Les meilleurs documentaires musicaux à voir en boucle (partie 1)

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Mis à jour le 18 décembre 2023

Les Beatles, le Buena Vista Social Club, Kurt Cobain, les Rolling Stones, Amy Winehouse, Orelsan… nombreuses sont les stars de la pop culture ayant donné lieu à des documentaires musicaux cultes. Pour ce premier volet consacré aux pépites du genre, nous avons sélectionné 13 films-documentaires incontournables.

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Fatalement non exhaustive, notre sélection des meilleurs documentaires musicaux passe en revue quelques-uns des groupes de rock les plus iconiques, tout en élargissant le champ du côté de la salsa, du rap et de la soul.

À l’occasion de la sortie de la série documentaire The Beatles: Get Back de Peter Jackson, dont Son-Vidéo.com est partenaire, qui revient sur l’un des moments clés du Fab Four, retour sur quelques-uns des plus grands documentaires musicaux explorant de célèbres groupes de musique ou artistes.

The Beatles: Get Back, de Peter Jackson (2021)

Pas de doute, les Beatles sont bien au rock ce que Le Seigneur des Anneaux est à l’heroic fantasy. Le pape de la pop culture qu’incarne si bien Peter Jackson n’a évidemment pas choisi son sujet au hasard. Cette rencontre apparaît d’ailleurs comme une excellente nouvelle pour les inconditionnels du Fab Four. Le réalisateur brille en effet dès lors qu’il doit tisser un récit avec une masse colossale d’informations. Ce fut évidemment le cas avec la trilogie foisonnante écrite par Tolkien. Et cette capacité s’affirme de manière tout aussi éclatante au gré du montage exceptionnel d’innombrables rushs (60 heures d’images inédites, 150 heures audio !) utilisés pour la série documentaire The Beatles: Get Back.

The Beatles: Get Back affiche série
L’affiche du documentaire reprend un photogramme du concert de 42 minutes donné sur le toit de l’immeuble de Savile Row, le 30 janvier 1969. Culte, ce dernier apparaît in extenso dans The Beatles: Get Back.

Comme toujours, Peter Jackson esquive le format court ou l’ellipse (sa trilogie copieuse du Hobbit en témoigne). Et pour cause, les trois épisodes de la série durent en moyenne 2h30 pour une durée totale de 7h47. Il fallait sans doute au moins cela pour reconstituer avec une telle minutie les huit heures passées par John, Paul, George et Ringo dans l’intimité de leur studio en 1969.

Photogramme documentaire Get Back Beatles
Les séances de The Beatles: Get Back sont très prolifiques : le groupe répète et enregistre, outre toutes les chansons de Let It Be, la plupart de celles qui apparaîtront dans Abbey Road. Plusieurs morceaux figureront même sur les albums de Harrison, McCartney et Lennon après la séparation du groupe. – Copyright Walt Disney Studios Motion Pictures Germany

Entre génie et épuisement, inspiration et déclin, les quatres garçons dans le vent se retrouvent dans une sorte de loft – le Twickenham film studios et les studios d’Apple Corps – pour préparer un show télé. Un spectacle où ils doivent renouer avec l’effervescence du public, chose qui ne s’était pas produite pour eux depuis 1966. Tous ont la tête ailleurs sauf Paul McCartney, à l’initiative de ce concept aux origines sans doute de la téléréalité.

peter jackson documentaire beatles get back
Les fans ne s’attendaient peut-être pas à retrouver Peter Jackson aux manettes d’un documentaire musical. L’univers des Beatles se révèle pourtant un territoire auquel le style pointilliste du metteur en scène s’accorde à merveille. – Copyright The Walt Disney Company France

Par-dessous cet instant extraordinaire, on entend pourtant déjà le chant du cygne des Beatles (avril 1970) : Lennon, notamment, n’a plus d’yeux que pour Yoko Ono. Les Quatre Fabuleux n’ont jamais été aussi beaux et brillants, ni si proches de leur délitement. Une ambiguïté géniale qui fait de The Beatles: Get Back un documentaire exceptionnel et troublant, magnifié par les superbes plans captés par la caméra de Michael Lindsay-Hogg.

Allociné : 4,1/5
Télérama : 5/5
iMDb : 9,2/10

Disponible sur Disney +
Formats stéréo, 16/9

Sugar Man, de Malik Bendjelloul (2012)

Sugar Man prend son temps pour dévoiler son héros et c’est ce qui le rend si singulier et incontournable. Jouant sans cesse avec les zones d’ombres (anonymat du protagoniste central après des décennies de succès) et le suspense, le documentariste Malik Bendjelloul remet en perspective une histoire vertigineuse et poignante : celle d’un musicien de rock et de folk américain dont vous connaissez peut-être le nom, Sixto Rodriguez.

Affiche Sugar Man documentaire
Décédé brusquement en 2014, le réalisateur suédois Malik Bendjelloul a obtenu l’Oscar du meilleur film documentaire pour Sugar Man en 2013.

Prenant ses distances avec le documentaire musical classique, le réalisateur sublime un récit riche en rebondissements. À mesure que l’intrigue se rapproche de lui, le protagoniste central devient énigmatique voire mythologique. Sixto Rodriguez a-t-il seulement existé ? Entre enquête et polar social, Sugar Man brouille ainsi les pistes et sidère. Très engagé durant la décennie 1970, le chanteur américain fait figure de légende en Afrique du Sud. Sans le savoir, Sixto y est même devenu une icône anti-apartheid, véritable symbole pour les blancs libéraux.

Image Sugar Man documentaire Sixto Rodriguez Red Box Films
Redécouvert grâce au documentaire Sugar Man, Sixto Rodriguez, l’éminent musicien au centre du film, fut longtemps considéré comme disparu ou mort. – Copyright Red Box Films

Vous ne connaissez pas le personnage central dont il est question dans ce film ? Il apparaît alors d’autant plus essentiel pour vous de le visionner. Sans aucune complaisance et avec une économie de moyens qui fait tout le sel de Sugar Man, Malik Bendjelloul allie l’émotion à un montage d’une rare délicatesse. L’enthousiasme du réalisateur se transmet pleinement au spectateur, si bien que l’on n’écoute plus jamais par la suite le tube “Sugar Man” de la même façon.

Allociné : 4,4/5
Télérama : 4/5
iMDb : 8,2/10

Disponible en Blu-Ray, DVD, sur Canal VOD et UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Buena Vista Social Club, de Wim Wenders (1999)

Et si le cinéma pouvait changer l’histoire de la musique ? C’est en tout cas ce que prouve le film Buena Vista Social Club, documentaire culte de l’Allemand Wim Wenders (Les Ailes du Désir, Paris, Texas…). Grâce au long-métrage sorti en 1999, une bande de musiciens cubains oubliés et octogénaires accède brusquement à la célébrité : les “Super Abuelos” (super grands-pères), membres du “Buena Vista Social Club”, club légendaire de musiciens de Cuba.

affiche Buena Vista Social Club
En plus de présenter l’enregistrement de plusieurs morceaux à La Havane, Buena Vista Social Club permet également de découvrir des archives de concerts à Amsterdam et New York.

Grâce à Ry Cooder, compositeur auquel il doit les musiques de ses films Paris, Texas et The End of Violence, Wim Wenders découvre un enregistrement saisissant d’un groupe cubain, le « Buena Vista Social Club”. Il décide alors d’accompagner le compositeur dans un vieux studio de la Havane pour y rencontrer ses membres, qui acceptent de se confier entre leurs chansons. Le duo l’ignore encore mais il s’apprête à donner à cette bande de vétérans de la salsa et du guajira une seconde jeunesse. En découle un film documentaire acclamé par la critique et qui, en plus de redonner un visage à Cuba, remet la musique cubaine au premier plan.

Allociné : 4/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,6/10

Disponible en Blu-Ray, DVD et sur UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Metallica : Some Kind of Monster, de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky(2004)

Ce film tourné pendant la genèse de l’album « St. Anger » de Metallica se détourne des documentaires au schéma classique. Ce qui en fait une œuvre d’autant plus précieuse et originale.

affiche metallica some kind of monster
L’affiche originale du documentaire résume bien la situation tortueuse que doit affronter Metallica au moment de l’enregistrement de St. Anger.

Pendant deux ans, les réalisateurs Joe Berlinger et Bruce Sinofsky pénètrent ainsi l’intimité du groupe et ses démons. Les membres du groupe traversent alors une période charnière difficile, entre vie de famille houleuse et engagements professionnels pesants. Pire : le départ soudain de James Hetfield (chanteur et guitariste) en cure de désintoxication fragilise un peu plus l’équilibre difficile du groupe. Si bien que les Metallica se voient contraints de recourir à un psy.

Outre ces fascinantes fractures, Some Kind of Monster contient aussi des extraits de concert et de nombreux enregistrements de studios, dont la chanson inédite “Temptation”. – Copyright Paramount

Dès lors, le documentaire Metallica : Some Kind of Monster prend une tournure assez géniale. Une dynamique qui rappelle en filigrane le contrepoint d’une série de mafia comme les Soprano, où les règlements de compte basculent dans la névrose. Le batteur Lars Ulrich finit par exemple par se confier sur la lutte de pouvoir qui hante Metallica, plus précisément sur le besoin de contrôle permanent d’Hetfield. Some Kind of Monster électrise ainsi en même temps qu’il invite le fan ou le curieux à partager une inquiétante tranche de réel.

Allociné : 4,4/5
Inrocks : 5/5
iMDb : 7,4/10

Disponible sur Netflix, Some Kind of Monster a été diffusé en 2008 sur Arte sous le titre Metallica, dans l’intimité d’un monstre.
Aussi disponible en DVD et Blu-Ray
Formats stéréo, 16/9

À voir également : A Year and a Half in the Life of Metallica, d’Adam Dubin (1992)

Cobain : Montage of Heck, de Brett Morgen (2015)

Célébré aux festivals de Sundance et Berlin, Cobain : Montage of Heck prend ses distances avec la figure légendaire du leader de Nirvana. Loin de toute hagiographie, le documentaire choisit le chemin épineux des tourments de Kurt Cobain : ses angoisses et son addiction à l’héroïne, notamment.

kurt cobain montage of heck copyright arts alliance
Le film retrace la vie de Kurt Cobain, de sa naissance à son décès en passant par sa surexposition médiatique au sein du groupe Nirvana. Des témoignages de proches ponctuent le destin du chanteur – Copyright Arts Alliance

Dans cette œuvre à la fois sensible et oppressante – les premiers pas de sa fille Frances Bean Cobain ne se firent pas dans les conditions les plus saines qui soient -, le chanteur et guitariste renvoie une image moins monolithique, et étrangement plus humaine.

kurt cobain montage of heck père mai 1966
Les nombreuses images d’archives qui constellent le montage poétique de Cobain : Montage of Heck permettent d’appréhender la légende de Kurt Cobain à hauteur d’homme. Ici le père du chanteur en mai 1966. – Copyright Universal Pictures Germany

Les fans de Nirvana attendent toujours quelque part une réponse à l’énigme laissée par le destin tragique du groupe. Reste que Cobain : Montage of Heck élude toutes ces pistes pour mieux se concentrer sur le réel, dans l’intimité et sans complaisance. L’icône Kurt Cobain descend de son piédestal pour se présenter dans sa trivialité, entre ses colères, amours et dépendances. Belles et malaisantes, les scènes d’archives, souvent bercées par les titres phares de Nirvana, s’accompagnent aussi de séquences animées saisissantes. Un incontournable, que l’on apprécie ou pas l’illustre groupe de Seattle.

Allociné : 4,2/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,5/10

Disponible en Blu-Ray, DVD et sur Canal VOD ou encore UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Cocksucker Blues, de Robert Frank (1972)

Sulfureux et inclassable, Cocksucker Blues s’impose comme un OVNI du documentaire musical. Longtemps resté dans l’ombre avant sa redécouverte en 2008 (via des bootlegs postés sur YouTube), ce film de Robert Frank met en scène la tournée culte de 1972 des Rolling Stones. Jugée scandaleuse par ses libertés de ton, l’œuvre défraya la chronique à sa sortie, avant d’être immédiatement censurée.

cocksucker blues affiche documentaire robert frank
Outre les nombreux extraits de concerts tirés de cette tournée triomphale, la caméra de Robert Frank s’arrête avec langueur sur les scènes de backstage, dans Cocksucker Blues. 

Au-delà des images compromettantes (prise de drogues, saccage d’hôtel, groupies dénudées…), un sentiment inattendu émane des séquences, le plus souvent filmées caméra à l’épaule. On y aperçoit parfois Mick Jagger ou encore Keith Richards, souvent sujets à l’ennui ou à la fatigue, louvoyer sans but dans des chambres d’hôtels encombrées. Une image désenchantée à rebours du glamour, bien loin du sentiment de désinvolture et de fougue qui se dégageait alors de leurs performances scéniques. C’est précisément ce dérèglement qui fait de Cocksucker Blues un document si unique et stupéfiant.

YouTube player

Curieusement, une certaine poésie émerge aussi parfois au détour des débauches de Cocksucker Blues. Quelques moments d’anthologie montrent par exemple Keith Richards jouer du blues sur un piano. D’autres s’attardent sur le batteur Charlie Watts, qui reste le plus souvent en retrait des beuveries. Mais par-delà toutes les splendeurs et décadences des Stones, les meilleures scènes se déroulent en live. Il en va ainsi par exemple lorsque le groupe interprète les mythiques “Midnight Rambler” et “Brown Sugar”. Brut, dérangé et dérangeant, Cocksucker Blues illustre jusqu’à l’excès la quintessence du slogan sex drugs & rock’n roll.

Allociné : 3,4/5
iMDb : 7/10
Inrocks : 4/5

Disponible sur YouTube et de nombreuses plateformes vidéo
Formats mono, 4/3

À voir également du côté des Rolling Stones : Gimme Shelter, d’Albert Maysles, Charlotte Zwerin et David Maysles

Don’t Look Back, de D.A. Pennebaker (1965)

Son statut de légende, le documentaire musical Don’t Look Back le tire à la fois de sa forme avant-gardiste et des icônes de la contre-culture qu’il met en scène. En cette année 1965, Bob Dylan croise (ou invite) au cours de sa tournée mythique des musiciens légendaires. S’y entrecroisent ainsi Joan Baez, Donovan, Alan Price, Marianne Faithfull, ou encore le penseur de la beat generation Allen Ginsberg. Donn Alan Pennebaker, immense réalisateur de documentaires musicaux, capte ces instants d’anthologie avec fougue et génie.

don't look back affiche documentaire pennebaker
Plus magnétique et insaisissable que jamais dans Don’t Look Back, le “Rimbaud du rock” rivalise de charisme et d’arrogance, toujours prêt à séduire et rechercher la confrontation.

S’immisçant sur scène, le cinéaste parvient à retranscrire toute l’animalité des concerts. Tandis qu’une ambiance plus spirituelle se dégage lorsqu’il filme les artistes dans leur intimité. Plus que la tournée 1965 de Dylan, le cinéaste retrace aussi toute une époque. Un dispositif qui livre un témoignage éblouissant de l’histoire du rock. De par sa fougue et sa spontanéité, Don’t Look Back fait certainement figure de pierre angulaire dans l’histoire du documentaire musical.

Allociné : 4,2/5
iMDb : 8/10

Disponible en DVD
Formats mono, 4/3

Et aussi : No Direction Home et Rolling Thunder Revue, deux immenses docu sur Dylan signés Martin Scorsese

Montre jamais ça à personne, de Clément Cotentin et Christophe Offenstein (2021)

Cette mini-série consacrée à Orelsan dépoussière avec originalité l’exercice du documentaire musical. Enfantine et néanmoins sophistiquée, sa recette puise dans les archives personnelles désopilantes de la star. Découpé en six épisodes courts, Montre jamais ça à personne retrace la trajectoire du rappeur sur 20 ans avec sensibilité et humour.

orelsan montre jamais ça à personne série documentaire affiche
Avec ses milliers d’heures de rushs éparpillés sur 20 ans, Montre jamais ça à personne se révèle un portrait passionnant et touchant. Il s’agit aussi de l’histoire d’une bande de potes inséparables.

Clément Cotentin, petit frère d’Orelsan, n’a cessé de filmer (parfois à la dérobée) le parcours d’”Orel” depuis ses tout débuts. En découle une base de données documentaire colossale et géniale, qu’il monte ici en collaboration avec le réalisateur Christophe Offenstein (déjà co-réalisateur de Comment c’est loin en 2015 avec Orelsan). Depuis les soirées arrosées entre copains dans son appartement enfumé de Caen jusqu’aux salles de concerts parisiennes prestigieuses, l’itinéraire d’Orelsan apparaît haut en couleur. Au fil des épisodes, l’adolescent impétueux et fan de Jackass gagne en sagesse. Son écriture s’affirme. La spontanéité espiègle des premiers temps laisse place à des réflexions plus profondes, entre remises en question et doutes.

Image tirée du documentaire Montre jamais ça à personne Orelsan
En filmant ainsi Orelsan pendant vingt ans, son frère Clément Cotentin fut sans doute l’un des premiers à mesurer son talent, et le destin qui l’attendait – Copyright FR_tmdb

De bricolage en artisanat, le savoir-faire d’Orelsan et de ses comparses (Gringe, Ablaye, Skread…) finit même par relever d’un authentique professionnalisme – l’influence de Skread y semble pour beaucoup. “Success story” pas comme les autres, Montre jamais ça à personne révèle alors avec inspiration comment une personne comme les autres (ou presque), à force de travail, finit par quitter son canapé d’étudiant pour réaliser son rêve : se faire une place dans le monde du rap. Alors bien sûr, la caméra de Clément Cotentin vacille un peu et les plans pris sur le vif frisent parfois l’amateurisme. Mais tout cela permet justement de créer une atmosphère fascinante où la complicité des deux frères ressort avec tendresse. Ne serait-ce que pour cette connivence fraternelle, Montre jamais ça à personne mérite vraiment le détour.

Allociné : 4,5/5
Télérama : 4/5
iMDb : 8,5/10

Disponible sur Amazon Prime
Formats stéréo, 16/9

Dig !, d’Ondi Timoner (2005)

Peu importe que le spectateur de Dig ! connaisse de près ou de loin l’univers du rock américain indépendant du début des années 2000. Ce pré-requis n’est pas indispensable. Car son réalisateur Ondi Timoner, récompensé par le Grand prix du festival de Sundance 2004, réussit à créer un objet superbe (il figure dans la collection du MOMA de New York) à la narration passionnante.

affiche documentaire dig ondi timoner dandy warhols, brian jonestown massacre
Mention spéciale pour la figure la plus fascinante du documentaire Dig ! : le démiurge Anton Newcombe du groupe Brian Jonestown Massacre, aussi génial qu’autodestructeur.

Dans les faits, Dig ! dissèque les trajectoires de deux groupes de la scène indépendante américaine : les Brian Jonestown Massacre de San Francisco et les Dandy Warhols de Portland. Le premier va connaître une descente aux Enfers terrible, le second une ascension mouvementée. Sondant ces deux courbes plus ou moins inversées, Ondi Timoner creuse (Dig, tout est dans le titre) pour y faire apparaître tout ce qui fait le mythe de l’histoire du rock. Concerts ratés, musiciens renvoyés, lignes de coke sniffées… la caméra du cinéaste filme pendant sept ans une véritable odyssée, aux confins de la passion et de l’inimitié. Drôle, haletant et touchant, Dig ! bénéficie aussi d’une bande son exceptionnelle.

Allociné : 4,3/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,8/10

Disponible en DVD
Formats stéréo, 16/9

Marley, de Kevin Macdonald (2012)

Documentaire-fleuve (2h30), Marley tient davantage d’une anthologie best-of de l’idole reggae que d’une vraie plongée à travers ses secrets et subtilités. Aussi, les fans les plus savants de Bob Marley pourront regretter le manque d’aspérités du film. Il serait pourtant malvenu de ne percevoir à travers ce documentaire qu’une biographie timide.

affiche marley documentaire kevin macdonald
Même en flirtant avec l’hagiographie de par son manque de nuances et son académisme, Marley apparaît sans doute comme le meilleur documentaire réalisé sur Bob Marley.

Riche d’images d’archives et de témoignages foisonnants, Marley recèle même une enquête implacable et soignée. Chiche peut-être en réelles surprises, le film de Kevin Macdonald brille par ses éclairages sur le reggae, cette musique tout en échos et en contretemps.

image d'archives marley documentaire concert
Électrisant, le documentaire sait garder la tête froide face à l’écrasante légende qu’est Marley. Si bien que l’on découvre aussi l’individu qui se cache sous les dreadlocks. – Copyright Wild Side Films / Le Pacte

Qu’importe sa rigueur académique : le statut mythologique de Bob Marley se dessine au fil des séquences et c’est captivant. Les contradictions politiques du personnage, son austérité, ses infidélités… le réalisateur Kevin Macdonald remet en perspective chaque facette avec brio. La bande son s’avère évidemment vibrante et les images restaurées envoûtantes.

Allociné : 4,3/5 
Première : 4/5
iMDb : 7,9/10

Disponible en Blu-Ray, DVD et sur Canal VOD ou UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Amy, d’Asif Kapadia (2015)

Avec Amy, Asif Kapadia ne livre pas seulement un portrait empathique et didactique de la diva soul londonienne. Le réalisateur propose aussi une plongée tourmentée dans l’univers chaotique d’Amy Winehouse.

affiche amy documentaire winehouse
Plongée intime, Amy témoigne aussi de la quête d’intensité perpétuelle de la chanteuse, angoissée par l’ennui jusqu’à la peur panique.

De l’adolescente insoumise et résolue à sa descente aux enfers émaillée de cures de désintoxication, Asif Kapadia n’arrondit pas les angles. Amy apparaît ainsi d’une certaine manière comme une immersion cruelle dans l’intimité de la star. Le documentaire, toutefois, sait également compenser le tragique par une énergie vibrante. Tour à tour amusant, touchant, savant, le récit éblouit par sa polyphonie.

image tirée du documentaire Amy, signé Asif Kapadia
Amy est un documentaire musical exaltant se destinant aussi bien aux fans qu’aux profanes – Copyright 2015 PROKINO Filmverleih GmbH

L’une des dimensions les plus saisissantes d’Amy concerne sans doute la meute de journalistes qui traquait chacun de ses déplacements et les inondait de flashes. Amy Winehouse aura bel et bien été filmée presque incessamment durant sa courte existence. Une obsession qui aura hélas laissé des traces. Cette triste et passionnante histoire donne envie de réécouter ses deux albums studio en boucle.

Allociné : 4,1/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,8/10

Disponible en Blu-Ray, DVD, sur PremiereMax et UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Janis, d’Amy Berg (2016)

Quelques mois après la sortie du documentaire musical Amy, sortait Janis. La coïncidence apparaît d’autant plus étonnante que les destins des deux femmes, disparues toutes les deux à 27 ans, se télescopent à bien des égards. Leur déclin et les circonstances de leur mort (une overdose), notamment, concordent. Point d’opportunisme néanmoins de la part de la réalisatrice de Janis : l’effet miroir tient davantage du hasard.

affiche documentaire janis amy berg
La documentariste Amy Berg signe un portrait fascinant de Janis Joplin, revenant sur son enfance, ses ambitions de gloire et ses zones d’ombre.

La copie rendue par la cinéaste Amy Berg se révèle soignée, remplie de séquences live et d’entretiens. De quoi au crible la trajectoire d’une chanteuse tourbillonnante, touchante et impuissante face à ses démons.

Photogramme tiré du documentaire Janis, d'Amy Berg. Janis Joplin
Difficile en regardant le documentaire Janis de rester insensible à l’énergie des concerts de la chanteuse ni au drame qui fut le sien – Copyright Happiness Distribution

Le documentaire Janis oscille ainsi entre la puissance des performances publiques de la chanteuse, percutantes et joyeuses, et la souffrance tragique qui la hantait. Une douleur que sa voix unique traduisait avec émotion et brio. Aussi, Janis se révèle comme le portrait d’une époque. Celle du pop-rock psychédélique, dont Janis Joplin incarnait l’un des plus éminents symboles.

Première : 4/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,8/10

Disponible en Blu-Ray, DVD, sur Canal VOD et UniversCiné
Formats stéréo, 16/9

Spinal Tap, de Rob Reiner (1984)

Hilarant et très rigoureux sous ses faux airs de parodie absolue, Spinal Tap déconcerte et impredispose de tous les ingrédients qui font les grands documentaires musicaux (ascension, succès, décadence, chevelures et goûts vestimentaires douteux…). À une différence près : ce “rockumentaire” n’en est pas un. Il s’agit en effet d’un faux documentaire mais dont tous les dialogues relèvent de l’improvisation totale. Délibérément inclassable, Spinal Tap décroche néanmoins sa place dans notre sélection grâce à sa spontanéité ébouriffante.

Caricature tordante des groupes de rock des années 1970 et 1980, le documentaire suit la tournée américaine d’un groupe britannique fictif nommé Spinal Tap. 

Premier film de Rob Reiner (l’homme derrière Stand By Me, Quand Harry rencontre Sally ou encore Misery), cette farce totalement absurde explore tous les clichés possibles, non sans un certain génie. Multipliant les gags incessants et les dialogues improbables, Rob Reiner et sa bande signent une œuvre amusante. Certainement l’un des films les plus drôles des années 1980. La force de Rob Reiner, qui joue le réalisateur Marty Di Bergi, consiste à filmer avec un sérieux implacable les situations les plus truculentes. Ampli qui monte à 11, groupe qui se perd dans les couloirs menant à la scène… C’est délirant.

“Documenteur” culte, Spinal Tap passe au crible tous les poncifs de la rock-attitude, touchant du doigt ses contradictions et ses simulacres. Un must. – Copyright Embassy Pictures

Tout semble réel, et pourtant, Spinal Tap ment inlassablement et c’est virtuose. Par-dessous l’humour, se dissimule néanmoins une critique ouverte. Celle des codes éculés du star system, qu’il gravite autour du heavy ou non. Steven Tyler (Aerosmith) et The Edge (U2) en prendront par exemple pour leur grade, sans oublier AC/DC et Led Zeppelin. Devenu culte auprès de nombreux musiciens, Spinal Tap donnera lieu à des produits dérivés. Sans oublier, même, à une tournée du faux groupe Spinal Tap. Ou quand la réalité dépasse la fiction !

Les Inrocks : 4/5
Télérama : 4/5
iMDb : 7,9/10

Disponible en Blu-Ray, DVD et sur UniversCiné et LaCinetek
Formats stéréo, 16/9

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