EN RÉSUMÉ
Qu’ont-elles donc en commun ? Sur le papier, rien. À l’écran, tout. En revisitant la vie et la carrière de la diva de la variété pop Céline Dion qu’elle a rebaptisée Aline pour se sentir plus libre, Valérie Lemercier prend le contrepied absolu du cynisme et de l’ironie attendus, voire espérés par beaucoup. « J’ai d’abord adoré la chanteuse, puis admiré la femme », dit elle sans l’ombre d’un second degré. « Quand je suis devenue moi-même « célèbre », j’ai été ébahie, presque jalouse, par sa façon d’établir le lien avec son public, de tout partager avec ses fans, d’assumer son histoire d’amour avec un homme de vingt-six ans son aîné, alors que de mon côté, je suis tout le contraire de ça ».

Avec une franchise qui a beaucoup surpris, elle a même confessé « une fascination un peu inquiétante » à son égard. « Je connais sa vie par cœur », poursuit-elle. « Le jour de l’enterrement de son René, j’ai revêtu une tenue de deuil chez moi et j’ai pleuré en regardant la cérémonie, c’était plus fort que moi. C’est ce jour-là que je suis devenue elle ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, quatre ans plus tard, elle se soit attelée au stupéfiant portrait dont elle est à la fois l’initiatrice, la réalisatrice, la coproductrice, l’interprète principale et la coscénariste.
Résultat, c’est bien simple : voilà une des très rares fois où le regard d’une cinéaste, l’écriture d’un scénario, les choix d’une mise en scène et les partis pris d’interprétation irradient d’un amour comparable pour un même personnage. Car, à des années-lumière de l’admiration hagiographique et ripolinée dont témoigne l’écrasante majorité des biopics, c’est avec une sorte d’empathie émerveillée, fruit d’un assez miraculeux travail d’équilibriste, que notre Valérie observe, habite et bénit son Aline.
Hormis sa voix prodigieuse dont nul ne songe à contester les qualités objectives, tout ce qui fait habituellement l’objet de railleries chez les détracteurs de Céline Dion se voit ici environné d’un respect tellement sincère qu’il en devient authentiquement touchant. On défie ainsi quiconque de ricaner lorsque l’impressionnante différence d’âge entre la chanteuse et son agent-pygmalion débouche sur une histoire d’amour à serrer le cœur tout en atomisant au passage un bon nombre de tabous. On rit parfois très fort (irrésistible insistance phonétique autour du mot « Vatican »), on est constamment au spectacle, on frissonne, on finit même un peu chamboulé… Osera-t-on avouer que, le 25 février dernier, nous avons poussé un cri de joie lorsque le César de la meilleure actrice est venu couronner cette incarnation ? Allez, on ose.
DU CÔTÉ DES BONUS
La démonstration par l’exemple qu’on peut faire court et formidablement substantiel tant les trois mini-modules proposés (le plus long dépasse à peine plus de trois minutes) regorgent d’interviews et de coulisses qui, grâce à un magistral travail de sélection comme de montage, balayent tout ce qu’il faut savoir sur le film, sa genèse, sa direction artistique, sa musique ou encore ses effets spéciaux.

AVIS TECHNIQUE
Rutilantes de vivacité et de définition, les images magnifient constamment la reconstitution d’époque, la largeur des cadrages et les spectaculaires séquences de concerts. Quant à la restitution sonore, elle mérite haut la main un Top de finesse générale et, quand il le faut, d’énergie musicale.
LE MOT DE LA FIN
Dans le registre « bien meilleur qu’on ne s’y attendait », voilà ce qu’on a vu de plus imparable depuis bien longtemps.