Mis à jour le 18 juin 2021.

EN RÉSUMÉ

Dans la nouvelle vague (le terme « tsunami » serait sans doute plus approprié) des relectures 2.0 des classiques Disney, on a vu ces derniers temps des réussites assez inattendues comme Aladdin ou Dumbo. Sachant que La Belle et le Clochard, Mulan. La Petite sirène, Pinocchio et autre Blanche Neige sont déjà sur les starting-blocks, on peut néanmoins s’interroger légitimement sur l’intérêt d’enclencher la photocopieuse à un rythme aussi soutenu. Désir de transmettre aux jeunes générations un héritage hors du commun mais jugé « dépassé » par l’aspect « antique » de leur animation originelle, quitte à profaner les souvenirs d’enfance des autres ? Opération purement mercantile destinée à étendre le monopole d’une compagnie déjà riche à milliards sur l’industrie du divertissement familial ? Toujours est-il que ce remake photo-réaliste du dernier grand dessin animé classique du studio constitue un prodigieux tour de force technique et recule certaines limites en matière d’illusion numérique. Tant qu’il reste fidèle à son modèle de 1994, tout est là : la splendeur visuelle comme l’émotion. Mais, au-delà quelques clins d’œil (à La Belle et la Bête, notamment) et autres changements plutôt bienvenus (Scar est plus menaçant, Nala est davantage présente, la chanson avec les hyènes est moins « dansée », le babouin Rafiki se pare d’une solennité nouvelle), l’ajout de certaines séquences (rencontre entre Simba et une antilope, un titre inédit de Beyoncé moyennement convaincant, la destinée d’un fragment de crinière emporté par le vent), la dilution du montage et les nombreuses pauses contemplatives sur les paysages créent une dilution de l’intrigue qui ne passe pas inaperçue.
AVIS TECHNIQUE
Somptueusement lumineuses et colorées, le niveau de définition des images sublime les fourrures au poil près, magnifie les cieux étoilés et donne aux éléments « naturels » (feuillages, roches, sable) une texture confondante d’authenticité. Il faut comme presque toujours chez Disney hausser le volume, mais une fois la manipulation effectuée, en route pour une magistrale restitution multidirectionelle où envolées orchestrales, chansons, bruits de la nature, rugissements, affrontements au corps à corps et, bien sûr, les basses de l’anthologique charge des gnous, composent une immersion de premier ordre, surtout en VO. Dommage cependant pour l’absence de pistes Atmos.
DU CÔTÉ DES BONUS
Beaucoup moins banale qu’on pourrait le craindre, l’introduction du réalisateur sur la nature numérique du film réserve un « twist » qui donne le « la » d’une interactivité étonnamment substantielle. D’abord avec le commentaire audio formidablement étoffé du même Jon Favreau ; ensuite via captivant making-of en trois parties de presque une heure, entrecoupé de retours sur le film original ; décryptage d’un égal intérêt de trois scènes musicales clés, entre comparatifs storyboards/résultat final, sessions d’enregistrements et étapes de l’animation… L’accès direct à huit chansons, la fonction karaoké, les deux clips et module sur une fondation destinée à la préservation des lions sont certes en net retrait, mais compte tenu du reste, on ne leur en tiendra pas rigueur.
EN RÉSUMÉ
Un remake Disney de plus qu’on peut juger facultatif, mais dont l’accomplissement audiovisuel et la richesse éditoriale font forte impression.
et étapes de l’animation