Taxe sur le Streaming : vers une augmentation des coûts de l’abonnement ? 

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Mis à jour le 18 décembre 2023

Cette semaine, le gouvernement français a annoncé la mise en place d’une taxe sur les revenus des plateformes de streaming musical dès 2024. Une contribution qui cible le chiffre d’affaires de ces plateformes pour financer l’industrie musicale française. Mais ce nouvel impôt pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’avenir du streaming en France et sur le prix des abonnements. 

Pourquoi taxer le streaming musical ? 

Cette initiative française vise principalement à financer le Centre National de la Musique (CNM). Cet organisme créé en 2020 sur le modèle du Centre National du Cinéma (CNC) est dédié à la promotion et au financement de projets musicaux et artistiques. Actuellement, les festivals, salles de concert et producteurs de spectacles contribuent déjà au Centre National de la Musique (CNM) à hauteur de 3,5 % sur leurs revenus. L’introduction de la nouvelle taxe sur les revenus du streaming vise à impliquer davantage d’acteurs du secteur musical dans le financement de cet organisme. Cette taxe, fixée à 1,75 % des revenus pour les plateformes de streaming, ne s’applique cependant pas uniformément à toutes les entreprises. Une disparité qui suscite de vives réactions au sein de l’industrie musicale.

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La nouvelle taxe sur les plateformes de streaming musical devrait financer le CNM pour promouvoir la création artistique en France. 

Spotify menace de déserter la France 

L’annonce de cette nouvelle taxe sur les revenus des plateformes de streaming a suscité de vives réactions de la part de ces dernières. Antoine Monin, directeur général de Spotify France, a exprimé son mécontentement lors d’une intervention sur Franceinfo. Selon lui, l’instauration de cette taxe représente un sérieux revers pour le secteur de la musique, l’innovation et les plateformes indépendantes européennes telles que Spotify ou Deezer. Il considère également cette décision comme une grave erreur stratégique qui va à l’encontre des intérêts de souveraineté économique, culturelle et technologique de l’Europe. Il soulève des questions sur la pérennité de ces plateformes en France sous ces nouvelles conditions, mettant en doute les décisions d’investissement dans le pays par rapport à d’autres marchés européens comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la Suède. 

Spotify perçoit cette nouvelle taxe comme une mise en péril de son modèle économique très fragile. En effet, malgré un chiffre d’affaires de dix milliards d’euros en 2022, l’entreprise suédoise n’est toujours pas rentable. “Nous versons 70 % de nos revenus aux ayants droit de la musique, vous ajoutez à cela une TVA à 20 %, une taxe sur les services numériques à 3 %, une taxe sur les services vidéo à 5 % et maintenant une taxe streaming à 1,75 %. Comment voulez-vous que nous puissions opérer sur un marché comme la France ?”, déclare Antoine Monin qui conclut en mentionnant que l’Hexagone ne sera désormais plus une priorité pour Spotify. 

Avec la multiplication des taxes, la plateforme suédoise Spotify annonce que la France ne sera plus une priorité dans sa stratégie de développement. 

Le prix des abonnements va-t-il augmenter ? 

Face à la nouvelle taxe imposée par la France sur les plateformes de streaming, Spotify est encore en réflexion quant à son approche pour y faire face. Antoine Monin, a indiqué que la plateforme n’a pas encore déterminé comment elle intégrera cette taxe dans son modèle économique. Pour l’heure, une hausse des tarifs d’abonnement n’est pas à l’ordre du jour. Cependant, Monin n’exclut pas cette possibilité à l’avenir, estimant qu’une augmentation de 10 % des prix serait nécessaire pour compenser l’impact financier de cette contribution. Parallèlement, la réaction de Deezer, numéro deux du streaming en France, est scrutée de près. Stéphane Rougeot, directeur général adjoint de Deezer, avait précédemment exprimé sur BFM Business que l’entreprise pourrait être contrainte d’augmenter ses tarifs d’abonnement si la taxe était appliquée. 

Deezer avait préalablement annoncé que si la taxe sur le streaming était actée, il serait contraint d’augmenter le tarif de ses abonnements. 

Quelles solutions à l’avenir ?  

Pour financer le Centre National de la Musique (CNM), Antoine Monin suggère une approche inclusive impliquant l’ensemble du secteur de la musique. Sa proposition va au-delà des plateformes de streaming et englobe les ventes de vinyles, de CD, ainsi que les radios musicales. Monin souligne l’importance d’une contribution équitable de tous les acteurs du milieu musical. Il rappelle également l’accord initial avec le gouvernement, qui intégrait les producteurs, les organismes de gestion collective tels que la Sacem, et les plateformes de streaming dans les discussions. Monin critique la décision actuelle du gouvernement, la qualifiant d’inéquitable et potentiellement dangereuse pour l’industrie musicale dont les prochaines semaines risquent d’être agitées. 

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1 commentaire

  1. Encore une taxe et des augmentations !! Que se soit pour la musique ou la vidéo on a vraiment l’impressions qu’ils veulent que le piratages repartent !! Ils ne comprennent pas que nos portes monnaies ne sont pas extensible !!
    Et il;me font bien rire chez spotify… une taxe de 1,75% …donc une augmentation de 10% !!

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