Dans un monde où la technologie redéfinit constamment les limites de la créativité et de la production de contenus, l’intelligence artificielle (IA) marque une nouvelle ère dans l’industrie cinématographique, en particulier dans le domaine du doublage.

Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle s’invite dans nos intérieurs. Cela a commencé avec les enceintes connectées, par l’entremise des assistants vocaux Google Assistant et Alexa. Elle a ensuite pris en charge le traitement vidéo, et notamment l’upscaling, sur les téléviseurs UHD 4K et les TV 8K les plus haut de gamme. Révolution à la fois prometteuse et controversée, l’intelligence artificielle ouvre aujourd’hui des horizons inédits pour le doublage des voix au cinéma.
Préserver le timbre original des acteurs tout en adaptant les dialogues dans une multitude de langues devient possible, avec une synchronisation labiale parfaite. Cette innovation représente un avantage considérable pour le cinéma français et international, brisant la barrière de la langue et facilitant une diffusion globale sans précédent.
L’IA et le doublage cinématographique : une révolution en marche
À l’ère du numérique, l’intelligence artificielle (IA) redéfinit les contours de nombreuses industries, y compris le cinéma. Récemment, des avancées spectaculaires dans le domaine du doublage par IA ont suscité autant d’enthousiasme que de controverse.
Des films comme Fall et des projets documentaires innovants tels que The Andy Warhol Diaries sur Netflix, ont ouvert la voie à de nouvelles pratiques : le timbre de voix original d’un acteur peut non seulement être préservé, mais aussi adapté dans plusieurs langues. De plus, le mouvement des lèvres est modifié par l’IA pour être parfaitement synchronisé et s’adapter aux nouveaux mots prononcés, en utilisant le processus appelé Deep Fake.

Très prometteuse, cette prouesse technique condamne, à plus ou moins brève échéance, l’avenir du doublage traditionnel et du visionnage en version originale sous-titrée.
Il ne fait aucun doute que l’industrie cinématographique va s’en emparer, afin d’étendre la portée internationale des longs métrages sans en augmenter les coûts de production.

Une révolution technique et artistique
L’utilisation de l’IA pour le doublage transforme radicalement la façon dont les dialogues et les performances sont transposés d’une langue à l’autre. Des sociétés comme Flawless AI et Deephub sont à l’avant-garde de cette révolution. Les solutions qu’elles proposent veulent résoudre l’éternel défi de la synchronisation labiale et de la conservation des nuances émotionnelles et culturelles des performances originales.
Cependant, au-delà de l’aspect technique, cette technologie pose la question de l’intégrité artistique des œuvres ainsi doublées. La possibilité de modifier à volonté les dialogues et les expressions faciales des acteurs grâce à l’IA interroge également sur la fidélité de ces œuvres à leur vision originale.
Les partisans de l’IA louent la possibilité pour les spectateurs de voir les acteurs et actrices s’exprimer de manière naturelle, avec leur propre timbre de voix, dans n’importe quelle langue. Leurs opposants dénoncent les possibilités de faire jouer et dire n’importe quoi à n’importe quel acteur, avec le risque qu’il n’ait pas son mot à dire.

Qu’en sera-t-il également du doublage des films d’animation qui capitalisent sur les voix des stars ? Fera-t-on bientôt appel à des banques de voix célèbres pour déclamer les lignes de dialogues, sans que l’artiste se déplace en studio ? Pourrons-nous supporter de ne plus entendre les voix de Philippe Peythieu et Véronique Augereau en voyant Homer et Marge à l’écran ? C’est peu probable car ce sont sans doute les voix de doublage des Simpsons les plus célèbres, adoubées par le créateur de la série himself !
Des enjeux socio-économiques et culturels profonds
Le Québec et la France, avec leur riche tradition de doublage, se trouvent particulièrement concernés par ces développements. Ce pan de l’industrie cinématographique qui contribue de manière significative à l’identité culturelle québécoise et soutient de nombreux emplois, se voit menacé d’extinction par l’adoption généralisée du doublage IA. Les inquiétudes exprimées par l’Union des artistes (UDA) et les professionnels du secteur mettent en lumière les risques potentiels d’une telle évolution : perte d’emplois, érosion de la diversité culturelle et linguistique, et questions éthiques autour de l’utilisation de la voix et de l’image des acteurs.

En France aussi, la perspective de voir se généraliser le recours à l’IA pour le doublage inquiète. « Plus personne devant ce micro. Voici ce qui pourrait arriver aux comédiens de la voix off et du doublage ainsi qu’aux acteurs des autres secteurs si l’IA n’est pas cadrée par des lois« , lançait ainsi Jean Dujardin sur son compte Instagram en mai 2023, en marge du Festival de Cannes. Dans l’hexagone, ce sont en effet pas moins de 7 000 comédiens et comédiennes qui pourraient, à très court terme, se voir dépossédés d’une part de leur activité professionnelle.
Pourtant, le cinéma français, et plus largement, le cinéma mondial, hors Hollywood, a tout à y gagner : les films deviendront plus faciles à distribuer à travers le monde, permettant de contrebalancer l’hégémonie du cinéma américain. De plus, en abolissant ainsi la barrière de la langue, on favorise l’ouverture culturelle, en permettant à des millions de spectateurs de découvrir plus facilement de nouveaux univers cinématographiques.
Vers un nouvel équilibre ?
L’intégration de l’IA dans le doublage cinématographique n’est pas seulement une prouesse technique; c’est une porte ouverte vers une plus grande ouverture culturelle. En démocratisant l’accès aux films de toutes origines, elle invite à une exploration sans limite de diversités narratives et esthétiques, contribuant à un enrichissement culturel mutuel. Cette évolution promet non seulement de contrebalancer l’hégémonie du cinéma américain mais aussi de tisser des liens plus forts entre les peuples à travers le septième art. Et pourquoi pas de redécouvrir un jour Titanic en Breton ou en Basque !?
Sources :
Lapresse.ca
https://www.lapresse.ca/cinema/2023-04-07/intelligence-artificielle/est-ce-la-fin-du-doublage.php
Marianne.net
https://www.marianne.net/culture/cinema/7-000-emplois-menaces-les-doubleurs-francais-se-battent-deja-pour-sauver-leur-boulot-face-a-lia












Vivement que cette mode (lancée par de gros industriels) s’essouffle. Les résultats actuels et même futurs de l’IA en image, son et texte sont toujours fades et non pas de « matière » car la machine ne donne aucun sens. Cela tient au fait que la machine « IA » puise sont contenu du net (qui est loin d’être aussi riche qu’on le dit – beaucoup de répétitions de données) et qu’il ne fait que répéter ce contenu déjà répété par une suite de mots, de pixels ou de sons par rapport à des statistiques ! C’est niveau d’un perroquet et, en plus, froid comme un glaçon. Ca bluffe quelques secondes, ensuite on a une sensation étrange ou de malaise par rapport au production IA et on découvre que c’est de la m….
Le deep fake pour créer de nouveaux mouvements de lèvres ne pourra jamais reproduire le travail de l’opérateur image; on verra automatiquement des artefacts. Sans parler des nuances de l’acteur par sa diction propre qui ne pourront être reproduit.
Et que dire du coût en énergie monstrueux et dépassant le coût du streaming.
On verra qu’un humain est bien plus performant et moins cher.
Ca fera pshitt comme la 3D où tout le monde parlait de révolution.
Bref, prout industriel (bien marqueté) à oublier.
Cette analyse me laisse perplexe. On peut arriver au même résultat par le travail de l’humain et un apport artistique bien meilleur. J’attend de voir des mangas japonais localisés en français. Ou des dessins animés américains qui en VO sont tout simplement en dessous de l’image parce que les dialogues sont enregistrés avant l’élaboration des images. Le fait d’enregistrer le français sur les images finales conduit à une qualité supérieure à l’original. Une IA va se contenter de l’original comme base de travail et c’est là que ça le bas blesse, la qualité en sera plus dégueulasse.
C’est formidable ! Et puis réjouissons-nous également du fait que les auteurs d’articles de blogs et de journaux seront eux aussi bientôt remplacés par l’IA générative. De même que les rédac’ chef/fe/s, les webmasters, les gestionnaires réseaux, … On va pouvoir rester vautrés sur nos canap’ à contempler le train de notre civilisation dont on aura laissé les clés à l’IA aller enfin s’écraser sur le mur à pleine vitesse. En attendant, je retourne boire mon café. Tiens, d’ailleurs, a-t-il été torréfié par une IA ? J’ignore de le savoir…
Il paraîtrait même que le physique et le jeu des acteurs peuvent être modélisés par IA, de sorte qu’en théorie on peut réaliser aujourd’hui un film avec n’importe quel casting comprenant même des acteurs/actrices décédé.e.s ! Une sorte de Jurassic Parc avec tous les monstres sacrés du grand écran acceptant de jouer n’importe quels rôles tout en conservant leurs mimiques et leur style… 🙂