Nous avons aimé
- La qualité de conception
- La capacité en courant hors normes
- La restitution chaleureuse et naturelle
- La médium riche et très présent
Nous aurions aimé
- Un port USB-B à la place du micro USB
- Des entrées phono et XLR
- Une application mobile en français
- Un récepteur Bluetooth plus qualitatif
L’avis de notre expert
Avec l’ampli Tonewinner AD-86D, la marque chinoise signe un véritable coup de force sur le marché de la hi-fi en proposant un amplificateur en pure classe A puissant, généreusement équipé et étonnamment abordable au regard de ses prestations. À l’écoute, les performances sont à la hauteur des promesses techniques : grave profond et maîtrisé, médium richement texturé, aigus précis et soyeux, le tout soutenu par une scène sonore large et bien construite. Grâce à une capacité en courant hors normes, le Tonewinner AD-86D parvient à concilier raffinement et énergie, pour une écoute aussi vivante qu’engageante.
Certes, il faudra composer avec quelques concessions : un DAC un peu daté, un port micro-USB vieillissant, et une application mobile uniquement disponible en chinois. Mais ces défauts restent mineurs face à la qualité de fabrication, la puissance embarquée et surtout la musicalité remarquable de l’ensemble. Au final, le Tonewinner AD-86D est bien plus qu’un outsider audacieux et s'impose comme l’un des meilleurs rapports qualité/prix actuels dans la catégorie des amplis stéréo puissants en pure classe A.
Modèle cœur de gamme du constructeur asiatique, le Tonewinner AD-86D affiche des spécifications dignes de références bien plus onéreuses. Pour 1 090 €, cet imposant intégré stéréo de près de 19 kg promet une puissance musclée de 2 x 120 W RMS sous 8 ohms en pure classe A, une alimentation surdimensionnée, un DAC complet avec Bluetooth, USB et même HDMI ARC. Sur le papier, il a tout pour rivaliser avec des amplis de renom. Mais est-il capable de s’imposer face aux ténors du secteur ? Verdict après plusieurs semaines d’écoute.

Présentation
Un ampli taillé comme un tank
Dès le déballage, le Tonewinner AD-86D impressionne. Il affiche des dimensions généreuses (44 cm de large, 45 cm de profondeur pour 16 cm de haut) et surtout un poids conséquent de plus de 18 kg. Celui-ci témoigne de la présence d’un gros transformateur toroïdal de 400 VA et d’une alimentation musclée. La fabrication inspire immédiatement confiance, avec un châssis en aluminium massif orné de larges dissipateurs thermiques avec ailettes métalliques sur les flancs. Le tout repose sur des pieds amortissants assurant une parfaite stabilité mécanique à l’appareil.

Le design du Tonewinner AD-86D reste fidèle à l’esthétique sobre et robuste de la marque asiatique. La façade intègre trois boutons physiques : l’interrupteur principal, une touche lecture/pause pour la lecture USB ou Bluetooth (qui fait office de mute avec les autres sources), et un large potentiomètre de volume en métal. Ce dernier offre un ajustement précis par incrément de 0,5 dB. La sensation en main est agréable, même si nous aurions préféré un modèle silencieux, sans cliquetis à chaque rotation. Multifonction, ce potentiomètre permet, à partir d’un appui prolongé, d’accéder aux menus internes de l’ampli pour sélectionner la source, ajuster la balance, régler les graves et les aigus ou encore configurer la mise en veille automatique (timer). Un léger temps d’adaptation pourra être nécessaire pour bien saisir le fonctionnement de ce bouton multifonction. À l’usage, des commandes dédiées supplémentaires auraient rendu l’ensemble plus intuitif et immédiat au détriment de la sobriété en façade. Toutes les informations sont affichées sur le grand écran situé au centre de la façade. Clair et bien lisible, il indique pendant l’écoute la source active et le niveau de volume, tout en facilitant les réglages.

Le Tonewinner AD-86D peut être piloté à distance grâce à sa télécommande infrarouge fournie. Compacte et bien conçue, elle arbore un châssis en aluminium qui assure une prise en main agréable et inspire la qualité. Elle donne accès à l’ensemble des fonctions essentielles : réglage du volume, navigation entre les pistes, sélection des sources, égalisation, etc. Sa bonne directivité garantit un usage fluide même sans viser précisément l’ampli. Le fabricant propose également une application mobile pour iOS et Android qui permet de contrôler l’ampli via le Bluetooth. Malheureusement, celle-ci n’est pour l’instant disponible qu’en chinois, la rendant difficilement exploitable pour la plupart des utilisateurs. Dommage puisqu’il s’agit du principal moyen de gestion des fichiers stockés sur USB ou carte SD.

Forte puissance en classe A
Le Tonewinner AD-86D adopte une section d’amplification en pure classe A, une architecture audio généralement réservée aux modèles les plus prestigieux. Grâce à l’utilisation de huit transistors Toshiba et neuf amplis opérationnels Texas Instruments, le fabricant promet une puissance très généreuse de 2 x 120 watts RMS sous 8 ohms et de 2 x 250 watts sous 4 ohms. Contrairement à de nombreux amplificateurs qui n’opèrent en classe A que sur les premiers watts avant de basculer en classe AB pour éviter la surchauffe, le Tonewinner AD-86D maintient une polarisation continue des transistors de sortie, permettant une reproduction totalement linéaire, quel que soit le niveau d’écoute. Cela implique que les transistors restent constamment conducteurs, évitant toute distorsion de croisement au moment du passage du signal d’un transistor à l’autre. Résultat : une distorsion harmonique extrêmement faible, une transparence accrue et une stabilité sonore remarquable.

Pour alimenter cette topologie particulièrement énergivore, le Tonewinner AD-86D mise sur une alimentation surdimensionnée, reposant sur un énorme transformateur toroïdal blindé occupant une large portion de l’intérieur du châssis. Il est secondé par de nombreux condensateurs de filtrage, disposés symétriquement pour une meilleure répartition thermique et une stabilité optimale des tensions. Cet ensemble permet de porter la capacité en courant à plus de 57 400 μF, soit un niveau bien supérieur à de nombreux amplis home-cinéma multicanaux. Le Tonewinner AD-86D garantit ainsi une reproduction énergique et un grave solide, même avec les plus exigeantes des enceintes.

Naturellement, une amplification en classe A de cette ampleur génère beaucoup de chaleur. C’est pourquoi le constructeur a équipé l’ampli de radiateurs massifs, associés à une circulation d’air optimisée à l’intérieur du boîtier. Lors d’une écoute prolongée à fort volume, l’ampli chauffe sensiblement, mais reste dans des limites parfaitement maîtrisées, sans recours à un ventilateur actif et donc sans bruit parasite.
Connectique complète
L’ampli Tonewinner AD-86D soigne également la polyvalence de sa connectique, avec un large éventail d’entrées et de sorties capables d’accueillir aussi bien des sources analogiques traditionnelles que numériques. Il propose ainsi trois entrées RCA, autant d’entrées coaxiales et une entrée optique pour la connexion d’un lecteur CD, d’une platine vinyle pré-amplifiée ou encore d’un lecteur réseau. À cela s’ajoute un port HDMI ARC pour récupérer directement le son d’un téléviseur compatible. Le Tonewinner AD-86D peut également faire office de DAC USB grâce à une entrée dédiée pour relier un ordinateur, un smartphone ou une tablette. On regrette toutefois que ce port soit au format micro-USB, un standard devenu obsolète, plus fragile, et dont les câbles de qualité sont aujourd’hui difficiles à trouver. L’ampli propose aussi une entrée AMP IN, permettant de l’utiliser comme ampli de puissance, ainsi qu’un PRE-IN, utile pour le relier à un préampli externe. Enfin, deux sorties subwoofer permettent de connecter un ou deux caissons de basses. On peut cependant regretter l’absence d’une entrée phono et symétrique XLR, même s’il est difficile d’en demander plus pour un ampli à moins de 1100 €/.

Note de l’expert : Si l’ampli Tonewinner AD-86D accepte les câbles nus, il est souvent préférable d’opter pour des fiches bananes ou des fourches pour brancher vos enceintes. Leur rôle est double : assurer un meilleur contact électrique et faciliter la mise en œuvre.
L’ampli Tonewinner AD-86D permet également la lecture des contenus stockés sur une carte SD ou une clé USB. La capacité de stockage est toutefois limitée à 128 Go, une contrainte qui peut rapidement se faire sentir si l’on souhaite y stocker de nombreux fichiers en haute résolution. Son DAC assure alors la prise en charge de nombreux formats tels que l’APE, FLAC, WAV, MP3, WMA jusqu’à une résolution de 24 bits / 192 kHz. Les fichiers DSD sont également compatibles jusqu’au DSD128. La conversion est confiée à un DAC Analog Devices AD1955 réputé, mais relativement ancien. Son travail reste dans l’ensemble correct, notamment pour la TV. Les utilisateurs les plus sensibles trouveront tout de même intérêt à passer sur un DAC externe de qualité supérieure (spécialement les modèles avec double puce) pour tirer le maximum des fichiers Hi-Res et exploiter tout le potentiel de l’ampli.

Récepteur Bluetooth
En plus de sa connectique complète, l’ampli Tonewinner AD-86D intègre un récepteur Bluetooth facilitant l’écoute de la musique sans fil à partir d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur. Avec une portée annoncée de 15 m, on profite d’une assez grande liberté de mouvement autour de l’ampli sans que la musique ne se coupe. La compatibilité se limite toutefois au codec SBC, ce qui reste fonctionnel, mais loin de la qualité offerte par les codecs aptX ou LDAC, ici absents.

Mise en œuvre
Une fois l’ampli Tonewinner AD-86D en place, le branchement des enceintes se fait grâce aux borniers à vis de bonne qualité, compatibles avec les fiches bananes, les fourches et les câbles de forte section. Pour ce test, nous y avons associé un vaste panel de modèles, des petites enceintes bibliothèque jusqu’aux colonnes avec haut-parleur de grave de 30 cm. Dans toutes les configurations, l’ampli a su conserver une maîtrise totale. La lecture s’est effectuée à partir du lecteur réseau Eversolo DMP-A6 Gen 2, ainsi qu’un lecteur CD relié en optique, puis un téléviseur en HDMI ARC.
À noter que le Tonewinner AD-86D nécessite un temps de rodage pour exprimer pleinement tout son potentiel musical. Sur les premières heures d’écoute, il peut sembler un peu froid et retenu dans le médium, avec une scène sonore encore étriquée et des aigus manquant de naturel. Une restitution technique, mais sans véritable émotion. Après quelques dizaines d’heures de fonctionnement, la transformation est frappante. L’ampli s’ouvre, gagne en équilibre et en richesse. C’est l’un des rares amplis testés où le changement de personnalité après rodage est aussi marqué. Un véritable avant/après qui justifie de ne pas tirer de conclusions trop hâtives lors des premières écoutes.

Impressions d’écoute
Une fois correctement rodé, le Tonewinner AD-86D offre une restitution d’une grande fluidité, sans aucune dureté, même à haut niveau. Les attaques sont franches, le grave parfaitement tenu et les aigus détaillés sans être stridents. La très forte capacité en courant permet à cet ampli de conserver une dynamique constante pour alimenter sans faiblir des enceintes gourmandes ou à faible rendement, là où d’autres s’essouffleraient. Il conserve une cohérence tonale et une énergie constante, quelle que soit la complexité du morceau ou le niveau d’écoute.

Sur plusieurs albums de The Weeknd, le Tonewinner AD-86D descend très bas, avec une assise solide et profonde, sans jamais tomber dans l’excès. Les basses sont très bien tenues, précises et parfaitement contrôlées, même à fort volume, où l’on ne perçoit ni tassement ni traînage, signe d’une alimentation bien dimensionnée. Sur des morceaux plus feutrés comme Royals de Lorde ou No Sanctuary Here de Chris Jones, le registre grave conserve autorité et impact, tout en faisant preuve d’une articulation exemplaire. Chaque frappe de batterie, chaque résonance de contrebasse est restituée avec justesse et nuance, sans lourdeur ni débordement.

Le Tonewinner AD-86D met délibérément l’accent sur le médium qui est riche, bien articulé et reproduit avec une douceur particulièrement agréable. Les voix se détachent avec naturel, portées par des textures finement dessinées. Sur des enregistrements acoustiques ou des performances intimistes, comme l’album Home de Rhye, l’ampli parvient à instaurer une véritable proximité émotionnelle avec l’interprète. La voix éthérée du chanteur prend corps avec délicatesse et sensualité, tout en conservant une belle transparence. Chaque inflexion, chaque souffle, chaque vibration vocale est restitué avec une précision feutrée, sublimée par un grain suave et envoûtant. Cette onctuosité du médium se prolonge dans les aigus qui héritent de la même fluidité sans perdre en définition.
Tonewinner AD-86D vs NAD C389
Légèrement plus cher (1 399 €), l’ampli NAD C389 offre jusqu’à 2 x 130 W sous 4 et 8 ohms grâce à son amplification numérique hybride Hypex Ncore. À l’écoute, il se montre plus analytique, avec une clarté accrue et une neutralité plus prononcée. Grâce à son format plus compact et son échauffement limité, il s’installe plus facilement dans un meuble hi-fi. Le Tonewinner AD-86D offre cependant une écoute plus émotionnelle et chaleureuse.
À qui s’adresse cet ampli ?
Le Tonewinner AD-86D constitue une excellente porte d’entrée pour goûter à la richesse harmonique et à la musicalité distinctive de la classe A tout en conservant un tarif accessible. Sa forte puissance et sa capacité en courant généreuse lui permettent d’alimenter efficacement tout type d’enceintes, y compris les modèles les plus exigeants dotés de grands haut-parleurs de grave. Il séduira autant les amateurs de sonorité chaleureuse, pleine et texturée, que les passionnés de musiques dynamiques, grâce à une réactivité sans faille et une maîtrise exemplaire sur l’ensemble du spectre. Cependant, c’est un très gros bébé de 19 kg, qui chauffe et nécessite de l’espace. On lui réservera donc une place de choix.

FAQ – Questions fréquentes
Oui, comme tout ampli fonctionnant en pure classe A, il dégage une chaleur notable. Il est conseillé de lui réserver un espace aéré avec plusieurs centimètres de dégagement sur les côtés et au-dessus pour éviter toute surchauffe et garantir un fonctionnement optimal.
Absolument. L’ampli dispose de deux sorties Subwoofer (RCA) permettant de connecter un ou deux caissons actifs pour renforcer l’assise dans le grave.
L’ampli ne possède pas d’entrée phono intégrée. Pour une platine vinyle, il faudra utiliser un préampli phono externe ou une platine équipée d’un préampli intégré.
Oui, grâce à son entrée AMP IN, le Tonewinner AD-86D peut être employé uniquement comme ampli de puissance associé à un préamplificateur externe ou un ampli home-cinéma.
Oui, grâce au protocole CEC, le volume de l’ampli peut être ajusté directement avec la télécommande du téléviseur associé.
Comme tout ampli en pure classe A, la consommation reste élevée, même à bas volume. En moyenne, nous avons mesuré une consommation de 180 W.
Oui, grâce à sa forte capacité en courant, il peut alimenter aussi bien de petites bibliothèques que des colonnes exigeantes avec grands woofers, tout en gardant un grave ferme et maîtrisé.











Bonjour,
Possédant un marantz pm6007, j’étais parti pour monter en gamme sur un model 50 voir un 40n (dont la partie réseau de ce dernier ne m’intéresse pas)
Mais cet ampli m’intrigue par sa puissance et sa restitution visiblement riche et chaleureuse.
Vous dites qu’il chauffe et consomme beaucoup, 180W en moyenne. Sur sa fiche technique le pm6007 consomme 155 W donc cela ne me parait pas non plus délirant.
Toutefois le conseillez vous pour des écoutes longues ?
cordialement
Le Tonewinner AD-86D offre effectivement une restitution puissante, dense et chaleureuse, avec un grave bien tenu et une belle musicalité. Sa consommation un peu plus élevée reste tout à fait normale pour un ampli en classe A. Vous allez gagner en dynamique, en impact dans le grave et en équilibre. Il chauffera plus que le Marantz PM6007, mais sa montée en température se stabilise rapidement grâce à un bon dégagement thermique. S’il est installé dans un espace suffisamment ventilé, vous pourrez l’utiliser des heures sans risque d’échauffement. Durant le test, nous l’avons parfois allumé toute la journée sans remarquer de surchauffe anormale.
Pourquoi l’avoir comparé à un Nad de classe D plutôt qu’à un Rega Brio qui coûte le même prix ? Si la comparaison ridiculise le Rega, il faut pas hésiter à le signaler !
Face à un Rega Brio, le Tonewinner se montre plus puissant, plus dynamique et avec un grave plus ferme, tout en restant fluide et musical. Le Rega conserve toutefois un médium très expressif et une signature plus “british”, plus douce. Dans l’ensemble, le Tonewinner AD-86D en offre davantage en matière d’ampleur et de polyvalence à tarif équivalent. Par ailleurs, on pourra lui associer de nombreuses enceintes, là où le Rega est limité aux modèles de bonne sensibilité.
Soit cet appareil délivre bien 2x120W dans 8ohms mais il ne s’agit pas d’un « pure classe A » mais d’un AB, soit il fonctionne bien en classe A mais sort des watts purement imaginaires.
Bjr,
Il sortirait 120w en classe A, j’ai un fort doute sur cette information !
Que ce soit les 10, 15 ou 20 premier watt pourquoi pas mais la 120w avec un transfo de 400 va !!
Bonjour. Comment cet appareil arrive à sortir 2x250W en 4 ohms avec un transfo de 400VA?