ininterrompu sans pour autant virer au délire « importable » comme on en voit trop souvent sur les podiums. Pour leur conceptrice, c’est après avoir convoqué ses propres souvenirs des années 70, écumé les friperies/marchés aux puces vintage de Londres, New York ou encore Los Angeles et s’être bien entendu immergée dans le scénario du film qu’ont jailli les esquisses de ce qui allait devenir les folles tenues du tandem vedette. Parmi elles, une cape blanche qui prend feu pour révéler une robe de gala rouge, ou encore une gigantesque jupe recouverte de quelque cinq mille pétales écarlates cousus un par un et surmontée d’une veste rose aux épaulettes ornées de chevaux et de chars miniatures. « Pour Cruella, mon mot d’ordre a été : ces deux-là se font la guerre« , explique Jenny Beavan. « Chaque costume devait donc jouer le rôle d’une arme. » Une guerre qui, on parie notre tee-shirt à 5 euros dessus, se soldera d’ici quelques mois par une victoire aux allures de statuette dorée.

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DU CÔTÉ DES BONUS

L’appareillage éditorial offre largement de quoi picorer, même si on aurait beaucoup aimé de quoi assouvir l’appétit de coulisses réellement informatives que la facture visuelle du spectacle appelle de toutes ses forces. Cela dit, malgré sa durée d’à peine onze minutes, le supplément le plus substantiel du lot ne démérite pas : en balayant la genèse du film et la manière dont les deux comédiennes principales ont endossé leurs rôles, il offre une agréable vue d’ensemble que complète idéalement un bref comparatif avec le classique animé de 1960. Parallèlement, on trouvera des modules plus convenus sur les personnages secondaires, les décors et les chiens (numériques comme réels), deux scènes inédites qui méritent le coup d’œil, un bêtisier et, bien entendu, un indispensable en dépit de sa brièveté gros plan sur les costumes.

AVIS TECHNIQUE

Le génie vestimentaire (et, à ne pas négliger, le luxe décoratif) du film est le principal bénéficiaire d’un transfert ultra piqué qui sublime les kilomètres d’étoffes, l’éventail de textures, les myriades de détails et l’inventivité chromatique réquisitionnés pour l’occasion. Moins tourneboulante mais irréprochable, l’acoustique générale donne son meilleur en VO (comme toujours chez l’éditeur, la VF est mixée à un niveau trop bas qui exige de monter le volume) où les ambiances, la musique et les quelques effets clairement multidirectionnels s’en donnent à cœur joie.

LE MOT DE LA FIN

Davantage que la foule de purs remakes « live » passés et à venir, la réussite de Cruella laisse entendre que c’est peut-être dans l’exercice du spin-off que la maison Disney recycle le mieux son prestigieux passé.

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