Madonna : Le Rewind présenté par Olivier Cachin

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Mis à jour le 16 novembre 2022

Si Michael Jackson restera pour l’éternité le King of Pop, la Queen est bien Madonna, née Madonna Louise Ciccone à Bay City (Michigan) le 16 août 1958, moins de deux semaines avant Michael. 

La carrière de la madone commence à New York, après trois mois passés à Paris comme danseuse de Patrick Hernandez (oui, celui qui était « Born To Be Alive »). Membre de l’éphémère groupe Breakfast Club, elle tourne dans un film « arty », A Certain Sacrifice, avec plusieurs scènes de nu, qu’elle tentera plus tard de faire interdire. Mark Kamins, DJ du fameux club new-yorkais Danceteria dont elle est la petite amie, produit le morceau « Everybody » en 1982, déclenchant sa signature pour trois singles (et une option sur un album) sur Sire Records, prestigieux label qui compte dans ses rangs les Ramones et les Talking Heads. 

L’album éponyme Madonna sort en 1982, réalisé par Reggie Lucas avec la production additionnelle de John « Jellybean » Benitez, que Madonna a convoqué car elle n’était pas satisfaite du travail de Reggie. Les trois premiers singles rentrent en troisième position des charts R&B/Dance, et si certains critiques notent le néo-féminisme de la future pop diva, qui sera une inspiration pour des chanteuses comme Janet Jackson et Britney Spears, d’autres sont moins tendres. L’un d’entre eux parle d’une « création de MTV et d’autres médias également sinistres qui ressemble à de l’hélium, plus légère que l’air ». Le genre de commentaire vicieux qui contribuera à tanner le cuir de Madonna, qui plus tard a déclaré : « Depuis le début de ma carrière, certains ont écrit de la merde sur moi et affirmé que j’étais une One Hit Wonder, que j’allais disparaitre au bout d’un an ». Caramba, encore raté : Madonna vient de poser les bases de sa (longue) carrière. Et elle va frapper un grand coup avec son second album.

Rewind 2, Naissance d’une superstar : Après s’être vu opposer un refus de Sire Records/Warner pour produire elle-même le toujours difficile deuxième album, Madonna se tourne vers le Wonder kid du moment, Nile Rodgers. Fondateur du groupe Chic avec le bassiste Bernard Edwards, le trentenaire vient de frapper un grand coup avec « Lets’s Dance », le tube qui marque le retour aux affaires (et au sommet des charts) de David Bowie. « Warner Bros. Records est une hiérarchie de vieux messieurs qui offre un environnement chauviniste dans lequel travailler, où je suis traitée comme une petite meuf sexy. Ça n’arrive pas à Prince ou Michael Jackson, mais ça arrive aux femmes. Dès mes débuts, j’ai dû tout faire toute seule et ça a été difficile de convaincre les gens que je méritais un contrat discographique », déclarait-elle alors. 

Bingo avec cet album rempli de hit singles, dont bien sûr « Like A Virgin » et son provoquant refrain, « Material Girl » et sa vidéo qui reprend la chorégraphie et les costumes de « Diamonds Are A Girl’s Best Friends » chanté Marilyn Monroe dans le film Les Hommes Préfèrent Les Blondes et « Dress You Up ». Quand Madonna interprète « Like A Virgin » le 14 septembre 1984 lors des premiers MTV Music Video Awards, elle fait sensation : Sortie d’un gâteau géant en robe de soirée, elle arbore sa fameuse boucle de ceinture « Boy Toy » et se masturbe, une gymnastique qu’elle reprendra sur plusieurs de ses tournées. Cette fois c’est sûr, une étoile est née, et elle est là pour rester. 

Rewind 3, Flash Forward vers le 21ème siècle. Désormais star planétaire, pro du scandale, reine de la pop mondialisée, Madonna choisit la prise de risque en prenant comme producteur Mirwais Ahmadzaï, ex-Taxi Girl devenu artiste solo. La raison de ce choix ? Le single de Mirwais « Naïve Song », premier titre signé par un Français qui utilise massivement l’autotune et son traitement cristallin de la voix. Mirwais revient sur cette époque unique et sur sa première rencontre avec Madonna : « Je m’étais intéressé très tôt à la musique électronique, dès 1992/93, et à l’époque signer avec ce genre de musique en France, laisse tomber. On n’avait pas accès à l’international, donc j’étais condamné à attendre six mois pour avoir un rendez-vous chez un ringard de DA des quatre labels principaux, qui me prenait de haut, qui pensait que j’étais un has been, enfin bref. J’étais prêt avec mon album Disco Science quand Naïve s’est constitué, j’ai été signé tout de suite et j’ai voulu être associé à la stratégie. Comme je savais que je n’avais aucune chance en France, je voulais miser sur l’étranger. J’ai signé chez Epic, qui est l’actuel grand patron de Sony Monde, Rob Stringer. C’est lui qui est derrière le succès de Random Access Memories, le dernier Daft Punk, c’est lui qui l’a piloté. Il a aussi réussi à mettre LCD Sound System N°1 des charts US et quand tu vois l’album, c’est un exploit.

 J’avais des bons retours et si ça n’avait pas été pour Madonna, je me serais concentré sur moi-même. La première rencontre, donc : Je n’étais pas content de Sony en Amérique, j’ai demandé à Stéphane Sednaoui, qui avait fait les vidéos de Madonna, d’envoyer mon travail à son management pour une distribution sur son label Maverick. J’avais remarqué qu’ils avaient très bien travaillé The Prodigy, une musique électro plus dure que la mienne. Stéphane a passé la K7 vidéo et le CD à Madonna, elle était en plein enregistrement avec William Orbit du follow-up de Ray Of Light, elle avait déjà enregistré douze tracks avec William et dès qu’elle m’a entendu, elle a voulu me rencontrer. Ça rentrait exactement dans ce qu’elle cherchait. En plus il y avait l’autotune, personne ne l’avait fait avant à part Cher. C’est d’ailleurs une des raisons qui fait que Madonna a voulu travailler avec moi : Je lui avais fait écouter “Naïve Song”, et elle voulait absolument l’enregistrer. On l’a fait avant tout le monde, Cher l’avait utilisé mais n’avait pas dit que c’était l’autotune. Moi je l’ai découvert par hasard et j’ai enregistré toute la chanson avec. Et la première grande star à avoir enregistré avec l’autotune, c’est Madonna »

Rewind 4, l’heure des aveux : Confessions On A Dancefloor, sorti en 2005, fait suite à l’échec commercial de l’album American Life, sur lequel était pourtant inclus le générique du dernier James Bond Die Another Day. On rappelle que le clip de « Die Another Day » était le deuxième le plus cher de l’histoire derrière « Scream » de Michael & Janet Jackson, six millions de dollars. 

Le virage hard clubbing de Confessions On A Dancefloor est pleinement assumé avec ce disque séquencé comme un DJ set, les morceaux étant enchainés les uns aux autres. Un mix en accord avec le titre du disque, d’où émerge le single « Hung Up », sorti peu avant et qui contient le second sample autorisé d’Abba, huit ans après le « Rumble In The Jungle » des Fugees qui samplait « The Name Of The Game ». En effet « Gimme ! Gimme ! Gimme ! (A Man After Midnight) » est la colonne vertébrale de « Hung Up », single d’une rare efficacité. Pour s’assurer l’autorisation des quatre Suédois, Madonna a directement écrit à Benny et Björn, avec comme résultat le 36ème Top 10 de sa carrière et son morceau le plus populaire. Le Guiness Book l’inclut dans son édition 2007 comme le single qui a obtenu le plus de numéros 1 dans le monde. Le site web Digital Spy est allé jusqu’à classer « Hung Up » en tête de son classement des meilleurs singles du 21ème siècle. 

« Je voulais faire un disque qu’on peut écouter dans sa voiture ou en soirée, où on n’a pas besoin de sauter une balade. C’est du non-stop » a expliqué la madone aux journalistes. Parmi les références du disque, on notera les Pet Shop Boys, Dépêche Mode, Daft Punk mais aussi le disco king français Marc Cerrone. Alors qu’il devait participer au disque, Mirwais claque la porte pour des raisons mystérieuses. La fin d’une collaboration fructueuse ? Non, comme on va le voir plus bas.

Cinquième et ultime Rewind, Madame X, sortie en 2019. Une nouvelle fois, Mirwais est largement mis à contribution. Une rumeur annonçait une collaboration avec David Guetta, qui aurait été annulée à cause de son signe astrologique. Mirwais : « C’est une excuse qu’elle lui a donnée, moi elle ne m’a jamais demandé mon signe astrologique. On en a parlé sur les sessions de Madame X au Portugal, elle m’a dit que j’étais un Scorpion, elle pense que je suis autodestructeur parce que j’ai quitté les sessions de Confessions On A Dancefloor. J’ai commis un crime de lèse-majesté. On s’est pris la tête, elle m’a pris la tête. On peut la critiquer, elle reste très correcte, contrairement à d’autres. Je suis celui qui a le plus travaillé avec elle, mais c’est pas pour les chansons, c’est pour la vibe des tracks. C’est presque une collaboration. Ce n’est pas que je participe aux paroles mais j’ai un titre, ça l’inspire, on développe. On n’est pas amis mais les chansons, ça va très vite. Sur les crédits et l’argent elle est plus que réglo. 

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Le management américain est par essence dur à ce niveau-là, c’est normal, il faut qu’ils verrouillent tout. Mais elle a toujours été très juste. Est-ce qu’elle me respecte plus que les autres, je n’en sais rien. On a fait beaucoup de chansons ensemble, on était vraiment les rois du monde ! J’ai des tonnes de vidéo où je la filme avec ma mini DV, je pourrais presque en faire un documentaire. Je ne peux pas les sortir sans son autorisation, je n’ai jamais vu personne le faire, à part ses proches. Même sur Madame X j’ai plein de vidéos. Il y a une confiance, mais je pense qu’elle me prend pour un fou car je ne suis pas intéressé par l’argent. Je n’ai pas les mêmes valeurs qu’elle, on ne m’achète pas sur certaines choses. Et pour un Américain, c’est incompréhensible. C’est ça, l’Amérique. C’est avec Madonna que j’ai enfin compris que l’élément central de l’Amérique, c’est l’argent, quoi qu’il arrive. Quelqu’un comme Kurt Cobain, qui est pour moi une singularité totale, ne devait pas être très intéressé par l’argent. Et c’est en partie la raison de sa mort »

Cette fois, c’est l’univers latin, celui du reggaeton et des hits colombiens, qui imbibe ce concept album en couverture duquel Madonna pose avec les lèvres cousues, le fil noir formant les lettres du titre. Maluma, chanteur et acteur colombien, est en duo avec la chanteuse sur la chanson « Medellin », premier des quatre singles extraits de cet album qui la verra tourner dans des salles de capacité moyenne et notamment en France pour plusieurs soirs au Grand Rex à Paris. Aux manettes Mike Dean de Houston (qui travailla aussi bien avec les Geto Boys et 2Pac que Lana Del Rey et Kanye West), mais aussi Jason Evigan et Mirwais, à qui on laisse le dernier mot : « Quand tu la connais, tu as l’impression que c’est une expérience extra-terrestre. Elle est marrante. Là ça fait deux ans que je ne l’ai pas vue mais chaque fois que je la revoie, on parle, aucun problème, elle est là, elle n’a pas bougé ».

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