Le disque vinyle connaît depuis quelques années un retour fulgurant, aussi bien auprès des personnes ayant connu l’époque de la galette noire que des générations ayant grandi avec les CD ou les fichiers numériques. Cette croissance inattendue a même su résister à la pandémie et les ventes de vinyle ont augmenté de 10,2% en France en 2020 selon le bilan annuel du Snep (Syndicat national de l’édition phonographique). Pour contextualiser cette hausse des ventes, le CD a connu quant à lui une baisse de 27,1% sur la même période et le même marché. Tout cela à l’heure de la musique dématérialisée reine et après une année marquée par la fermeture des points de vente lors des premiers confinements, les disquaires ayant été reconnus « commerces de première nécessité » au même titre que les libraires.

Cependant, cet engouement pour le support pourrait bien être freiné par un accord commun entre les trois majors de l’industrie musicale. Universal, Warner et Sony ont pris la décision d’augmenter le prix des disques vinyle de manière considérable. Cette décision pourrait bien se répercuter sur l’ensemble du marché, notamment les plus petites structures tels que les labels et disquaires indépendants qui devront obligatoirement s’adapter pour continuer à exister au sein de cette industrie.

Nous pourrions donc connaître une hausse des prix de 100% voire plus sur les productions à venir ainsi que sur les albums sortis il y a plusieurs décennies. C’est ce que présente le GREDIN, le syndicat professionnel des disquaires indépendants français, qui tire la sonnette d’alarme dans un communiqué du 22 juin 2021 :
“Les prix hors taxes ont pris entre 0.50 € et 19 € d’augmentation selon les références. Sans entrer dans des détails comptables trop accablants, prenons un exemple pour bien comprendre de quoi nous parlons :
Hier, pour le simple vinyle de Téléphone Dure Limite vendu par Warner aux disquaires 12,49 € HT le prix public était environ à 21,30 € TTC. […] Le nouveau tarif de Warner pour ce même album est aujourd’hui de 30,05 € HT. Basculant ainsi le prix de vente public à environ 51 € TTC. […] Il paraît peu probable que la maison de disque ait encore besoin de rentabiliser cet album sorti en 1982 et vendu à plus de 400 000 exemplaires.”
Les majors en question invoquent le coût de la matière première pour justifier cette augmentation. En effet, le prix du polymère est en constante augmentation depuis 2015. La différence de coût se répercuterait donc sur le produit final et serait à la source de cette hausse soudaine du prix du vinyle. Le Gredin soulève cependant quelques incohérences, comme par exemple le fait que changement de prix est différent d’un disque à l’autre et peut varier de 1,66 € à 16 €.
On pourrait s’attendre à l’arrivée de cette augmentation au mois d’octobre 2021 en France. Celle-ci a cependant déjà eu lieu aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le marché du vinyle, ayant redonné vie au support musical physique face à la popularité grandissante des services de streaming, sera-t-il capable de survivre à cette augmentation ?
Je crois pas un seul instant à l’explication de la hausse du coût du polymère. Je crois que les majors se sont mis d’accord depuis longtemps pour toucher le jackpot : d’abord ils ont maintenu un prix assez stable pour le vynile jusqu’à ce qu’un max de gens s’équipent de platines phono, ensuite ils font une hausse brutale sachant que ces gens auront de toute façon besoin d’acheter des disques pour rentabiliser leur investissement. C’est ce qu’on appelle des clients captifs…
Je suis tout à fait de votre avis. Ce qui est surprenant c’est qu’après avoir abusé de leur position pendant des décennies (aussi bien auprès des acheteurs que des artistes), les majors se sont positionnées en victimes lors de l’avènement des plateformes de téléchargement p2p. Il reprennent cependant exactement le même schéma. La cupidité rendrait-elle la mémoire courte ?
Si tous les acteurs font ça de concert ..Cela s’appel une entente sur les prix, non !? Ce n’est pas trop légal !?
Mais c’est clair qu’a 50 euros le disque de téléphone, que l’on trouve à la pelle en brocante, ça sera sans moi, même si je collectionne le vinyle depuis 15-20 ans.
Déjà que je n’en achète pas beaucoup en neuf car 20-30 euros le disque alors que le même en CD coute 2 fois moins, et que dire des rééditions pour lesquelles on trouve encore (pour combien de temps) les originaux pour une bouchée de pain en brocante ou chez Emmaus !
Mais c’est bien mes disques achetés 1euro je vais pouvoir les revendre 20 !!!
N’importe quoi … ou comment se tirer une balles dans le pieds …wait and see (comme on dit dans une autre paroisse ou règne le culte du profit 🙂 )
L’année à venir va effectivement être intéressante en ce qui concerne les chiffres pour l’achat de vinyle en comparaison du streaming. Tout particulièrement compte tenu du fait que certaines grandes chaînes commencent à retirer les CD de leurs rayons.
il n’y a aucun moyen de contourner ces Majors ? au bout d’un temps l’œuvre ne revient pas à l’artiste ? D’ailleurs un article sur les droits dans la musique serait très intéressant je pense
Idée très intéressante ! Certains disquaires indépendants ont d’ores et déjà annoncé que les artistes signés sur une major ne seront plus distribués pour ne pas avoir à augmenter les prix de la sorte.
Pour ce qui est des artistes, tout dépend du contrat. Les contrats des majors contiennent une clause stipulant que les droits leur appartiennent à perpétuité et dans tout l’univers (« Label shall be the exclusive, perpetual owner of all Masters throughout the universe »). Le seul moyen pour les artistes est de pouvoir racheter leur catalogue, comme ce fut le cas pour Metallica en 2012 par exemple. Mais tous les artistes n’ont pas le porte-monnaie de ces derniers.
C’est quand même incroyable, les majors ne se rendent pas compte que les gens n’achèteront plus de vinyle. Ou alors que d’artistes indépendant.
Peut être que la vente de cd va repartir à la hausse vu que les gens ne mettrons plus entre 30 et 50€ dans un album.
Le capitalisme est en train de devenir une parodie de lui même !