EN RÉSUMÉ
Certains ont pu juger excessive la moisson de Césars glanée par Albert Dupontel : sept trophées majeurs, dont meilleurs film, réalisation et scénario original… Il est vrai que personne n’avait vu venir une telle razzia, d’autant que tous les pronostics donnaient gagnant le splendide marivaudage d’Emmanuel Mouret Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Mais, ne serait-ce que pour le plan proprement hallucinant où l’ascension d’un escalier en colimaçon qui tourbillonne sur lui-même a de quoi susciter un authentique vertige physique, le trophée de la mise en scène ne souffre aucune espèce de contestation. Pour le reste, Adieu les cons n’en demeure pas moins un formidable divertissement d’auteur, aussi accompli du point de vue formel que narratif, où un fonctionnaire dépressif et suicidaire se voit contraint de prêter main forte à une jeune femme désireuse de retrouver l’enfant qu’elle avait abandonné à sa naissance. Entre humour parfois burlesque, tonalité volontiers rentre-dedans, poésie décalée et drame pudiquement poignant, cette tragi-comédie étonnamment spectaculaire confirme en outre la stature en perpétuelle expansion de Virginie Efira, dont le visage et la voix se font tour à tour paysage ou musique pour décliner un éventail d’émotions que bien peu d’acteurs des deux sexes sont capables de déployer.
DU CÔTÉ DES BONUS
D’une sincérité hors du commun, le commentaire audio d’Albert Dupontel justifie à lui seul une seconde vision du film tant son mélange d’analyse technique et de reconnaissance émerveillée pour ses comédiens enrichit la substance de son œuvre. Plus classiques, huit mini-modules de making-of apportent un contrepoint estimable à l’aventure du tournage tandis qu’une comparaison storyboard/résultat à l’écran intéressera les amateurs.
AVIS TECHNIQUE
Sans doute le film le plus visuellement élaboré de son auteur, Adieu les cons affiche une palette visuelle et chromatique d’une richesse assez exceptionnelle (travail dingue sur l’ambre, l’orange, le doré et les clairs-obscurs) qui n’a pas volé son César de la photographie. Retranscrite avec une fidélité absolue, cette esthétique ultra sophistiqué se double ici d’une définition tout aussi optimale dont bénéficient également la profondeur de champ, l’inventivité des décors ainsi que l’originalité de nombreux cadrages. Moins ostensible, la section audio n’en offre pas moins une excellente répartition des ambiances et des quelques effets tour à tour subtils, massifs et musicaux.
LE MOT DE LA FIN
Virtuose, personnel, original et charismatique, un film qui n’oublie pas le plaisir du spectateur.