Les designers et artistes à l’origine des pochettes d’album les plus emblématiques

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Mis à jour le 29 avril 2024

Avant l’avènement de la musique numérique et du streaming, la pochette d’un album était un support privilégié, offrant une représentation visuelle de l’œuvre. Si l’essence d’un disque réside bien sûr dans le son, la pochette joue un rôle essentiel en ajoutant une intrigue visuelle et en construisant un univers autour de l’album et de ses créateurs. Voici un tour d’horizon de 10 artistes et graphistes qui ont laissé une empreinte durable sur le monde de la musique.


Hipgnosis : Pink Floyd, Led Zeppelin, T.Rex…

Pochettes Pink Floyd, Led Zeppelin, T.Rex
Hipgnosis est le studio créatif à l’origine de nombreuses pochettes d’albums de Pink Floyd, mais aussi de celles de T. Rex, Led Zeppelin et bien d’autres.

Le studio anglais Hipgnosis a laissé son empreinte sur le monde de la musique en réalisant des pochettes d’albums pour des légendes comme Pink Floyd, Paul McCartney, Genesis et Led Zeppelin. L’aventure d’Hipgnosis débute en 1968, lorsque Aubrey Powell et Storm Thorgerson sont chargés de concevoir une pochette pour leurs amis, qui ne sont autres que les membres de Pink Floyd.

Initialement soutenus par leur réseau et leurs tarifs compétitifs, Powell et Thorgerson décrochent le jackpot en 1973 lorsqu’on leur demande de créer une pochette pour House of the Holy de Led Zeppelin. La même année, les deux graphistes élaborent ce qui deviendra leur véritable chef-d’œuvre : la mythique pochette de The Dark Side of the Moon. Powell trouve l’inspiration pour créer le légendaire prisme triangulaire et l’arc-en-ciel après avoir vu une photographie du soleil brillant à travers un presse-papier en verre. Cette pochette d’album est devenue un élément tellement incontournable de la culture pop qu’on la retrouve sous de nombreuses formes, y compris dans la platine vinyle hi-fi en édition limitée de la marque autrichienne Pro-Ject !

Peter Saville : Joy Division et New Order

Pochettes Joy Division Unknown Pleasures et New Order Power, Corruption and Lies
Deux des plus célèbres pochettes d’album de Peter Saville sont celles réalisées pour Unknown Pleasures de Joy Division et Power, Corruption & Lies de New Order.

Peter Saville, originaire de Manchester et cofondateur de Factory Records, s’est imposé comme une figure centrale du design de pochettes dans les années 1980. Bien qu’il ait travaillé pour divers groupes, ce sont ses collaborations avec New Order et Joy Division qui restent les plus célèbres.

L’une des créations les plus emblématiques de Saville est la jaquette pour l’album Unknown Pleasures de Joy Division, sorti en 1979. À propos de sa création, Saville explique : « Le motif des ondes était tellement pertinent. Il provient du CP 1919, le premier pulsar, et il est donc probable que ce graphique provienne de l’Observatoire Jodrell Bank, qui se trouve à proximité de Manchester et donc du groupe Joy Division. Et c’est à la fois technique et sensuel. C’est précis, comme le jeu de batterie de Stephen Morris, mais c’est également fluide : beaucoup de personnes pensent qu’il s’agit d’un battement de cœur. »

Dans l’ensemble de son œuvre, Saville associe habilement des images anciennes à des motifs postmodernes et s’inspire de l’artiste allemand Jan Tschichold, façonnant ainsi un langage visuel unique.

David Stone Martin : l’esthétique jazz

Pochettes Machito, Charlie Parker, Billie Holiday et The Lionel Hampton Quartet
L’artiste David Stone Martin a créé des pochettes d’albums pour de nombreux musiciens de jazz, tels que Machito, Charlie Parker, Billie Holiday et Lionel Hampton.

Né à Chicago, David Stone Martin était un illustrateur américain prolifique qui a réalisé plus de 400 pochettes d’albums. Il étudie à l’Art Institute de sa ville avant de devenir un créateur de pochettes d’albums de renom, un parcours motivé par son amitié avec la pianiste Mary Lou Williams.

Caractérisé par des lignes noires franches et des aplats de couleurs vives capturant l’essence des musiciens, le style de Martin est devenu synonyme de l’esthétique des albums de jazz. Son portfolio comprend des portraits et des pochettes pour un grand nombre d’artistes, dont Stan Getz, Count Basie, Charlie Parker, Billie Holiday, Art Tatum, John Coltrane, Ella Fitzgerald et Dizzy Gillespie. Dans les années 1940 et 1950, il contribue largement à l’identité visuelle de labels tels que Asch Records, Clef Records et Jazz at the Philharmonic.

Peter Blake : The Beatles – Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band

Pochette Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles
Peter Blake est l’artiste à l’origine de l’iconique pochette de l’album Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band des Beatles, considérée comme la plus célèbre pochette d’album de tous les temps.

Sans doute la pochette d’album la plus célèbre de tous les temps, le visuel de l’album Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band des Beatles (1967) a été créé par l’artiste pop art Peter Blake et sa femme Jann Haworth. Le parcours artistique de Blake commence de manière inattendue. Alors qu’il se destine à une carrière d’électricien, il découvre son talent pour l’art après avoir passé un examen de dessin, qu’il réussit haut la main.

Pour Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, Blake transforme une esquisse de Paul McCartney en un décor éclatant dans son studio, avec des parterres de fleurs, des statues et des photos de diverses célébrités collées sur du carton. Malgré la notoriété de cette œuvre, Blake ne reçoit qu’une modeste somme de 200 livres sterling pour ses efforts, sans droits d’auteur. Néanmoins, il travaillera par la suite pour d’autres groupes célèbres tels qu’Oasis et The Who.

Andy Warhol : The Velvet Underground, The Rolling Stones…

Pochettes The Velvet Underground & Nico et The Rolling Stones Sticky Fingers
Parmi les meilleures pochettes d’album d’Andy Warhol figurent The Velvet Underground & Nico (1976) et Sticky Fingers des Rolling Stones (1971).

Nul besoin de présenter Andy Warhol, le plus célèbre représentant du mouvement pop art. À la fin des années 50, alors qu’il est encore un artiste émergent cherchant du travail, Warhol est engagé par RCA Records pour concevoir plusieurs pochettes d’album.

Bien qu’il diversifie par la suite sa pratique artistique, il reste attaché à la réalisation de ces pochettes, créant notamment des illustrations pour les Rolling Stones. En effet, ces derniers payèrent à Andy Warhol 15 000 livres sterling pour la pochette de leur album Sticky Fingers, sorti en 1971. Une somme considérable à l’époque, mais qui s’est avérée être un investissement rentable, puisque Sticky Fingers figure toujours parmi les plus grandes pochettes d’album de tous les temps.

Une autre entrée notable dans le portfolio d’Andy Warhol est la pochette de l’album The Velvet Underground & Nico, sorti en 1967. Immédiatement reconnaissable à sa banane jaune vif, les premiers exemplaires de l’album comportent un aspect interactif, invitant les mélomanes à « peel slowly and see » (éplucher lentement pour voir) pour révéler une banane de couleur chair. Un concept qui nécessite un processus de fabrication spécialisé, entraînant des retards dans la sortie de l’album. Néanmoins, MGM prend en charge les frais de production, reconnaissant la possibilité de stimuler les ventes grâce à la contribution de Warhol.

Ed Thrasher : Jimi Hendrix, Prince, The Grateful Dead…

Pochettes Jimi Hendrix, Grateful Dead, Prince et Joni Mitchell
Ed Thrasher était le directeur artistique à l’origine des pochettes d’albums de nombreux artistes, tels que The Jimi Hendrix Experience, Grateful Dead, Prince et Joni Mitchell.

Né en 1932, Ed Thrasher était un artiste et photographe américain accompli, ainsi qu’un directeur artistique visionnaire. Avec un sens aigu du détail, il était capable de réunir les meilleures équipes de photographes, de typographes et d’illustrateurs pour créer des pochettes d’album qui deviendraient aussi mémorables que la musique elle-même.

Après avoir servi dans la marine américaine pendant la guerre de Corée, Thrasher développe sa passion pour l’art et l’illustration au Trade Tech College de Los Angeles. Il travaille ensuite pour Capitol Records, d’abord en tant qu’assistant au département artistique, avant d’accéder au poste de directeur artistique et de perfectionner ses talents de photographe. En 1964, il rejoint Warner Brothers, où il occupe le poste de directeur artistique en chef de la division musicale. Là, il collabore avec un large éventail de musiciens estimés, apportant son expertise photographique à des albums légendaires tels que Are You Experienced? de Jimi Hendrix Experience, Song to a Seagull de Joni Mitchell, Anthem of the Sun des Grateful Dead et My Way de Frank Sinatra.

Tout au long de sa carrière, Ed Thrasher reçoit douze nominations aux Grammy Awards pour son travail de directeur artistique entre 1962 et 1974. En 1979, il fonde une société de publicité chargée de créer des œuvres d’art pour des films, dont Purple Rain de Prince.

Mick Rock : Lou Reed, David Bowie, Iggy Pop, Queen…

Pochettes Lou Reed, David Bowie, Queen et Iggy Pop and The Stooges
Mick Rock, figure emblématique de la scène artistique des années 1970, a capturé les images figurant sur les pochettes des albums Transformer de Lou Reed, Pinups de David Bowie, Queen II de Queen et Raw Power d’Iggy Pop and The Stooges.

Surnommé « l’homme qui a photographié les années 1970 », Mick Rock est un photographe britannique reconnu pour sa contribution à de nombreuses pochettes d’albums emblématiques d’artistes révolutionnaires tels que David Bowie, Iggy Pop, les Ramones, Queen et Lou Reed.

Le parcours de Rock dans la photographie commence alors qu’il étudie à Cambridge. En expérimentant avec l’appareil photo d’un ami, il a commencé à documenter la scène musicale rock locale, nouant des amitiés et des connexions importantes, notamment avec Syd Barrett de Pink Floyd. Tout au long de son illustre carrière, l’objectif de Rock a capturé une multitude de musiciens, à travers tous les genres et toutes les générations, des Misfits à Snoop Dogg, de Daft Punk à Lady Gaga, et bien d’autres encore. Outre la création de pochettes d’albums, il réalise des clips pour David Bowie et travaille sur le plateau du film Rocky Horror Picture Show.

Jean-Paul Goude : Grace Jones

Pochettes Island Life et Nightclubbing de Grace Jones
Les étonnantes pochettes de Island Life et Nightclubbing ont été créées par l’artiste français Jean-Paul Goude.

Jean-Paul Goude, artiste français aux multiples talents, présente un portfolio varié qui englobe le graphisme, l’illustration, la photographie et la mise en scène. Il a travaillé comme directeur artistique au magazine Esquire à New York dans les années 1970 et a chorégraphié le défilé du bicentenaire de la Révolution française en 1989. En outre, il a prêté ses talents créatifs à de nombreuses campagnes de publicité.

Dans les années 1980, Jean-Paul Goude trouve l’inspiration auprès de Grace Jones, mannequin devenue chanteuse de pop, et devient son collaborateur pour façonner son image distinctive. Goude joue un rôle essentiel dans la chorégraphie de ses performances sur scène, la réalisation de ses clips musicaux et la création de certaines de ses pochettes d’album les plus emblématiques.

Notamment, pour l’album Island Life, il utilise une approche innovante, photographiant le corps de Jones dans différentes poses avant de déchirer et de réassembler méticuleusement les images pour obtenir cette pose défiant la gravité qui est devenue iconique. La vision artistique de Goude célébrait également l’allure androgyne de Jones : « Je voulais mettre l’accent sur sa masculinité – utiliser ce que les autres considéraient comme une honte et le tourner à son avantage ». Une esthétique qui s’accorde parfaitement avec le son avant-gardiste de Grace Jones.

Mati Klarwein : Miles Davis, Santana…

Pochettes Miles Davis Bitches Brew et Santana Abraxas
Mati Klarwein a peint les images surréalistes utilisées pour les albums Bitches Brew de Miles Davis et Abraxas de Santana.

Mati Klarwein, peintre français d’origine allemande, est reconnu pour ses pochettes d’albums impressionnantes réalisées dans les années 1960 et 1970. Son travail s’inspire du surréalisme, de la culture pop, des divinités et du symbolisme.

Né à Hambourg, en Allemagne, Klarwein émigre avec sa famille en Palestine en 1934. Après plusieurs déplacements, il s’installe à Paris en 1948, où il poursuit des études artistiques à l’École des Beaux-Arts et devient l’apprenti de Fernand Léger, avant de croiser le chemin d’Ernst Fuchs. Klarwein voyage beaucoup dans les années 1950 avant de s’établir à New York dans les années 1960, où il rencontre Jimi Hendrix, qui lui confie la création de pochettes d’albums.

La réputation de Klarwein en tant qu’artiste de pochettes d’albums explose au début des années 1970, avec la création de plusieurs œuvres emblématiques. Certaines de ces illustrations datent des années 1960 et sont réutilisées comme pochettes, tandis que d’autres sont des commandes spécifiques réalisées sur mesure pour les disques. Sa collaboration avec Miles Davis sur la pochette de Bitches Brew illustre parfaitement sa fusion de motifs africains et orientaux pour créer une image onirique et surréaliste.

Jamie Reid : les Sex Pistols

Pochettes Never Mind the Bollocks Here's the Sex Pistols et God Save the Queen
Jamie Reid (16 janvier 1947 – 8 août 2023) était un artiste visuel anglais ayant notamment créé le logo des Sex Pistols et la pochette du single God Save the Queen, sans doute l’image la plus emblématique de la période punk.

L’artiste visuel Jamie Reid est à l’origine de certaines des œuvres graphiques les plus marquantes de la période punk. Inspiré par les affiches et les graffitis découverts lors d’un voyage à Paris au lendemain des manifestations de 1968, le travail de Reid comportait souvent des slogans créés à partir de lettres découpées dans des journaux, à la manière d’un courrier d’un corbeau, ainsi que des photos modifiées et des collages. Ces visuels dynamiques et anarchiques conviennent parfaitement au groupe punk Sex Pistols. Reid a en effet réalisé leur logo, la pochette de l’album Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, paru en 1977, ainsi que le célèbre visuel du single « God Save the Queen ».

La pochette : un moyen de soutenir les artistes

Si des pochettes d’album originales étaient autrefois un moyen d’attirer l’attention des mélomanes lorsqu’ils parcouraient les bacs de leur disquaire à la recherche d’une nouvelle pépite, elles sont aujourd’hui un moyen pour les artistes de se démarquer et de vendre davantage de supports physiques.

En effet, les créateurs étant parfois mal rémunérés par les services de streaming, l’une des meilleures façons de les soutenir est d’acheter leur musique en format vinyle ou CD. De cette façon, vous pouvez soutenir vos chanteurs et musiciens préférés, tout en profitant d’une belle œuvre d’art que vous pourrez exposer chez vous.

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Kate
Traductrice et rédactrice avec des goûts très éclectiques en matière de musique et de cinéma. Lorsque je ne suis pas au travail, vous pouvez me retrouver en train de regarder “Lost in Translation” de Sofia Coppola pour la centième fois, ou d’écouter un disque de David Bowie, Kate Bush, Joy Division ou Daft Punk sur ma platine Rega Planar 1. Étant d’origine britannique, je suis également adepte de séries à l’humour absurde comme Monty Python’s Flying Circus et The Mighty Boosh !

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