TikTok a réussi à instaurer une nouvelle façon d’écouter la musique : le Sped up (accéléré). En effet, si vous aussi, vous pouvez passer des heures à scroller sur TikTok, vous avez probablement entendu ces musiques accélérées qui restent en tête pendant des heures. Véritable succès sur la plateforme, le #SpedUpSounds atteint près de 10 milliards de vues.
Cette tendance est-elle bénéfique ou nuisible à l’industrie musicale et aux artistes eux-mêmes ? Et comment la popularité des versions Sped up des chansons affecte-t-elle la manière dont nous écoutons et apprécions la musique ?
Le Sped up, qu’est-ce que c’est ?
De nombreux adolescents écoutent désormais leur musique en Sped up, c’est-à-dire en version accélérée, une mode popularisée par le réseau social chinois. Initialement, cette technique est utilisée par les professionnels pour donner une sensation de rythme plus rapide à une piste, ou pour ajuster la tonalité d’une voix ou d’un instrument. Une technique qui se doit d’être maîtrisée, car son utilisation peut entraîner une transposition de la tonalité et une perte de qualité globale.
Généralement accélérées par des amateurs, ces musiques en Sped up sur TikTok ont de quoi dérouter ceux qui ne sont pas familiers avec ce phénomène, créant généralement des voix beaucoup plus aiguës. Plus rapide, le tempo dépasse souvent les 150 BPM (battements par minute) et rend votre chanson préférée méconnaissable.
Une tendance TikTok qui influence les artistes
Pour répondre à la demande des fans qui apprécient le Sped up, les artistes ont sorti des versions accélérées de leurs chansons sur les plateformes de streaming. Spotify a même créé une playlist dédiée à ce genre. Demi Lovato, Shakira ou encore The Weeknd ont succombé au Sped up depuis plusieurs mois déjà. Certaines versions sont même devenues plus populaires que les originales !
« L’utilisation de versions accélérées de certains artistes donne une nouvelle vie au morceau. On a sorti une version sped-up de ‘Me gustas tu’ et elle est aujourd’hui classée troisième dans les meilleures chansons de Manu Chao. »
Emmanuel de Buretel, directeur du label Because.
Sped up : le revers de la médaille
Bien que cela puisse offrir des opportunités pour les anciennes chansons de bénéficier d’une seconde vie et pour les artistes indépendants de gagner en notoriété, cette nouvelle manière d’écouter la musique pourrait bien devenir un problème pour l’industrie musicale.
En effet, ces versions accélérées sont souvent modifiées et partagées par des personnes qui n’ont aucun droit sur les titres originaux. Ce phénomène, s’il n’est pas régulé, risque de porter atteinte aux droits d’auteurs et de parasiter la musique originale. Les professionnels sont donc en alerte et réclament une nouvelle législation pour mieux encadrer le Sped up.
Selon Billboard, cela a également un impact financier sur les DJ, les artistes dépensant moins d’argent pour une version accélérée plutôt que pour un remix.
“Avant, on utilisait les remix des clubs pour donner une nouvelle visibilité à une chanson, dans le but de promouvoir la version originale. Mais aujourd’hui, les gens découvrent la version originale à partir des versions Sped up (accélérée) ou Slowed down (ralentie) […] Au lieu de payer 50 000 dollars pour un remix d’un DJ de renom, les artistes dépensent moins pour une version accélérée et réalisent un meilleur bénéfice”
Nima Nasseri, vice-président de la stratégie A&R chez Universal Music.
Lire aussi : Une reprise peut-elle être meilleure que l’originale ?
Sped up sur TikTok : une tendance qui met notre attention à rude épreuve
La popularité du Sped up dans la musique s’inscrit dans une tendance plus large de la consommation de contenus en accéléré, que l’on retrouve notamment dans les podcasts, les vidéos YouTube ou encore les livres audio. Cette pratique est d’autant plus pertinente sur TikTok, où les vidéos sont de courte durée et consommées en grande quantité.
« L’écoute de musique augmente la libération d’un neurotransmetteur appelé dopamine, ‘l’hormone du bonheur’ souvent associée au plaisir. Chaque fois que nous écoutons une chanson que nous aimons, nous nous récompensons essentiellement au niveau neurochimique » explique Emmelyne Jack, doctorante en neurologie à l’Université de Melbourne. Elle poursuit : “écouter de la musique en mode rapide de manière répétitive peut avoir des effets néfastes. Il est donc crucial de sensibiliser à la surstimulation, qui peut entraîner une réduction de la durée d’attention et des difficultés de concentration. »
Netflix, YouTube, Spotify… Nombreuses sont les plateformes de streaming audio et vidéo qui proposent d’accélérer le contenu pendant la lecture. 
YouTube, Netflix, Spotify… Nombreuses sont les plateformes de streaming audio et vidéo qui proposent d’accélérer le contenu pendant la lecture. 
Podcasts Spotify, YouTube, Netflix… Nombreuses sont les plateformes de streaming audio et vidéo qui proposent d’accélérer le contenu pendant la lecture.
La tendance Sped up lancée sur TikTok connaît donc un grand succès, attirant de nombreux adeptes et influençant les artistes eux-mêmes. Cependant, cette nouvelle façon d’écouter de la musique suscite également des inquiétudes quant à son impact négatif sur l’industrie musicale, les droits d’auteur, mais aussi la capacité de concentration des auditeurs. Et vous, pensez-vous que cette nouvelle manière d’écouter la musique se révèlera durable ou passagère ?
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Je trouve ça très intéressant. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai trouvé qu’un titre était trop lent, avec une envie de l’accélérer sans pouvoir le faire. L’inverse m’est également arrivé. En fait l’idéal serait d’avoir un bouton permettant à l’auditeur de choisir la vitesse d’interprétation qu’il souhaite.
A noter aussi que pour en profiter réellement d’un point de vue audiophile, il faut disposer d’un système qui tienne la route. Par ex j’avais une mini-chaîne Sony il y a qq années qui était incapable de lire un cd de Venom (« Antichrist ») tellement les rythmes étaient rapides et saccadés ! Avec un Elipson Music Center ce cd endiablé révélait toute sa richesse musicale…
J’adore. D’ailleurs je regarde tous les films en vitesse accélérée, je ne lis qu’une page sur deux dans les romans, je visite les musées en faisant mon jogging et je fais l’amour en 30 secondes chrono. Quel gain de temps, quelle modernité ! À quoi ça sert de prendre le temps d’apprécier une œuvre telle que l’artiste l’a conçu. C’est de la tyrannie ! Seul le consom… l’utilisateur devrait choisir comment il veut bouffer. Le Macdo a une vraie utilité sociale et philosophique ! J’évite d’ailleurs d’aller en concert (on m’impose une playliste et une interprétation qui ne me convient pas toujours).
Ou alors, ça ne concerne que les morceaux conçus pour une consommation immédiate et jetable ? Ooooh, quelle surprise. Faisons donc de la m… plus rapide. Ça ne change pas grand chose finalement. Ou plutôt, on s’amuse à redécouvrir un morceau mais ça n’apporte aucune qualité à l’original – c’est réellement du mixage light. S’il n’y a pas d’apport qualitatif, ça n’a donc aucun intérêt artistique
Je râle plus pour le plaisir qu’autre chose. J’attends avec impatience le prochain débat « la musique conçue par IA va-t-elle rendre les artistes obsolètes ? »