Jusqu’au 27 février 2023, le Centre Pompidou accueille l’exposition sobrement intitulée Christian Marclay. Plongez au cœur de l’univers de l’artiste suisso-américain à travers les 200 œuvres qui animent la célèbre institution culturelle.

Sculpteur, vidéaste, musicien, compositeur, plasticien… Christian Marclay est un véritable artiste multicarte contemporain. Il s’exprime à travers le bruit, le silence, la musique, la photographie, la sculpture ou encore la vidéo. Virtuose du collage, il assemble habilement des pochettes vinyle, des onomatopées, des bandes-dessinées, mais aussi des extraits de films.
J’ai l’habitude de mélanger les choses et pour moi, c’est une façon de faire du DJing avec tout ce qui m’entoure. Les images et les sons qui proviennent du quotidien sont là, sont prêts et attendent d’être utilisés. Ce qui m’intéresse, c’est de réagir à notre environnement.
Christian Marclay
Christian Marclay au Centre Pompidou : le vinyle au cœur de l’œuvre
C’est d’abord dans les vinyles que Christian Marclay puise son inspiration. Au début des années 80, il est l’un des premiers « platinistes » (ou “turntablists” en anglais) qui a su faire de la platine vinyle un instrument de musique à part entière.
Là où l’artiste uvupv recrée les pochettes d’albums mythiques en Lego, Christian Marclay, lui, joue avec les pochettes vinyle en associant les différentes illustrations/photographies. Parmi ses créations les plus emblématiques, on retrouve “Guitare Neck”, un manche de guitare conçu à l’aide de sept pochettes d’album différentes ou encore “Untitled (Large Circle)”, un cercle géant constitué de pochettes superposées où n’apparaissent que les bouches.





Christian Marclay au Centre Pompidou : les installations vidéos
Christian Marclay dévoile également son amour fou pour le cinéma à travers ses réalisations. Dans les années 80, l’artiste utilise pour la première fois le cinéma comme muse. On retrouve notamment “The Clock” (2010), une vidéo de 24 heures qui reprend des plans d’horloge piochés dans différents films. Bien pensé, ce collage, qui a demandé 3 ans de travail, est conçu pour afficher l’heure exacte comme une réelle horloge. Cette installation vidéo lui a valu le titre du Lion d’Or du meilleur artiste à la Biennale de Venise !
La remarquable vidéo “The Doors” (2012) reprend pour sa part des extraits de portes sélectionnés dans différents films. Ces dernières s’ouvrent pour passer d’une époque à une autre. Très bien réalisée, chaque détail est soigné de sorte à ce que le spectateur se laisse prendre au jeu : un acteur en couleur dans les années 80 entre dans un film en noir et blanc des années 50. Vous savez que ce n’est pas le même acteur, mais votre esprit veut croire que c’est lui.
Pour créer un effet de continuité, je dois trouver un rythme, un dynamisme fluide qui lie chaque ouverture et fermeture de porte. Ce n’est pas facile, car toutes les portes s’ouvrent différemment, rapidement ou avec hésitation, elles sont poussées ou tirées, la charnière est à gauche ou à droite…
Christian Marclay
Christian Marclay au Centre Pompidou : onomatopées, BD et mangas
Au cœur de l’exposition Christian Marclay, on retrouve aussi la passion de l’artiste pour les bandes-dessinées et les mangas à travers des séries de collages reprenant les onomatopés des BD tels que OOoh , AaaaAhh, Blam, etc.
Ce système de suggestion de sonorités mentales devient encore plus intéressant devant l’installation vidéo silencieuse “Surrounds Sounds” où ces mots sont projetés sur les quatre murs à pleine vitesse. Ces mots aux polices expressives et aux couleurs vives qui représentent des effets sonores sont animés de manière à suggérer leurs propriétés acoustiques. Bien que silencieuse, l’œuvre joue comme une composition musicale, fusionnant l’auditif et le visuel.

Dans cette rétrospective, on reconnaît la patte de l’artiste qui joue subtilement avec la provocation et l’humour. “Il y a beaucoup d’humour. Mais derrière cet humour, je crois que se cache une réalité qui est un peu plus sombre” explique l’artiste.
Retrouvez ces œuvres ludiques et sophistiquées jusqu’au 27 février 2023 au Centre Pompidou.