David Bowie : Les adieux de Ziggy Stardust restaurés en 4K

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Réalisé par D.A. Pennebaker en 1973, Ziggy Stardust and The Spiders from Mars: The Motion Picture, l’ultime concert du plus fameux alter-ego de David Bowie, renaît pour son 50ème anniversaire en version audio remasterisée et restauration 4K.

« De tous les spectacles de cette tournée, c’est celui qui nous accompagnera le plus longtemps, parce que c’est non seulement le dernier spectacle de cette tournée, mais aussi le tout dernier spectacle que nous ferons. »

Le soir du 3 juillet 1973, David Bowie « suicide » Ziggy Stardust au sommet de sa gloire sur la scène de l’Hammersmith Odeon de Londres, à la grande surprise de ses fans et d’une partie de son groupe, les Spiders From Mars. L’alter-ego le plus célèbre de toutes les identités successives revêtues par Bowie était né deux ans plus tôt, en mars 1971, lors de la première visite américaine de l’auteur de « Space Oddity ».

Ziggy Stardust
Lors de son concert du 3 juillet 1973 avec les Spiders from Mars, Bowie décide de mettre fin au personnage de Ziggy Stardust. ©Chalkie Davies

Pour définir les contours du personnage qui figurera au centre de son nouveau projet, l’album The Rise and Fall Of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars, Bowie avait convoqué le destin tragique du rockeur maudit Vince Taylor, les excentricités scéniques d’Iggy Pop, les costumes d’Orange mécanique de Stanley Kubrick et le méconnu Legendary Stardust Cowboy, songwriter atypique dont il reprendra « I Took a Trip (On a Gemini Spaceship) » trois décennies plus tard dans l’album Heathen. « J’ai trouvé le nom de Ziggy Stardust en découvrant le disque d’un type qui se faisait appeler The Legendary Stardust Cowboy. Il n’a pas inspiré l’album, mais son nom était une base pour le titre. Ziggy, ça vient d’Iggy, et les Spiders From Mars sont arrivées au moment d’écrire la chanson. Tout ça se tenait », précisera Bowie.

Les araignées de Mars

Le 29 janvier 1972, Mick Ronson (guitare), Trevor Bolder (basse) et Woody Woodmansey (batterie) constituent le line-up du premier concert officiel des Spiders From Mars au Friars Club d’Aylesbury. Les « araignées de la planète Mars » avaient œuvré auparavant dans Hype, une formation comprenant Bowie, Ronson, Woodmansey et Tony Visconti à la basse. L’arrivée de Trevor Bolder, ancien partenaire de Mick Ronson dans les Rats, fixe en 1971 la formation définitive des accompagnateurs de Ziggy Stardust, qui donneront bientôt 150 shows en Angleterre, aux États-Unis et au Japon jusqu’en juillet 1973. « Ils jouaient leurs rôles à la perfection », commentera Bowie en 1976. « C’était, à l’époque, le meilleur groupe de space punk-rock. Ils étaient tous des archétypes sortis d’une bande dessinée, ils étaient de superbes musiciens ». 

Porté par la vague glam et une interprétation fulgurante de « Starman » dans l’émission Top of the Pops, The Rise and Fall Of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars enflamme les charts, faisant de Bowie une superstar Outre-Manche après plusieurs années d’errances artistiques et commerciales. 

Cependant, le géniteur de Ziggy Stardust, au bord de l’épuisement moral et physique, ne tardera pas à se débarrasser d’un double de plus en plus encombrant : « Après le concert d’Earls Court (12 mai 1973, ndr.), j’avais vraiment envie que tout se termine. J’étais en train d’écrire un projet d’un genre différent et, épuisé et totalement lassé du concept Ziggy, j’avais du mal à m’investir complètement dans les concerts. Assez curieusement cependant, le reste de la tournée remporta un succès stupéfiant, mais j’étais décharné et j’avais le cafard », écrira Bowie en 2002 dans le livre de photographies de Mick Rock Moonage Daydream, la vie et l’époque de Ziggy Stardust, trente ans après le plus fameux Rock’n’Roll Suicide de l’histoire du genre.

Jeux de lumières

Quand D.A. Pennebaker dispose ses caméras dans l’Hammersmith Odeon de Londres le 3 juillet 1973, le réalisateur de Monterey Pop et Bob Dylan : Don’t Look Back est une des rares personnes conscient de filmer un moment crucial de la carrière de David Bowie. La dernière date du Ziggy Stardust Tour coïncide avec l’ultime apparition du double glam de Bowie et des Spiders From Mars : au cours des rappels, Bowie prend la parole et annonce, à la surprise générale des 5000 spectateurs présents dans la salle — et celle de ses musiciens qui n’étaient au courant de rien, à l’exception, dit-on, de Mick Ronson et Mike Garson — la fin de l’aventure Ziggy Stardust.

vinyle Ziggy Stardust and the Spiders from Mars: The Motion Picture 50th Anniversary
Pour célébrer son 50e anniversaire, le film Ziggy Stardust and The Spiders from Mars: The Motion Picture de Pennebaker, ainsi que sa bande originale, bénéficient d’une nouvelle réédition.

Dans le concert filmé de Pennebaker, l’approche réaliste et le grain du 16 mm d’époque contraste avec la théâtralité et les jeux de lumières outranciers du show de David Bowie/Ziggy Stardust. Les plans larges révèlent un Bowie à la taille d’insecte au centre d’une scène saturée de lumières écarlates et de flashes provenant des appareils photo des fans et de la presse. La performance, qui intervient au bout de 18 mois de tournée non-stop, ne fait pas non plus partie des meilleures prestations des Spiders From Mars. La guitare de Mick Ronson, l’autre vedette du show, est parfois désaccordée, et le mixage audio (qui sera rectifié une première fois par Tony Visconti en 2002) enterre par endroits la voix de David Bowie. À sa propre demande, l’apparition surprise de Jeff Beck sur un medley « The Jean Genie/Love Me Do » et une reprise de « Round and Round » de Chuck Berry a été également coupée au montage, le guitariste s’étant trouvé embarrassé par son apparence désuète de rockeur en jeans à pattes d’éléphants au milieu des platform boots à paillettes et des perruques Pompadour des Spiders from Mars.

Parallèlement à quelques interprétations de qualité (dont celles de « Moonage Daydream », « My Death » et « Cracked Actor », un extrait d’Aladdin Sane, qui venait de paraître quelques mois plus tôt), Ziggy Stardust and The Spiders from Mars: The Motion Picture définit le sommet d’une Ziggymania, relayée par la ferveur d’un public largement composé d’adolescents extatiques. Les séquences tournées en coulisses sont un autre temps fort de ce document-clé de l’histoire du rock : on y découvre un Bowie exténué, mais profondément humain, un jeune artiste de 26 ans respectueux de son entourage (on aperçoit son épouse Angie et Ringo Starr dans un coin de la loge) et maîtrisant déjà à la perfection son image de rock star charismatique et aventureuse.

L’édition 50ème anniversaire

Disponible via Warner Records à partir du 11 août en éditions double-CD, double vinyle, Blu-ray, versions digitales et coffret 2-CDs/Blu-ray, Ziggy Stardust and the Spiders from Mars: The Motion Picture 50th Anniversary bénéficie de sa première restauration en 4K supervisée par Frazer Pennebaker, le fils du réalisateur décédé en 2019.

édition 2 CD/Blu-ray de Ziggy Stardust and the Spiders from Mars: The Motion Picture 50th Anniversary
Ziggy Stardust and the Spiders from Mars: The Motion Picture 50th Anniversary est disponible en éditions double-CD, double vinyle, Blu-ray, versions digitales et coffret 2-CDs/Blu-ray.

Gagnant en clarté et doté d’une généreuse colorimétrie surpassant allègrement la sombre et granuleuse captation originale du concert, cette nouvelle version disponible en Blu-ray dispose également d’un bonus de choix : l’apparition inédite de Jeff Beck, lors d’un ébouriffant duel de six-cordes avec Mick Ronson sur une version longue de « The Jean Genie », entrecoupé de la mélodie du « Love Me Do » des Beatles jouée par Bowie à l’harmonica, et prolongé par une foudroyante relecture uptempo de « Round and Round ». Le mixage audio DTS-HD 5.1. ou PCM stéréo offre de son côté une meilleure séparation des instruments, parmi lesquels la basse ronflante de Trevor Bolder et les performances des musiciens additionnels aux cuivres et percussions. 

Enfin complet et réexaminé avec soin, Ziggy Stardust and the Spiders from Mars: The Motion Picture 50th Anniversary constitue l’édition ultime d’un jalon incontournable de l’œuvre protéiforme de David Bowie.

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