Mis à jour le 10 décembre 2021.
Depuis le succès mondial du biopic « Bohemian Rhapsody », le monde a appris à mieux connaitre Queen et son chanteur Freddie Mercury. Avec Le Rewind, on revient sur cinq albums parmi les plus emblématiques de la longue et riche carrière du groupe le plus glam et le plus extravagant du rock britannique. Long live the Queen !

Rewind numéro un. Bien sûr, ça ne pouvait être que « A Night At The Opera », sorti le 21 novembre 1975 après quatre mois de travail acharné en studio, sous la houlette du producteur Roy Thomas Baker. À cette époque, et malgré le succès du single « Killer Queen », inclus sur le précédent album, le groupe est fauché, le contrat qu’ils ont signé étant désavantageux pour les musiciens. Anecdote parlante : Roger Taylor, le batteur, avait expliqué plus tard qu’on lui avait demandé de ne pas taper trop fort sur ses fûts, car il n’y avait pas le budget pour racheter des baguettes neuves. Ambiance. L’ouverture de l’album, « Death On Two Legs », est d’ailleurs une dédicace spéciale à leur ex-manager, Norman Sheffield, qui donna sa propre version du clash dans une autobiographie parue en 2013 et attaqua le groupe pour diffamation, donnant lieu à un arrangement hors procès pour un montant non révélé, confirmant en tout cas qu’il était bien la cible des lyrics énervés de Freddie. Le reste de l’album est d’une grande diversité, avec notamment « 39 », un morceau folk de science-fiction écrit par Brian May, qui fut repris par George Michael lors du Freddie Mercury Tribute du 20 avril 1992, l’ex-chanteur de Wham affirmant que c’était son morceau préféré et qu’il le chantait quand il faisait la manche dans le métro londonien. Le gros morceau, c’est évidemment « Bohemian Rhapsody », écrit par Freddie, d’une complexité telle que le mix prit un temps infini et dut être refait en intégralité le jour où un assistant éteignit la lumière du studio pour fêter l’anniversaire de Freddie (le 5 septembre), effaçant ainsi le pré-mix.
Rewind numéro deux, « News Of The World ». Deux ans ont passé, Queen est devenu un groupe de stade, et c’est en plein ouragan punk que sort ce disque luxuriant, à la couverture signée Frank Kelly Freas, inspirée d’un magazine de SF des années 1950, Astounding Stories. Si « Sheer Heart Attack », une des deux chansons écrites par Roger Taylor, s’inspire de l’énergie punk, les deux titres phares de cet album multi-platiné sont à classer dans la catégorie « rock pour stades » : « We Will Rock You » et « We Are The Champions », respectivement composés par Brian May et Freddie Mercury, ouvrent la face A et restent à ce jour parmi les titres les plus emblématiques du groupe. La critique est mitigée, certains journalistes regrettant le tournant minimaliste du son (toutes proportions gardées), résumé par Brian May avec la formule « back to basic » (retour aux fondamentaux). Toutefois, le NME considère qu’il s’agit de leur meilleur album. Quand au public, il est au rendez-vous, et l’album atteindra la première place du Top Album français.
Première BO pour Queen en 1980, c’est « Flash Gordon », une production Dino De Laurentiis, sorte de gros gâteau aux effets spéciaux de pointe (devenus complètement obsolètes bien sûr) avec un casting international haut de gamme façon foire à la farfouille (Ornella Mutti, Timothy Dalton, Max Von Sydow, Topol) pour un résultat mitigé au box-office. Queen en profite pour sortir « Flash » en 45 tours, et seuls deux titres sont chantés par Freddie, avec Brian May qui lui donne la réplique sur le single. Fun Fact : George Lucas proposa de réaliser le film, mais devant le refus du producteur Dino De Laurentiis, il partit finaliser son autre projet, un petit film de SF intitulé… « Star Wars ». On connait la suite (de « Star Wars »), mais « Flash Gordon n’eut pas de deuxième épisode, malgré un point d’interrogation accompagnant la mention « The End ». Pourtant, ce monument kitsch est devenu un film culte.
« The Works », le big bazar de Queen? Ouvert avec « Radio Ga Ga », écrit par Roger Taylor inspiré par son fils de trois ans, Félix, qu’il avait entendu dire « radio ca ca », cet album sort après un break de deux ans et fait suite à « Hot Space », album moyen sauvé par le duo avec David Bowie « Under Pressure ». Un onzième album qui sent la fusion, et qui marque le grand retour des guitares agressives de Brian May mêlées aux basses funky de Roger Deacon et au baroque électronique de Freddie. On retrouve là des hits taillés pour les stades, comme « I Want To Break Free » et « Hammer To Fall », qui sera interprété lors du Live Aid. Les vidéos ont fait beaucoup pour le succès du disque, notamment celle de « I Want To Break Free » où les quatre musiciens sont travestis, imitant le fameux soap télévisé anglais « Coronation Street ». L’album fut enregistré en grande partie à Musicland, le fameux studio berlinois, par Reinhold Mack, qui fit ses classes auprès de Giorgio Moroder et produisit l’album des Sparks « Whomp That Sucker ». Mack fut nominé aux Grammy Awards comme producteur de l’année pour « The Works », mais c’est Phil Ramone qui l’emporta.
Enfin, ultime Rewind et incontournable double album, le « Best Of » 17 titres de Queen est le disque le plus vendu de la pop music en Angleterre. Un record logique vu la cascade de hits que constitue ce témoignage de la puissance du groupe, avec notamment « Another One Bites The Dust », que Michael Jackson, grand fan, suggéra comme single. On retrouve aussi « Crazy Little Thing Called Love », écrit par Freddie dans un jacuzzi munichois, « Don’t Stop Me Now » enregistré en France dans les Alpes Maritimes et « Fat Bottomed Girls », ode aux fessiers charnus écrite par Brian May. Un morceau qui serait difficile à écrire aujourd’hui, mais que Queen assume puisqu’il continue à le jouer en concert avec son nouveau chanteur, Adam Lambert. Mais ça, c’est une autre histoire…