EN RÉSUMÉ
À la télé, le temps de cent vingt épisodes répartis sur trois Saisons, il est d’abord apparu à la fin des années 60 sous les traits d’Adam West. Puis, de Michael Keaton à Christian Bale et de George Clooney à Ben Affleck en passant par Val Kilmer, cinq acteurs d’envergure se sont chargés avec plus ou moins de bonheur de l’imposer au cinéma. Aujourd’hui, le Batman revisité par Robert Pattinson sous la caméra de Matt Reeves est sans doute le plus mature, le plus sensible, le plus complexe et, allons-y carrément, le plus fascinant de tous. « Ce qui m’intéresse surtout chez lui, c’est sa dualité », dit le comédien. « Et le fait qu’il soit toujours rongé par le doute, qu’il se demande s’il est à la hauteur ou s’il fait les bons choix, c’est quelque chose que je connais très bien dans tous les aspects de ma vie, privée comme professionnelle. »

Si le point de départ du scénario (une série de meurtres ensanglante Gotham City) ne semble guère briller par son originalité sur le papier, son traitement narratif, visuel et atmosphérique, lui, ne peut s’assimiler à rien de ce qui a déjà été fait dans le registre des films de super héros, si ce n’est, par certains côtés, chez le trop méconnu Watchmen-Les Gardiens de Zack Snyder. Soit une approche résolument tragique du personnage, d’authentiques vibrations politiques dans la peinture d’une corruption généralisée et, au premier chef, des partis-pris esthétiques somptueusement crépusculaires où la lumière du jour est quasiment persona non grata . Certains, biberonnés au tempo frénétique et au design clinquant de la saga Avengers , ont d’ailleurs été rebutés par le rythme délibérément solennel et l’habillage très conceptuel de « The Batman ». Ce sont pourtant eux qui, couplés à une mise en scène formidablement attentive aux cadrages, font du spectacle une expérience hypnotique à nulle autre pareille dans le genre.
DU CÔTÉ DES BONUS
Quand l’interactivité répond à absolument toutes les questions qu’on peut se poser sur un film et sa conception, il y a de quoi sabrer le champagne, et c’est justement le cas ici. Soit making-of de près d’une heure ; sujets complémentaires sur l’origine du projet, les chorégraphies, trois personnages-clés, la Batmobile, les costumes, les accessoires et les maquillages ; décryptage de deux séquences d’action ; sans oublier deux exceptionnelles scènes inédites, dont une où intervient le Joker interprété ici par Barry Kheogan, assorties d’un immanquable commentaire audio (en VO non sous-titrée, cependant) du réalisateur. À l’arrivée, un arsenal éditorial de très haute volée.

AVIS TECHNIQUE
Majoritairement plongé la pénombre, le film se montre d’une lisibilité sans faille grâce à un master de compétition aux noirs d’encre (encore densifié par l’apport du Dolby Vision) et aux lumières aussi éclatantes que nuancées quand nécessaire. Encore supérieur dans la profondeur des noirs, ce transfert Dolby Vision flirte dangereusement avec l’expérience cinéma ultime. Côté son, la VF et la VO toutes deux Atmos (bravo à l’éditeur !) font preuve d’un aplomb phénoménal, entre pluie torrentielle, métro aérien, survols d’hélicoptères et composition de Michael Giacchino.
LE MOT DE LA FIN
Le plus personnel et audacieux des Batman bénéficie à plein régime d’un écrin audiovisuel et d’une interactivité au top de leurs possibilités respectives.