Douglas Trumbull, cinéaste légendaire et pionnier dans le domaine des effets spéciaux, est convaincu que la fréquence d’images élevée est la « prochaine frontière du cinéma ». Serait-ce la réponse à la baisse de fréquentation des salles de cinéma ?

Trumbull, qui est surtout connu pour avoir créé les effets spéciaux du film 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, estime que Hollywood devra adopter définitivement cette technologie si elle veut inciter les gens à délaisser les services de streaming pour retourner dans les salles de cinéma. Dans une interview accordée à RedSharkNews, le réalisateur, producteur et scénariste a affirmé que le HFR permettait d’offrir aux spectateurs une « expérience hors-corps intense [qui] dépasse les limites de l’écran de télévision et devient totalement immersive ».
Le technicien a apporté tout son soutien à la création d’une nouvelle technologie de fréquence d’images élevée appelée Magi qui permet d’enregistrer des images en résolution 4K, en 3D stéréo et à des fréquences d’images allant jusqu’à 160 images par seconde. Pour donner un ordre d’idée, la plupart des films modernes utilisent la fréquence standard de 24 images par seconde. Les réalisateurs d’Hollywood ont commencé à utiliser le HFR, mais pour l’instant, nous n’en sommes qu’au début de cette technologie. Les films les plus médiatisés à ce jour sont la trilogie Le Hobbit de Peter Jackson (48 ips) et Gemini Man d’Ang Lee (120 ips).

Les fréquences d’images élevées sont censées offrir aux spectateurs les images les plus vivantes et les plus réalistes. Mais si cette technologie convient au visionnage des programmes sportifs, certains critiques affirment que la suppression du flou de mouvement cinématographique donne aux films à fréquence d’images élevée un aspect trop proche des jeux vidéo. Le réalisateur James Cameron, a récemment qualifié la fréquence de 120 images par seconde de « distrayante ».
La solution, selon Douglas Trumbull, consisterait à donner aux images numériques HFR un rendu similaire à celui des pellicules. À cette fin, le format Magi introduit un « vacillement » qui a pour but de reproduire l’aspect de la pellicule. « [Le vacillement] est ce qui différencie les films de la télévision », explique Trumbull. « Ainsi, si vous introduisez le vacillement numérique dans la projection du film [en fait dans le fichier DCP], il peut avoir un aspect totalement cinématographique même si vous augmentez la fréquence d’images à 120 ips ou 160 ips. »
En outre, Magi a la capacité de modifier dynamiquement la fréquence d’images tout au long de la projection, ce qui signifie que des scènes peuvent être tournées en 24, 120 et 160 images par seconde et assemblées au montage. L’idée est de donner aux réalisateurs la possibilité d’utiliser des fréquences d’images élevées lorsque cela s’avère utile dans une scène spécifique.
Le pionnier des effets spéciaux espère mettre en place un centre de démonstration Magi à Los Angeles afin que les décideurs d’Hollywood, notamment les directeurs de production, les directeurs de la photographie et les réalisateurs, puissent découvrir les nouvelles technologies. « Kubrick essayait d’ouvrir la voie à une nouvelle forme de cinéma immersif et la plupart des gens ne s’en rendaient pas compte. J’essaie de le faire à nouveau. »