L’iconique studio Guillaume Tell s’équipe en Dolby Atmos pour la musique

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Mis à jour le 6 septembre 2021

Avec l’arrivée de titres en Dolby Atmos sur Apple Music, le format tridimensionnel a le vent en poupe et entame l’une des révolutions les plus fulgurantes de l’univers musical depuis l’avènement de la stéréo. Un bouleversement que nous avons eu l’honneur de voir en action dans les salles du célèbre studio d’enregistrement parisien Guillaume Tell qui vient de s’équiper d’un nouveau studio de mixage ultra moderne en Dolby Atmos. Nous avons rencontré les ingénieurs du son et professionnels de la musique Dolby Atmos pour comprendre comment cette installation et ce nouveau format marquent un tournant dans la production musicale. 

Le studio Guillaume Tell a équipé son studio B d’un système Dolby Atmos 9.1.4 pour la production musicale et les bandes originales des films. 

Un studio légendaire  

Niché dans le vieux village de Suresnes à dix minutes des Champs-Elysées, le Studio Guillaume Tell possède une histoire incroyable et a accueilli certains des artistes les plus célèbres au monde. Des chanteurs et musiciens de tout genre musicaux y ont enregistré leurs albums. Johnny Hallyday, Alicia Keys, Elton John, Julien Clerc, Prince, les Rolling Stones ou encore Depeche Mode ne sont que quelques-uns des artistes de légende à avoir franchi les portes de ce studio. Depuis 2014, il est également réputé pour avoir enregistré des musiques de films culte, comme Les Rivières Pourpres ou encore The Grand Budapest Hotel.

Depuis sa création en 1986, le studio Guillaume Tell a accueilli de grands artistes parmi les plus célèbres au monde.

Le Studio Guillaume Tell a toujours été un leader dans le monde de la musique, qu’il s’agisse de travailler avec certains des plus grands artistes du monde ou de donner vie à de grandes musiques de films. L’investissement dans le Dolby Atmos est pour nous une étape naturelle afin de continuer à être un foyer créatif pour les artistes du monde entier. Produire de la musique en Dolby Atmos est un pari sur l’avenir et nous sommes ravis de faire partie de cette révolution », explique Denis Caribaux, ingénieur du son au Studio Guillaume Tell.

Pour Denis Caribaux, ingénieur du son au Studio Guillaume Tell, produire de la musique en Dolby Atmos est un pari sur l’avenir et un moyen de continuer à être un foyer créatif pour les artistes du monde entier.

Studio Dolby Atmos 9.1.4 

Pour écouter une musique en Dolby Atmos, il faut tout d’abord qu’elle soit mixée spécifiquement pour ce format. Il ne s’agit pas d’un simple filtre appliqué aux musiques, mais d’un mixage entièrement retravaillé pour que chaque élément soit placé dans l’espace de manière réaliste et fidèle aux attentes de l’artiste et de l’ingénieur du son. Pour ce faire, le studio Guillaume Tell a fait évoluer sa salle de mixage 5.1 en y ajoutant huit nouvelles enceintes Genelec, dont quatre au plafond. Cet ensemble Dolby Atmos 9.1.4 canaux comprend ainsi trois enceintes frontales (gauche, centre, droite), deux enceintes surround, deux enceintes surround back, deux enceintes wide surround pour optimiser la jonction entre les frontales et les surround, ainsi que quatre enceintes Atmos. 

Le studio Guillaume Tell exploite un ensemble de 13 enceintes et un caisson de basses pour un rendu en 9.1.4 canaux lors du mixage. 

Le système Dolby Atmos 9.1.4 du studio Guillaume Tell permet de créer une véritable bulle sonore dans laquelle chaque enceinte est calibrée pour fournir un niveau sonore strictement identique. La constance de ce niveau est indispensable pour que les effets ne perdent pas en puissance ou en impact lorsqu’ils se déplacent dans l’espace. Par ailleurs, Dominique Schmit – responsable audio et contenu Dolby – explique que les enceintes surround wide sont très importantes lors du mixage en Dolby Atmos, car elles permettent d’affiner avec plus de précision les transitions spatiales, garantissant une meilleure adaptation sur de nombreux appareils Atmos. 

Le mixage en Dolby Atmos permet d’affiner avec plus de précision les transitions spatiales, garantissant une meilleure adaptation sur de nombreux appareils. 

Un mixage inédit 

Pour effectuer un mixage en Dolby Atmos, l’ingénieur du son Denis Caribaux exploite un équipement entièrement numérique, avec pour élément central une console Sony OXF-R3 de 120 voies mono permettant de travailler indépendamment chaque instrument et voix, puis de les mixer de la manière la plus harmonieuse possible. À ce stade, il n’y a aucun changement dans le processus de travail en comparaison à un enregistrement stéréo, excepté que le mixage exporté par la console n’est pas en stéréo, mais en 7.1. 

Les débuts du mixage s’effectuent de manière classique, avec une table Sony OXF-R3 de 120 voies mono pour le studio Guillaume Tell. 

Le placement des effets Atmos s’effectue ensuite à partir d’un logiciel de RMU (Renderer Master Unit) propre à Dolby. Dans celui-ci, l’ingénieur du son peut déplacer librement chaque boucle dans toutes les directions, puis le logiciel se charge de les reproduire dans l’espace à travers un fichier Atmos discret, c’est-à-dire doté de plusieurs canaux (jusqu’à 128) pour alimenter toutes les enceintes d’un système Dolby Atmos. Ce fichier subit ensuite une phase de mastering avant d’être exporté à destination des plateformes comme Apple Music ou Tidal, tous deux compatibles Atmos. 

Les effets Dolby Atmos prennent forment à partir d’un logiciel de rendering propre à Dolby et dans lequel l’ingénieur du son peut déplacer librement chaque son dans l’espace. 

Ce logiciel Dolby est également capable de transcoder le mixage multicanaux Dolby Atmos en un rendu stéréo optimisé pour l’écoute au casque. On parle alors de Dolby Atmos binaural. C’est notamment ce mixage qui est utilisé lors de l’écoute des titres Atmos d’Apple Music avec un casque, tandis qu’avec un amplificateur home-cinéma ou une barre de son Atmos, la lecture se base sur l’Atmos discret.  

En quoi le Dolby Atmos révolutionne-t-il l’écoute musicale ? 

Le Dolby Atmos apporte aux artistes plus d’espace et de liberté pour réaliser pleinement leur vision créative. Ils disposent de plus de profondeur et de flexibilité pour placer les différents instruments et les voix dans l’espace. Selon l’ingénieur du son Denis Caribaux, c’est comme passer de la mono à la stéréo, mais avec encore plus de flexibilité. Un des avantages de travailler avec une scène sonore élargie est de pouvoir espacer les différents accords et instruments pour les détacher de manière plus tangible. Habituellement, un matériel hi-fi de haute qualité est nécessaire pour profiter d’une grande profondeur sonore et d’un détachement efficace des différents registres en stéréo. Avec le Dolby Atmos, l’ampleur de la scène apporte un relief supplémentaire et permet une séparation plus efficace de chaque détail, même sur un système plus modeste, que ce soit un ensemble Dolby Atmos composé de plusieurs enceintes, d’une barre de son, d’une enceinte connectée ou même d’un casque stéréo grâce à l’Atmos binaural. Les choix artistiques et le travail de l’ingénieur du son sont ainsi plus facilement conservés et perceptibles par l’auditeur. L’avantage du Dolby Atmos en musique est donc de rendre tous ces éléments accessibles avec des équipements simples.

Le Dolby Atmos promet une séparation plus efficace de chaque registre, même sur un système plus modeste ou un casque stéréo.  

Le Dolby Atmos à l’écoute

Après la découverte du processus créatif des musiques en Dolby Atmos, nous avons pu profiter de sessions d’écoute privées dans ce haut lieu parisien. Denis Caribaux attache une affection particulière au titre Rocketman d’Elton John remixé en Dolby Atmos et on comprend immédiatement cette passion dès la diffusion du morceau dans le studio. On redécouvre cette œuvre avec stupéfaction et engouement. La voix d’Elton John s’incarne juste devant nous avec une hauteur saisissante, tandis que les accords de la guitare sont transparents et se détachent très précisément sur les côtés de la scène. L’ensemble est accompagné par des chœurs envoûtants qui semblent provenir en partie de l’arrière, tandis que de nombreux effets semblent nous survoler, comme le ferait la réverbération naturelle d’une salle. Le mixage Atmos de ce titre apporte la sensation de baigner dans la musique, d’être plongé en plein cœur d’un concert. Cette sensation d’espace est également assez bien préservée lors de l’écoute de ce même titre en binaural, avec un casque stéréo. Le résultat est bien évidemment différent qu’avec les enceintes Atmos, mais on note un étagement plus large et assez intéressant entre les différents plans.  

Le mixage en Dolby Atmos nous fait redécouvrir le titre Rocketman d’Elton John qui semble plus envoûtant et vivant que jamais auparavant. 

Sur le titre Believers du groupe de pop rock américain Imagine Dragons, l’arpège est très présent entre les enceintes Atmos frontales et stéréo. Le pincement des cordes de la guitare prend forme de manière inédite et se détache efficacement des autres arrangements, malgré son positionnement en arrière-plan. La hauteur de la scène profite aux percussions qui gagnent en impact et en puissance. Les basses circulent autour de nous de manière étonnante et renforcent l’immersion, ainsi que l’effet bulle sonore. 

Le Dolby Atmos va t-il remplacer la stéréo ? 

La production musicale en Dolby Atmos n’en est qu’à ses prémices, mais dispose de tout le potentiel nécessaire pour offrir une plus grande liberté de création aux artistes. Même s’il est possible de remixer des anciens enregistrements en Dolby Atmos avec un résultat très concluant comme le démontre le titre Rocketman d’Elton John, la force de ce nouveau format peut encore être décuplée lorsque la production Atmos est pensée dès la phase d’enregistrement. Il est ainsi possible de capter fidèlement le son d’une salle telle que celle de la Scala de Milan ou de la Philharmonie de Paris, pour en proposer un rendu en Dolby Atmos, comme si l’auditeur était dans la salle. Le Dolby Atmos semble ainsi suffisamment révolutionnaire et avoir toutes les cartes en main pour s’imposer dans nos habitudes d’écoute, que ce soit en binaural ou idéalement avec un système home-cinéma ou une barre de son compatible.

Avec la musique en Dolby Atmos, il est possible de restituer fidèlement l’acoustique de la salle, comme ici dans la salle d’enregistrement A de 300 m2 du studio Guillaume Tell. 

En revanche, seul l’avenir révélera si l’écoute musicale en Dolby Atmos va s’imposer face au stéréo, mais à ce stade il est plus probable que les deux formats continuent de coexister durant encore de nombreuses années. Le son stéréophonique est en effet une norme établie depuis plus d’un demi-siècle, avec des millions de titres stéréo qu’il serait impossible de remixer en Dolby Atmos. Ce mix en Atmos n’est de plus pas judicieux sur toutes les musiques et doit être effectué de manière délibérée par l’artiste. Par conséquent, on peut s’attendre à un essor massif de nouvelles productions en Dolby Atmos, ainsi qu’à de nombreux albums remasterisés, mais pas à un remplacement total de la stéréo.   

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1 commentaire

  1. « …et entame l’une des révolutions les plus fulgurantes de l’univers musical depuis l’avènement de la stéréo » : attention aux formules dythirambiques, on se souvient tous de la 3D en home-cinema qui a été un feu de paille et pour laquelle on avait annoncé une révolution millénaire.
    En fait tous les 2-3 ans les fabricants font semblant d’avoir redécouvert le graal en matière audio-visuel en espérant que tout le monde va se précipiter pour changer son système hifi et/ou home-ciné avec du gros bénéf à la clé, et la bénédiction des distributeurs comme il se doit.
    En fait la seule vérité c’est que plus on nous prend pour des abrutis, moins on a envie de dépenser notre fric…

    J’aime bien votre conclusion toutefois, qui est pleine d’objectivité.

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