EN RÉSUMÉ
« Il y a davantage de chances d’approcher la vérité de la préhistoire et des dinosaures que celle des Vikings », reconnaît l’historien français Régis Boyer. « La réalité ne m’intéresse pas », lui répond sans le savoir le réalisateur américain de The Northman Robert Eggers. « Le dernier grand film de Vikings remonte à 1958, et je me suis dit qu’il était temps de redonner un coup de fouet au genre en abordant sa mythologie avec toute la liberté graphique et narrative qu’autorisent notre époque et ses technologies. »
Tourné par Richard Fleisher avec Kirk Douglas et Tony Curtis dans les rôles principaux, le film auquel il fait allusion, simplement intitulé Les Vikings, était de fait un ample récit d’aventures aux ambitions « réalistes ». « Contrairement par exemple à l’Empire romain, il existe très peu de témoignages fiables sur ce peuple », embraye le créateur de la récente série éponyme Michael Hirst. « Aucun mémorialiste de l’époque n’a précisément consigné le quotidien, les faits d’armes, l’organisation, le quotidien ou les mœurs de ses membres. »
Depuis 1907, année où les Vikings firent leur entrée sur les écrans grâce à l’Anglais Lewis Fitzhamon via The Viking’s Bride et au Danois Viggo Larsen avec Vikingeblod, force est de constater que l’approximation à plus ou moins grand spectacle a servi d’unique boussole aux cinéastes. Il faudra attendre Valhalla rising – Le Guerrier silencieux (rebaptisé Le Guerrier des ténèbres pour sa sortie française en Blu-ray), somptueuse, contemplative et sauvage méditation poétique orchestrée en 2009 par Nicolas Winding Refn avec Mads Mikkelsen, pour que le genre d’affranchisse enfin de toute espèce d’authenticité.
Avec The Northman, Robert Eggers pousse le bouchon encore plus loin en inscrivant son histoire somme toute classique de vengeance (un prince cherche à retrouver celui qui assassina son royal père sous ses yeux d’enfant terrorisé) dans un environnement où le comble de la barbarie sanglante rejoint le comble du fantastique légendaire. Carnages inouïs, visions hallucinées, personnages hissés au rang de totems shakespeariens… Épaulé par une mise en scène aux antipodes des clichés hollywoodiens et des effets spéciaux parfois ensorcelants, son film bouscule toutes les habitudes et impose fièrement sa flamboyante identité.
DU CÔTÉ DES BONUS
Très bon commentaire audio du réalisateur, pour autant non dénué d’humour ni de recul sur son travail ; making-of classique en 6 parties sur les personnages, l’adaptation, les recherches historiques et les splendides extérieurs ; 9 courtes scènes finalisées coupées (dont une avec le fantôme du défunt roi) pour raison de durée globale.
AVIS TECHNIQUE
Tous deux assortis de VO Dolby Atmos, le Blu-ray et l’UHD Blu-ray restituent un très beau travail de spatialisation sur les voix et utilisent les canaux d’élévation pour certains déplacements à l’étage des habitations tout en décuplant le grondement des volcans, le choc des lames ou encore les ambiances de massacres et de batailles.
Côté images, l’intensité des torches dans l’obscurité ou l’éclat de la lune ainsi que les variations volontaires de couleurs vertes et bleues s’épanouissent encore mieux grâce à l’apport du Dolby Vision, qui offre une restitution là-aussi plus exemplaire des séquences en noir et blanc grâce à des contrastes plus nuancés. Idem pour le final dans la fumée des cendres et les coulées de lave.
LE MOT DE LA FIN
À ce jour, le film « définitif » sur les Vikings, dont l’audace tant formelle que narrative se voit offrir un écrin audiovisuel de tout premier ordre.
Retrouvez tous les tests Blu-Ray dans la rubrique « Tests Blu-ray – Les Années Laser ».
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