Qobuz : La chronique musicale de Charlotte

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Qobuz décrypte les sorties du moment à ne pas louper. Rééditions, Qobuzissime ou nouveautés : tout y passe.

Pas évident de s’y retrouver dans le flot de sorties d’albums, non ? Pas de problème, Qobuz s’en charge pour vous. Chaque semaine, notre rédaction épluche les plannings, (ré)écoute, sélectionne la quintessence des nouveautés et des rééditions, dans tous les genres, de l’obscur objet de désir aux icônes, en passant par des premiers et seconds albums récompensés par notre fameux Qobuzissime. Focus sur l’hommage vibrant à Timbuktu de la diva Oumou Sangaré, au retour du quatuor féminin Warpaint et des Black Keys.

Black Keys pour le nouvel album Dropout Boogie.

Oumou Sangaré – Timbuktu (Hi-Res)

Timbuktu, neuvième album d’Oumou Sangaré.

A la ville malienne gorgée d’histoire, carrefour de savoirs, situé au nord du fleuve Niger, profondément meurtrie par la guerre mais qui a aussi vu naître ses petits-enfants, Oumou Sangaré, venant du Wassoulou, au Sud, dédie son neuvième album. Un disque flamboyant entre musique malienne et blues américain, espoir et désespoir, qui fait suite au groovy Magoya (2011), sur lequel le Nigérian Tony Allen assurait la rythmique. Enregistré aux Etats-Unis pendant la pandémie, Timbuktu ouvre encore un peu plus le répertoire de la diva et réunit notamment Mamadou Sidibé au kamélé n’goni, le leader de trio blues-rock Delgrès, Pascal Danaë, à la guitare et Laurent Vernerey (ancien du groupe de Johnny Hallyday) à la basse. Au-dessus des rythmes frénétiques des percussions du Wassoulou (Kêle Magni) et des élans du blues électrique, plane la voix impératrice d’Oumou Sangaré. Grave et alourdie par la douleur, elle résonne dans un espace parfois minimal, l’instrumental et les chœurs féminins étant rangés au second plan (Kanou, Demissimw) ou s’envole allègrement sur les addictifs et dansants Wassulu Don et Sarama.

Warpaint – Radiate Like This (Hi-Res)

Six ans après leur dernier album, Warpaint sort leur quatrième album intitulé Radiate Like This.

C’est peu dire que les albums de Warpaint sont attendus. En douze ans, les quatre Californiennes ont égrené au compte-gouttes leurs projets communs. Il y a eu chez Rough Trade The Fool en 2010, Warpaint en 2014, Heads en 2016. Voici, six ans plus tard et pour la première fois chez Virgin, Radiate Like This, un quatrième disque qui prolonge ce désir pop, prégnant dans le précédent et qui s’éloigne un peu plus de la new wave eighties plus sombre dans laquelle ont été coulés les deux premiers opus. Elle irradie ici avec douceur, se faisant dream-pop sur Champion, vaporeuse sur Melting, plus lyrique sur Trouble ou prenant des airs de R&B sirupeux sur Stevie. La section rythmique se fait plus légère, comme sur Altar où prédomine le synthé. Et dans cette atmosphère ouatée générale où les voix fredonnent souvent en chœur -grande marque de fabrique de Warpaint- et se noient dans un instrumental feutré, Hips frôle avec les circonvolutions agitées du rock anatolien, tandis que la ballade soul-folk Send Nudes amorcée à l’acoustique dégage un espace intime clair, au plus près de l’auditeur, en clôture. Peaufiné en Californie et produit par le fidèle des débuts Sam Petts-Davies (Johnny Marr, Thom Yorke, Roger Waters), épaulé au mixage par Ewan Pearson et Tucker Martine, Radiate Like This était fin prêt depuis début 2020 mais la pandémie en a décidé autrement.

Black Keys – Dropout Boogie (Hi-Res)

La soul vintage est au coeur du nouvel album Dropout Boogie par le duo Black Keys.

Vingt ans déjà que les ex-ados, voisins dans un quartier d’Akron, dans l’Ohio, ont enregistré à l’arrache dans la cave de Pat The Big Come Up (2002), pépite 100% blues, qui reprend pour moitié ses légendes, Junior Kimbrough, Muddy Waters, R.L. Burnside. Cinq albums après, le blues plus rock de Brothers (2010) et du punchy El Camino (2013), leur offrait une réputation planétaire. Mais avec Delta Kream (2021), enregistré en dix heures chrono avec Kenny Brown à la guitare et Eric Deaton à la basse, le binôme a remis l’église au milieu du village en retournant à leurs premières amours : au hill country blues, ce blues électrique à la profondeur hypnotique venu des collines du Nord du Mississippi. Galvanisés par cette transe créatrice, Dan et Pat décident alors de retourner en studio et de s’ouvrir aux collaborations. Avec Dropout Boogie, dont le titre fait un petit clin d’oeil au premier album de Captain Beefheart (Safe As Milk, 1967), la soul vintage fait son retour avec le funky Wild Child, porté par le Wurlitzer, les synthés et une légère wah-wah, co-écrit avec le chanteur Greg Cartwright (Reigning Sound) et le producteur Angelo Petraglia (Kings Of Leon). D’une jam avec Billy Gibbons est retenu Good Love, condensé de rock sudiste dont l’ex-leader de ZZ Top connaît la formule. Pour le reste, les Black Keys varient les nuances qu’ils maîtrisent tant, alternent hymnes glam (Your Team Is Looking Good), boucles blues groovy (For The Love Of Money), usent toujours de la fuzz (Baby, I’m Coming Home), et déploient même un velours soul des plus doux avec How Long. Et si le son paraît si brut et immédiat, c’est que le duo du Midwest a volontairement conservé les premières prises de certaines pistes.

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