En résumé
Certains films exigent un mode d’emploi, et Everything everywhere all at once est de ceux-là. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut donc au minimum :
1) Laisser au vestiaire tout ce que son esprit peut avoir de rationnel
2) Naviguer comme un poisson dans l’eau à travers les dimensions parallèles héritées de la quadrilogie Matrix ou de la saga Avengers
3) Accepter qu’un même personnage puisse avoir jusqu’à trois avatars
4) Savoir qu’on ne quitte pratiquement pas le décor d’un gigantesque bureau
5) Applaudir des deux mains les numéros d’acteurs déchaînés.

À partir de là, le phénomène culte de 2022, où une femme désormais incapable de comprendre sa famille et poursuivie par une inspectrice des impôts se retrouve projetée dans des univers alternatifs où sa fille est une maléfique entité destructrice, a toutes les chances de vous faire rugir de plaisir en électrisant vos neurones, vos pupilles et vos tympans de la première la dernière minute.
Titre original laissé tel quel en français (« Tout partout en même temps ») mais traduit de façon parfois extravagante à l’étranger (« Femme guerrière mystique sauve l’univers » à Hong Kong, « Les Univers multiples de maman » à Taiwan), effets spéciaux totalement perchés assurés par seulement neuf techniciens, la grande Michelle Yeoh dans un rôle écrit à l’origine pour Jackie Chan, deux comédiens absolument méconnaissables (la sublime Jamie Lee Curtis enlaidie comme jamais, le come-back du garçonnet d’Indiana Jones et le Temple maudit Ke Hui Quan aujourd’hui quinquagénaire)… Autant d’éléments passés au mixeur d’une imagination en surrégime qui composent à l’arrivée un spectacle extravagant, virtuose, participatif, terriblement talentueux et étonnamment émouvant pour quiconque en suivra les règles.

Du côté des bonus
Un superbe appareillage éditorial où cohabitent commentaire audio soutenu et délirant des réalisateurs, making-of de presque trois quarts d’heure aussi rythmé que complet, featurette complémentaire, courtes interviews promo des acteurs, entretien décontracté exclusif avec le coréalisateur/coscénariste Daniel Scheinert, florilège de scènes coupées pour raison de rythme mais quasi finalisées et commentées, sans oublier un bêtisier débordant de bonne humeur.

Avis technique
Les explosions de couleurs sont encore plus accentuées grâce au Dolby Vision de l’UHD Blu-ray, qui traite avec un luxe supérieur les blancs éclatants des costumes ainsi que toutes les subtilités d’éclairages, néons, écrans de contrôle et parterres de bougies. Quant à l’acoustique, chapeau bas pour les deux mixages Atmos VF/VO particulièrement actifs, avec des canaux d’élévation régulièrement usités sur la BO qui ne chôment jamais, même dans le calme, et qui atteignent les sommets lorsque l’action s’en mêle, sans oublier le caisson de graves qui fait bouillonner le tout.
Le mot de la fin
De quoi dynamiter aussi bien le regard, l’esprit et les sens que son installation Home Cinéma.
FUN