Mis à jour le 8 avril 2022.
EN RÉSUMÉ
Il n’est certes pas le premier. Avant lui, Kerwin Matthews, Frederick Stafford et John Gavin ont successivement incarné l’agent secret Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, dans les cinq films tirés entre 1963 et 1968 de la monumentale saga littéraire signée Jean Bruce, avant que son épouse et ses enfants ne prennent la relève après sa mort pour un total, tenez-vous bien, de deux cent cinquante-cinq romans vendus à soixante-quinze millions d’exemplaires à travers le monde. Mais depuis seize ans – déjà ! -, l’espion préféré du patrimoine hexagonal a impitoyablement balayé leur souvenir grâce à l’élégance, à la séduction et à la stupidité aussi magistrales les unes que les autres dont l’a affublé Jean Dujardin. Deux fois sous la caméra de Michel Hazanavicius, et aujourd’hui sous celle de Nicolas Bedos, devenu un cinéaste qui compte grâce au succès justifié de son formidable La Belle époque.

« C’est un con ! Mais un con sublime ! » Voilà comment l’acteur décrit le personnage qu’il a ressuscité à l’intention du public du XXIè siècle, au point de le transformer en incontestable icône comique. « Quand on me dit : ‘Il est raciste, colonialiste, misogyne…’ Je réponds : ‘Oui, si vous voulez. Mais c’est surtout un idiot.’ On ne peut rien y changer, il n’est même pas éducable. Il existe des racistes et des misogynes intelligents, haineux, patentés, filous. Lui n’en fait pas partie. Il ne calcule rien. Il n’y a pas de vice en lui. Raison pour laquelle j’endosse sans problème sa bêtise crasse.»
Quant à la présence d’un nouveau réalisateur aux commandes, il n’a pas de mots assez forts pour expliquer les raisons qui l’ont incité à donner son accord pour être dirigé par Nicolas Bedos : « Un enthousiasme et une envie gourmande de lire le scénario, la pertinence de son propos et une vraie vision d’esthète sur la lumière, les décors.. Nicolas est un obsessionnel. Dans ses films, tout est soigné. En place. C’est ce qu’on attend du cinéma ».
De son côté, le metteur en scène ne cache pas son admiration pour les deux aventures orchestrées par son prédécesseur : « Ils représentent une authentique singularité dans le paysage cinématographique français. Je n’ai pas souvenir de films qui osent à ce point le deuxième degré, voire le troisième, tout en étant très stylisés sur le plan formel et chargés de références au cinéma de l’époque où se situent les intrigues ».
À propos de scénario, le titre de ce nouvel opus annonce d’emblée la couleur : nous sommes début 1981, et OSS 117 est envoyé empêcher une révolution de renverser le président d’un pays africain où la France a de gros intérêts économiques. Tout irait pour le mieux pour lui s’il ne se voyait flanqué pour l’occasion d’un comparse beaucoup plus jeune, audacieux et moderne que lui (un rôle dont Pierre Niney s’empare avec une jubilation contagieuse). À partir de là, même si le rythme est un peu moins soutenu que celui des deux autres films, place à un festival d’autodérision, de saillies politiquement incorrectes et de gags aussi immédiatement bidonnants que parfois subtils. Nul doute que les fans seront comblés.
DU CÔTÉ DES BONUS
Un seul supplément, mais consistant, sous la forme d’une longue interview de quarante minutes où Jean Dujardin donne quelques clés supplémentaires pour apprécier au mieux le spectacle pendant que le scénariste attitré de la saga Jean-François Halin revient avec précision sur son travail.
AVIS TECHNIQUE
Les images bénéficient d’un encodage de très haute volée qui marie des couleurs aussi chaudes que chatoyantes à une définition au rasoir, avec une mention spéciale aux magnifiques nuits américaines (ou plutôt africaines, vu le contexte) intensément bleutées. Au demeurant classique, la section audio déploie une efficacité d’excellent aloi en réservant notamment un traitement de choix à la musique, très à son aise dans les canaux surround.

LE MOT DE LA FIN
Une formule gagnante qu’on verrait volontiers revenir pour un quatrième tour de piste.