Un home-cinéma Galactique

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Mis à jour le 13 mai 2024

Lorsque je suis allé en Australie à l’été 2003 pour me rendre sur le tournage de Star Wars: Épisode III La Revanche des Sith, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de Lisa Steven et de son mari Vic Wertz, qui étaient à l’époque les éditeurs du magazine américain, le Star Wars Insider. Après un certain temps passé en leur compagnie, je ne doutais plus qu’ils étaient tous deux de véritables fans de Star Wars : ainsi, ils possèdent une impressionnante collection d’objets liés à la saga, comprenant par exemple tous les jeux d’arcade qui lui sont consacrés. Mais cela ne leur suffisait apparemment pas, et ils poussèrent encore un peu plus loin leur voyage dans la galaxie Star Wars …

Le home-cinéma galactique de Lisa Steven et Vic Wertz.
Home-cinéma version Star Wars.

C’est ainsi que, dans leur demeure des environs de Seattle, ils se construisirent le rêve de tout fan : un home-cinéma de rêve, celui qui ferait mourir d’envie n’importe quel adepte de la saga ! Après tout, quand on aime le monde de Star Wars, pourquoi ne pas y vivre ? Et c’est bien ce qu’ils avaient en tête en donnant à leur home-cinéma l’apparence du vaisseau de L’Empire. Une fois dans la maison pour accéder à cette salle incroyable, rien de plus simple, il vous suffit d’appuyer sur un bouton, pour faire coulisser une porte, et là, on jurerait se retrouver dans le poste de pilotage du vaisseau de la Reine Amidala encadré par deux baies latérales qui dévoilent le vide interstellaire ! L’effet est magnifique. Il faut dire que le couple a fait fort, ils n’ont pas appelé n’importe quel architecte pour concevoir leur Home Theater. Ils ont tout simplement contacté Doug Chiang, le concepteur artistique et à l’époque designer principal des épisodes 1 et 2 de la saga, et aujourd’hui ce qui sort de chez Disney/Lucasfilm depuis 2015 : films, séries, jeux vidéo, parcs d’attractions… ! J’ai pu poser quelques questions à Vic Wertz afin de savoir comment il a concrétisé son rêve …

L’entrée qui amène au home-cinéma.

Comment avez-vous eu l’idée de ce home-cinéma absolument unique ?

Il y a de cela quelques années, au début des années 1990, Lisa et moi avons constaté que notre collection Star Wars commençait à déborder de notre maison. Nous avons donc décidé de faire construire quelque chose de plus grand. Je suis depuis longtemps un grand amoureux de la technologie du home-cinéma, et j’ai donc décidé de profiter de cette opportunité pour réaliser un cinéma un peu “prestigieux”, notre intérêt commun pour Star Wars facilitant énormément le choix du thème …

Je suis abonné à plusieurs magazines de home-cinéma depuis des années, et j’en ai donc vu de nombreux concepts. Pourtant, j’ai toujours eu le sentiment que la plupart des gens n’imaginent rien de véritablement extraordinaire pour leur salle, ou bien qu’ils ne savent absolument pas comment concrétiser leur rêve. Un certain déséquilibre entre fonctionnalité et esthétisme est une erreur que j’ai souvent constatée. Pour ma part, j’étais bien décidé à prendre des décisions qui n’allaient compromettre aucun de ces deux aspects. Je souhaitais un grand confort, un excellent son et un espace fonctionnel, tout cela sans que le thème ait le moins du monde à en souffrir.

Il me fallait un décorateur imaginatif, capable de lui donner un véritable look Star Wars.

J’ai commencé par faire usage de mes connaissances en design architectural et en acoustique afin de créer un espace à la fois d’apparence satisfaisante et idéal sur le plan sonore. Je souhaitais une salle en forme de coin dans un angle, permettant d’éliminer presque entièrement les surfaces parallèles, ce qui aiderait ensuite à résoudre les problèmes acoustiques liés aux ondes stationnaires. En outre, la forme en coin produit une illusion faisant paraître l’écran plus large et plus éloigné qu’il n’est en réalité. C’est cette forme qui décida par la suite du concept de toute la maison : nous avons littéralement conçu notre demeure autour du cinéma ! C’est également à ce moment-là que j’ai commencé à rassembler les équipes qui allaient m’aider à réaliser la salle. Il me fallait un décorateur imaginatif, capable de lui donner un véritable look Star Wars. J’avais besoin d’une équipe de gens pouvant concrétiser ses idées, ainsi que de professionnels pour me conseiller en matière d’acoustique et pour installer les dispositifs électroniques.

Quelle expérience possédez-vous exactement dans le domaine du design architectural et de l’acoustique ?

J’ai étudié l’architecture pendant quatre ans au lycée et deux ans à l’université. À l’origine, je voulais devenir architecte, mais ma vie a pris une autre direction à mon arrivée à la fac. Mes connaissances acoustiques sont quant à elles tout à fait informelles et sont à mettre au crédit de mes années d’enthousiasme pour le sujet : j’ai lu des tonnes de textes sur les home-cinémas, les salles en elles-mêmes et les studios d’enregistrement.

Qui a conçu ce home-cinéma en particulier ?

Mon premier choix, à savoir le responsable du design des Épisodes I et II, Doug Chiang. Je voulais être sûrs de travailler avec LE bon directeur artistique, et Doug était évidemment tout en haut de ma liste.

Doug Chiang, Patrice Girod et Vic Wertz
Doug Chiang, Patrice Girod et Yann Marchet à Paris en 2023, puisqu’il recevait un Génie Award pour l’ensemble de sa carrière.

Pourquoi ne pas avoir choisi Ralph McQuarrie ou n’importe qui d’autre ? Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

J’ai dit que personne n’était mieux adapté que Doug, ce n’est bien sûr pas tout à fait vrai, j’aurais naturellement pu choisir Ralph, Joe Johnston et une poignée d’autres. Comme je savais que la santé de Ralph McQuarrie n’avait pas été des meilleures récemment et qu’il ne pouvait pas fournir beaucoup d’efforts, je n’ai pas tenté d’entrer en contact avec lui. Mais le fait est que j’adore le travail de Doug, et c’était donc lui que j’avais placé en haut de ma liste.

Comment l’avez-vous contacté ?

Je n’ignorais absolument pas que je prenais vraiment mes désirs pour des réalités en espérant que Doug imagine un home-cinéma pour moi. Mais je savais aussi que personne d’autre n’était mieux adapté que lui à ce travail. Heureusement, j’avais un petit “atout” : Lisa avait un jour rencontré Doug à Lucasfilm alors qu’elle travaillait comme responsable de la marque Star Wars pour Wizards of the Coast. J’ai donc contacté Doug par email et j’ai eu l’agréable surprise de voir qu’il me répondait et se montrait intéressé. Malheureusement, il se consacrait à l’époque aux premiers travaux de design de l’Épisode II et il n’était pas sûr d’avoir le temps. On comprenait qu’il était très occupé, et nous avons vraiment craint un moment qu’il ne puisse pas se libérer pour nous, mais alors que nous commencions à perdre espoir. Mais comme je lui ai dit que j’attendrais aussi longtemps que possible. Cela a pris presque un an mais, juste au moment où je commençais à penser que j’allais devoir trouver une autre solution, Doug m’a fait savoir qu’il pouvait trouver quelques jours et il a pu finalement se consacrer à la conception de ce décor.

Maquette du home-cinéma réalisée par la société Dillon Works pour visualiser l’espace.

Lorsque vous avez proposé à Doug Chiang de réaliser votre projet, a-t-il été surpris ou n’était-ce pour lui qu’un travail comme un autre ?

S’il a été surpris, il n’en a rien montré dans son email ! Je doute qu’on s’adresse très souvent à lui de manière aussi directe, mais je pense qu’il a été heureux d’effectuer ce travail. Il s’intéresse lui aussi au home-cinéma et, pour lui, c’était également l’occasion d’apprendre beaucoup sur le sujet.

Après qu’il eut accepté de collaborer à ce projet, comment avez-vous procédé avec lui ?

J’ai donné à Doug un plan de la salle, en fait un simple espace vide avec un marquage pour les sièges. Je lui ai ensuite demandé de passer une journée à esquisser trois concepts. Pour le premier, je voulais quelque chose rappelant la trilogie classique, et je lui ai donc demandé à quoi pourrait ressembler une salle de cinéma située sur l’Étoile Noire. J’avais également été très impressionné par les travaux conceptuels de Doug sur l’environnement de la Reine Amidala, et son deuxième concept devait être une salle de cinéma qu’on pourrait trouver sur un Vaisseau Spatial Royal. Et comme, quand je travaille avec des artistes, j’aime leur laisser le plus de liberté possible pour s’exprimer, je lui ai demandé d’imaginer un troisième concept à lui : il a inventé une salle qui, je trouve, rappelle le pont d’un Star Destroyer Impérial.

Qu’avez-vous pensé de ces concepts ?

Je les ai tous trouvés géniaux. N’importe lequel d’entre eux m’aurait transporté de joie. Doug m’a envoyé les trois esquisses très vite et j’ai passé un jour ou deux de véritable agonie, à devoir en choisir un … En définitive, je suis resté sur l’idée de la trilogie classique et je lui ai demandé de mélanger certains aspects des deux concepts impériaux. Doug a pris alors quelques jours de plus pour réaliser plusieurs vues différentes de la salle. Voilà comment après trois échanges de croquis et de réactions avec Doug, le design définitif était validé.

Vous dites avoir choisi l’aspect de la trilogie classique mais, pour moi, le concept de home-cinéma que vous avez sélectionné rappelle plutôt le vaisseau de la reine Amidala …

À mes yeux, il ressemble davantage au pont d’un Star Destroyer. Il est un peu plus sombre que ce que suggèrent les photos. Quand on regarde le concept « Amidala », on constate qu’il est extrêmement différent. L’esthétisme du côté obscur de la Force qui me convenait le mieux. L’architecture épurée et géométrique des vaisseaux de l’empire se prêtait bien au décor d’une salle de cinéma. Même si je n’ai pas choisi le design du Faucon Millenium, j’ai néanmoins fait une petite référence au contrebandier en plaçant Han Solo dans la carbonite en élément de décor le haut de l’escalier. Cette pièce de collection dissimule la porte d’accès à la réserve des Bluray, DVD et même nos vieux laserdiscs. C’est toujours plus agréable de ranger l’équipement technique et les DVD à l’extérieur d’un home cinéma, c’est la raison pour laquelle nous avons prévu deux pièces pour cela de part et d’autre du décor.

Qui s’est occupé de la réalisation proprement dite de la salle ?

Pour les plans, j’ai choisi Dillon Works de Mukilteo dans l’état de Washington. Dillon Works a été fondée par Mike Dillon, ancien designer pour Disney, et ils s’occupent régulièrement de projets un peu fous comme des casinos, des navires de croisière, des centres commerciaux et des parcs à thème. Ce sont eux qui se sont chargés du travail le plus difficile de toute l’entreprise. Je leur demandais, à partir de ces formidables dessins, d’imaginer quelque chose de vraiment réalisable, capable de transporter les visiteurs dans une galaxie lointaine, très lointaine … au moins pour quelques heures ! En outre, ils devaient procéder en respectant les directives que j’allais leur donner par rapport aux propriétés acoustiques des divers éléments de la salle, alors qu’ils n’avaient pas souvent dû prendre de tels facteurs en considération dans leurs précédents projets. Durant plusieurs semaines, ils ont créé des ébauches pour chaque élément.

J’ai, quant à moi, passé des heures à sélectionner des textures, des couleurs et des finitions, et à approuver chaque petit objet. Enfin, quand je leur ai donné le feu vert, ils se sont attelés à la construction de la salle, ce qui a également pris des semaines. Brian Leonard, de Dillon Work a suivi toute l’évolution du projet, depuis le dessin de Doug Chiang jusqu’aux dernières finitions réalisées par son équipe. Nous avions eu l’occasion de travailler avec eux lorsque Lis et moi étions à Wizards of the Coast. Ils ont été la première société contactée afin qu’ils créaient l’architecture du vaisseau impérial avec une parfaite authenticité. Dès qu’ils ont reçu le design de Doug Chiang, ils ont continué à le développer pour l’adapter précisément à la géométrie de la pièce, sans altérer les intentions artistiques de son ébauche.

L’avantage de ce décor, c’est qu’ils n’ont pas eu à dissimuler certaines parties de l’équipement, comme l’écran et les enceintes, puisqu’ils s’intègrent naturellement dans le concept de Doug. La plupart des éléments du décor ont été fabriqués en MDF, de la poudre de bois compressée et collée, appelée aussi médium et colorés avec de la peinture automobile très résistante. Chaque panneau avait été pré-dessiné sur les plaques de MDF pour s’intégrer parfaitement dans le décor, comme une pièce d’un puzzle complexe. Certains éléments en volume du plafond ont été réalisés en plastique thermoformé. Le ciel étoilé composé de milliers de fibres optiques a été fiché dans des panneaux de matériau acoustique noir qui optimisent le rendu sonore de l’équipement. D’autres panneaux acoustiques ont été répartis ailleurs, sur les conseils de la société Definitive Audio, pour absorber le son sur les parois qui risquaient de créer des problèmes de réverbération. Il aura fallu en tout neuf mois de travaux intensifs, de la création des structures jusqu’au fonctionnement des moteurs des portes coulissantes, pour achever cet incroyable la salle de projection. Afin que s’assurer que tout allait bien, nous avons diffusé les Star Wars en boucle afin d’être certain que tous les détails, les couleurs, les textures, les petits accessoires seraient absolument parfaits.

S’occupaient-ils aussi de tous les éléments audio et vidéo ?

Non, pour l’acoustique et l’électronique, j’ai choisi Definitive Audio de Bellevue dans l’état de Washington. Ils pouvaient à l’époque se procurer l’équipement que je souhaitais et connaissaient son usage pour un home-cinéma. Il avait pour tâche de choisir et d’installer le meilleur matériel audio et vidéo disponible pour faire de ce lieu un régal de cinéphile. Il a eu l’impression de créer le poste de contrôle du vaisseau de Dark Vador (rire). Cela a été une tâche de longue haleine, à laquelle il s’est étalée sur une période de trois ans, mais ce qui nous a énormément aidé, c’est que nous avons travaillé dans une maison qui était en cours de construction puis de finition, un processus qui a duré 30 mois au total.

Le spécialiste de l’acoustique a été consulté en permanence afin de s’assurer que l’équipement utilisé permet d’obtenir la meilleure qualité de rendu sonore possible.

Nous avons donc eu tout le temps nécessaire pour travailler sur la conception de cette installation et pour ajuster tout ce que nous devions faire à l’intérieur de la salle. Nous avions de nombreux problèmes à identifier comme régler l’acoustique, gérer l’évacuation de la chaleur du projecteur, l’espace attribué aux sièges, l’emplacement idéal de chacun des fauteuils… Le spécialiste de l’acoustique a été consulté en permanence afin de s’assurer que l’équipement utilisé permet d’obtenir la meilleure qualité de rendu sonore possible. Il a été également nécessaire que chaque élément de la pièce, de l’éclairage aux matériaux utilisés, a été testé avant l’installation. Après ils ont mis l’écran en place, câblé les enceintes, posé les sièges, programmé le système de contrôle et effectué tous les réglages.

J’avais acheté à l’époque un système numérique sonore Meridian complet avec des enceintes, un préampli et un lecteur de DVD, un écran Stewart, un projecteur, et des sièges motorisés réputés pour être les fauteuils de cinéma les plus confortables au monde et dans lesquelles sont logées de télécommandes Crestron, capables d’agir sur tout l’environnement lumineux de la salle, et sur la projection du film. Une fois terminé, la salle était géniale ! Comme je n’ai jamais négligé la fonctionnalité, de même que les côtés esthétiques et acoustiques, c’est maintenant un endroit où les gens ont vraiment envie de passer du temps. La salle est confortable et tout est comme je le souhaitais, du point de vue de l’aspect comme de celui du son.

Combien y a-t-il de fauteuils dans votre home-cinéma ?

Il y en a dix. Les fauteuils sont répartis sur trois rangées, sur des paliers différents et la distance qui sépare le projecteur de l’écran est d’environ 6m70. Une petite scène a été placée devant l’écran, ainsi que des fibres optiques dans les deux grands panneaux sombres qui simulent la vue sur l’espace.

Vue arrière du home-cinéma.

Le champ étoilé scintille-t-il ou est-il simplement peint ? Disparaît-il quand vous regardez un film ?

Le champ stellaire est éclairé par des fibres optiques. Oui, il scintille, avec des variations de brillance et de couleur. Je dispose de plusieurs modes d’éclairage préprogrammés : en mode film, les étoiles brillent toujours, mais très faiblement.

La construction du home-cinéma avance et va pouvoir accueillir les fauteuils.

Est-il vrai que certaines portes s’ouvrent comme dans Star Wars, au moyen d’un système hydraulique ?

L’ouverture des portes est mécanique, et non hydraulique. L’une des choses les plus intéressantes à propos de Dillon Works est que, à de nombreux égards, ils doivent réinventer la roue à chacun de leurs travaux. En effet, ils s’occupent presque toujours de projets qu’ils n’ont jamais réalisés auparavant … et qui ne seront plus jamais faits ! Pourtant, ils sont assez intelligents pour y intégrer la technologie disponible dès qu’ils le peuvent. Ces portes en fournissent un parfait exemple, elles sont construites sur un mécanisme couramment utilisé pour les portes automatiques de certains magasins, bien que rien dans leur apparence ne l’indique.

Nous avons pensé à les rendre automatiques, leur ouverture aurait été contrôlée grâce à une plaque au sol sensible à la pression, qui se serait déclenchée à votre approche d’un côté ou de l’autre, mais nous avons décidé que ce n’est pas parce qu’on se trouve près de la porte qu’on veut obligatoirement l’ouvrir. À la place, nous avons donc installé un petit bouton, à l’intérieur et à l’extérieur de la salle. Nous avons également intégré des capteurs afin de garantir que la porte ne peut pas se refermer sur quelqu’un. Plusieurs personnes se sont demandés si on pouvait rester coincé à l’intérieur de la salle en cas de panne du courant, mais pas d’inquiétudes, les portes s’ouvriraient automatiquement.

Les « backstages » du home-cinéma.

Vous avez également intégré des mannequins grandeur nature de certains personnages Star Wars. Pouvez-vous nous en parler ?

J’ai installé quatre de nos personnages grandeur nature dans le cinéma. Nous avions prévu d’en placer un dès le départ, Han Solo dans la carbonite. Il provient de la réplique sous licence d’Illusive Concepts … une reproduction dont la qualité ne me satisfaisait pas entièrement. Ils avaient fait du bon travail sur Solo lui-même, mais les commandes et les moniteurs laissaient beaucoup à désirer. Et puis, cette réplique d’origine n’était vraiment pas d’équerre, elle était bien plus trapézoïdale. Dillon Works a donc extrait Han, construit un nouveau cadre autour et repassé une couche de peinture. Sur les photos, vous verrez également C-3PO installé à la gauche de l’écran. Il s’agit d’une réplique sous licence Don Post qui fut personnalisée d’après le droïde de l’Épisode II par Don Bies et l’unité de droïdes d’ILM pour un concours K-Mart (malheureusement, ce n’est pas moi qui ai gagné, je l’ai achetée d’occasion). Depuis que les photos ont été prises, j’ai ajouté un Boba Fett de Don Post à droite de l’écran. Il n’a rien de vraiment particulier, c’est juste mon mannequin grandeur nature préféré. Les deux effigies grandeur nature de C-3PO et Boba Fett viennent tenir compagnie aux spectateurs. Il ne s’agit que d’une petite partie de notre collection, car nous avons dédié une autre partie de la maison à un musée Star Wars réparti sur deux étages et 278 mètres carrés ! On y trouve notamment un sabre laser original utilisé par Ewan McGregor sur le film La Menace Fantôme.

Les mannequins de  C-3PO et Boba Fett entourent l'écran de projection
Le home-cinéma avec les deux répliques de personnages de Star Wars : C-3PO (version Episode II) et Boba Fett.

Votre home-cinéma recèle-t-il d’autres surprises ? Comme le bar de R2-D2 ou une cantina de Mos Eisley cachée ?

Il y a un minibar avec réfrigérateur et micro-ondes, mais il n’est pas caché, il est seulement encastré derrière l’une des entrées. Dillon Works a créé pour lui des portes sur mesure correspondant au thème général et a également réalisé un signe “SORTIE” personnalisé, aux lettres en Aurabesh (alphabet de l’Empire). La plus grande surprise est la médiathèque, cachée derrière le Han Solo dans la carbonite. Vous pouvez également remarquer quelques boîtes noires dans la rangée de fauteuils du milieu. L’une d’elles contient un jeu de jacks comprenant des connecteurs vidéo composites, S-vidéo, composants et RVB, et des connecteurs audio numériques miniprise 1/8 de pouce, RCA, et optiques et coaxiaux, ainsi qu’un dispositif Ethernet et l’alimentation. Ainsi, virtuellement n’importe quelle source, depuis un ordinateur portable jusqu’à un iPod en passant par une Xbox, peut facilement être reliée au système. Doug eut également l’intelligente idée d’ajouter des miroirs au sol et au plafond de l’entrée, les reflets qui se répètent à l’infini donnent l’impression de traverser une passerelle enjambant une profondeur vertigineuse … alors qu’on se trouve sur une contremarche de 10 cm ! Comme je suis un peu fou, j’ai également recréé au premier étage de ma maison le bar de la Cantina de Star Wars.

Quelle est la taille de la salle ?

L’espace principal de la salle fait environ 6,7 m du mur arrière à l’écran. Le mur de l’écran mesure près de 4 mètres, mais la salle est en réalité un peu plus large (elle se rétrécit sur la fin). Sa hauteur varie également, pour une moyenne approximative de 3,8 mètres.

Vue du home-cinéma depuis l'écran de projection
Vue arrière du home-cinéma.

Pouvez-vous nous donner la composition exacte de vos systèmes audio et vidéo ? Sont-ils certifiés THX ?

Lors de la création de la salle, la majorité de l’équipement audio provenait de Meridian, producteur britannique de très bonne qualité possédant une approche unique de l’audio numérique. La plupart des appareils de home-cinéma consistent en un équipement source relié à un processeur, qui envoie tout d’abord un signal numérique à un amplificateur, qui à son tour envoie un signal analogique aux enceintes. Or, l’équipement Meridian que j’ai choisi conserve le signal en numérique jusqu’aux enceintes, dont chacune comprend plusieurs amplificateurs conçus spécialement et qui correspondent parfaitement à chaque pilote haut-parleur. Le processeur et le lecteur de disque de chez Meridian sont tous deux certifiés THX. Le projecteur haute définition est une unité DLP VX5C 3-chip de chez Runco : elle ressemble à beaucoup des projecteurs utilisés par les cinémas pour passer des films en numérique comme L’Attaque des Clones. L’écran est un Stewart VeLux DeLux ST130, les fauteuils sont des « Valentino » de CinemaTech, les télécommandes des Crestron, un appareil HD TV Tivo de DirecTv, une interface de jeux vidéo Extron, un connecteur RGB Extron, un magnétoscope S-VHS JVC, un lecteur DVD universel Lexicon , des câbles audio et vidéo Meridian, un lecteur DVD Meridian, un préampli Meridian, un haut parleur central, des haut-parleurs latéraux et arrières et une caison de basses Meridian, un lecteur de laserdiscs Pioneer, un projecteur vidéo DLP Runco, un objectif anamorphique Runco, un tuner vidéo satellite Sony et un écran Velux delux Stewart.

Doug Chiang a-t-il jamais vu le résultat final ? Et si oui, qu’en a-t-il pensé ?

Doug ne l’a jamais vu, mais j’ai pu lui montrer des photos lors d’une convention de bandes dessinées. Je crois qu’il a été un peu surpris de voir à quel point nous avons pu rester fidèles à ses idées. Quand je lui indiquais ce que je souhaitais, je lui disais de ne pas s’inquiéter de savoir comment construire tel ou tel élément, ou même de savoir si on pouvait le construire. Par conséquent, je ne suis pas sûr qu’il ait pensé que nous pouvions nous en tirer aussi bien …

Aujourd’hui, souhaiteriez-vous modifier quoi que ce soit dans votre home-cinéma, dans le design ou dans l’équipement ? Aimeriez-vous y ajouter quelque chose ?

En fait, j’y apporte régulièrement beaucoup de modifications. J’ai demandé à Dillon Works d’ajouter de nouveaux éléments d’apparence mécanique autour de l’écran, afin de rester plus fidèle aux dessins de Doug, à l’origine, nous avons laissé ce mur vierge car nous ne savions pas vraiment qu’elles allaient être les dimensions finales de l’écran au moment de la construction. Maintenant que tout est terminé, je suis très satisfait de ce que nous avons accompli. Pourtant, je suis certain que je modifierai sans arrêt l’équipement ! Heureusement, j’ai déjà prévu les prochains développements technologiques, projo laser et divers espaces aménagés faciliteront beaucoup l’ajout ou le remplacement de divers éléments …

Vue arrière du home-cinéma.

Quelle fut la toute première meilleure expérience DVD que vous avez faite avec Lisa dans votre home-cinéma ?

Pour être honnête, à l’époque nos meilleures expériences n’ont rien eu à voir avec le DVD. La télévision haute définition surclasse la vidéo DVD de loin, de sorte que certaines émissions diffusées en HD comme la série télévisée Les Experts sont bien plus impressionnantes que le meilleur des DVD. Mais la chaîne cinéma payante HBO diffuse de temps à autres l’Épisode II en haute définition, et était vraiment très impressionnant à l’époque. Aujourd’hui nous sommes bien évidemment passés en Blu-ray 4K.

Entretien avec Doug Chiang, concepteur du home-cinéma galactique

Embauché par George Lucas pour mettre en images la prélogie Star Wars, nous lui devons de nombreux designs iconiques comme le Naboo Fighter, les podracers, Coruscant, les droids de combats, les clonetroopers, Grogu … la liste est encore très très très longue ! Il est aujourd’hui il est « Senio Vice President & Executive Design Director » de Lucasfilm et supervise tous les projets en cours qu’ils s’agissent des films, des séries ou bien des parcs d’attractions comme galaxie Galaxy’s Edge. Comme le design n’est pas gravé dans le marbre et comme George Lucas n’est plus là depuis 2012, c’est à Doug Chiang qu’il revient de trancher les choix esthétiques. Avec un petit groupe d’artistes il essaye de respecter l’héritage autant que possible. La plupart du temps, ces décisions sont finalement assez intuitives. C’est un processus continu, qui nécessite d’être là du début à la fin de chaque projet. L’une des leçons les plus importantes qu’il a retenue de sa collaboration avec George Lucas, c’est que l’univers de la saga Star Wars est ancré dans la réalité et ce à 80 %. Ce que vous voyez à l’écran vient d’autres cultures qui existent ou ont existé sur notre bonne vieille planète Terre. Lorsqu’on crée des imaginaires, il ne suffit pas de tout inventer, de se laisser porter par ses propres idées et de ne rien faire d’autre. C’est uniquement le mélange de ces sources d’inspiration diverses, éclectiques, qui n’ont parfois rien à voir les unes avec les autres, qui fait toute la magie. Pour cela Doug Chiang fait beaucoup de recherches, afin que ces designs s’inspirent d’un héritage de plusieurs siècles. J’ai eu la chance de retrouver Doug à Paris pour un déjeuner et je lui ai posé quelques questions sur ce home-cinéma qu’il a dessiné il y a plusieurs années.

Comment avez-vous abordé ce projet de home-cinéma ?

J’ai essayé trois idées différentes, deux Étoile Noire et une Naboo. Pour les croquis, je ne me suis concentré que sur les principales caractéristiques, et pas vraiment sur les détails, ce qui en définitive aide à définir la personnalité d’un projet. J’ai recherché des formes et des directions basiques. Je n’ai pas intégré aux esquisses les enceintes ou la position exacte des fauteuils.

Même si ces idées peuvent paraître un peu exotiques, elles suivent tout de même la structure de base de la salle. Leur perspective est un peu étrange parce que je les ai dessinées en utilisant un angle impossible afin de pouvoir montrer davantage de choses à partir d’un seul et unique point de vue.”

Doug Chiang sur le tournage du premier épisode de « The Mandalorian » sur ce que l’on appel le « Volume » c’est-à-dire le plateau de tournage au décor virtuel. Photo © Lucasfilm Ltd

Quelle approche pour le design rendant hommage au Vaisseau de la Reine ?

Ici, ce sont les influences de Naboo qui prédominent. J’ai repris certaines caractéristiques du vaisseau de la reine, ainsi que des nouveaux appartements de Padmé de l’Épisode II. L’aspect général aurait été net, dans de doux tons pastels, avec peut-être ici et là quelques touches de couleurs plus vives.

Et pour le design rendant hommage au Pont de l’Étoile Noire ?

Ce concept fut imaginé en pensant à l’Empire, avec ses nombreuses surfaces sombres et métalliques, son côté plus industriel … Le résultat est un peu un mélange de la salle de conférence de l’Épisode IV et de la salle du trône de l’Empereur de l’Épisode VI. Je voulais m’essayer à un « look » rappelant le pont de l’Étoile Noire ou le centre de commande. La fausse fenêtre ajoute à l’atmosphère.

Et enfin quelle réflexion pour le design rendant hommage au Salon des Officiers de l’Étoile Noire ?

Ici, je voulais poursuivre sur le thème de l’Empire et créer une sorte de salon réservé aux officiers. Il se trouve aux étages supérieurs d’une tour de commandement et la fausse fenêtre lui donne un côté plus ‘ouvert’, tout en utilisant l’esthétique de l’Étoile Noire.

Doug Chiang est un artiste, auteur et chef décorateur lauréat d’un Oscar, qui a débuté sa carrière en tant qu’animateur stop motion (animation image par image) pour la série télévisée Pee Wee’s Playhouse. Après avoir fréquenté l’école de cinéma de l’UCLA, il a travaillé comme réalisateur de pub télévisée pour la société d’éfféts spéciaux « Rhythm and Hues » avant de devenir directeur créatif pour « Industrial Light & Magic » de George Lucas en 1991, pour lequel il a travaillé sur Retour vers le Futur Partie 2, Abyss, Terminator 2, Forrest Gump… Chiang a remporté de nombreux prix, dont un Oscar pour La Mort vous va si bien en 1992, deux British Academy Awards et deux Clio Awards, un prix Theo, un prix VES, un Webby, un prix Genie Visionary et un prix de la Guilde des directeurs artistiques, dont deux nominations pour le meilleur design de production. Il a été nominé pour un Emmy pour The Mandalorian.
En tant qu’auteur, il a écrit de nombreux livres, dont Robota, son roman illustré qu’il a créé et co-écrit avec Orson Scott Card, auteur de Nebula et lauréat d’un prix Hugo. Son dernier livre Mechanika, publié en 2008, en est à sa deuxième édition. Les œuvres de Chiang ont été exposées dans le monde entier, entre autres, au Brooklyn Museum, au Field Museum de Chicago et aux musées nationaux de Kyoto et de Tokyo.
En 1995, George Lucas a choisi Chiang pour diriger le département artistique de Lucasfilm pour les films préquels de Star Wars. Chiang a quitté Lucasfilm en 2002 pour créer IceBlink Studios, son studio de design de 35 personnes.
En 2006, Chiang s’est associé à la Walt Disney Company et à Robert Zemeckis pour créer ImageMovers Digital, un nouveau studio de cinéma numérique construit autour des studios IceBlink. En tant que vice-président exécutif, Chiang a fait croître l’entreprise jusqu’à atteindre un effectif de plus de 550 employés et a supervisé ses opérations quotidiennes jusqu’en 2011. De plus, il a été concepteur de production de Robert Zemeckis pendant dix ans sur des films tels que Le Pôle express, La Légende de Beowulf et Le Drôle de Noël de Scrooge.
Chiang est revenu chez Lucasfilm en 2013 et occupe actuellement le poste de vice-président principal et directeur exécutif de la conception de Lucasfilm. Avec plus de 25 ans d’expertise en matière de conception Star Wars, il supervise la conception de la franchise Star Wars, notamment des films, des parcs à thème, des jeux et des nouveaux médias. Il a été le principal concepteur de Lucasfilm pour Star Wars : Galaxy’s Edge et l’hotel Star Wars : Galactic Starcruiser de Walt Disney World. Il a été concepteur de production sur Rogue One : A Star Wars Story et a également retrouvé Zemeckis sur Pinocchio de Disney. Actuellement, Chiang concepteur de production pour les série live action de Star Wars, The Mandalorian, The Book of Boba Fett, Obi-Wan Kenobi, Ahsoka, The Acolyte, Skeleton Crew et le prochain long métrage The Mandalorian & Grogu dont le tournage débute en 2024 pour une sortie prévue en salle le 22 mai 2026.

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