Saga Rocky : sur les traces du héros de Philadelphie

Mis à jour le 17 juillet 2023.

Rocky Balboa est né dans les bas-fonds de New York sous la plume de Sylvester Stallone pour finalement devenir l’une des principales icônes de Philadelphie. Un héros du peuple dont l’histoire se télescope avec celle d’une ville où aujourd’hui, des millions de fans se rendent pour marcher sur ses traces.

La naissance d’une légende 

24 mars 1975. Sylvester Stallone, un acteur sans perspective, recalé du casting du Parrain, car les producteurs trouvaient qu’il ne « faisait pas assez italien », décide de se rendre au match de boxe opposant le champion Muhammad Ali au challenger Chuck Wepner. Voir ce dernier tenir tête à Ali l’inspire. De retour chez lui, galvanisé, Sylvester Stallone écrit en trois jours le premier jet du scénario de Rocky. 

Les producteurs Irvin Winkler et Robert Chartoff veulent le scénario, mais désirent James Caan ou Burt Reynolds dans le rôle principal. Un rôle que Sylvester Stallone tient à assurer. Un bras de fer s’initie, les enchères montent et finalement, la MGM cède et donne sa chance à l’acteur. Pendant ce temps, Sylvester Stallone encaisse les coups. Ruiné, il est contraint de vendre son chien Butkuss pour 70 dollars. Lorsqu’il touche son premier chèque, Stallone rachète son animal pour 15 000 dollars et lui offre un rôle dans Rocky. La légende est en marche et ce n’est que le commencement ! 

Footing à Philadelphie 

Au début, Sylvester Stallone fait de Rocky Balboa un authentique New-Yorkais, comme lui. Pourtant, rapidement, le scénariste préfère délocaliser l’intrigue de son film à Philadelphie, car à ses yeux, la ville, moins grande, est plus propice à accueillir un tel personnage. Il pense aussi que le rythme de la cité correspond davantage à celui du boxeur. Il choisit ainsi le quartier de Kensington, au nord de la métropole. Rocky loge au 1818 E Tusculum Street, un appartement délabré encore debout aujourd’hui.

Employé par un receleur local, il traîne ses guêtres du côté des docks, mais fréquente surtout le Mighty Micks, la salle d’entraînement de Mickey Goldmill, le personnage campé par le vétéran d’Hollywood Burgess Meredith. Une salle localisée au 2147 N Front Street, en face de l’animalerie dans laquelle travaille Adrian, la future femme du personnage. Il s’agissait alors d’un véritable commerce malheureusement démoli en 2017 en raison de sa vétusté avancée. Le local utilisé pour la salle de boxe a, au fil des ans, accueilli de son côté diverses enseignes. 

Parmi les autres lieux fréquentés par celui que l’on appelle l’Étalon italien, le Pat’s King of Steaks est incontournable. Une plaque y atteste du passage de Rocky en 1976. Et bien sûr, impossible de ne pas monter quatre à quatre les marches du musée de Philadelphie où Rocky Balboa termine son entraînement. Devenu mythique, l’endroit apparaît dans plusieurs autres films de la saga. Sylvester Stallone l’a choisi afin de symboliser le combat mené par son alter ego pour se hisser au sommet.

Rocky d’est en ouest 

Pour autant, le quartier général de la production de Rocky se situe à Los Angeles. C’est dans la cité des anges que plusieurs séquences intérieures sont tournées, à l’image de l’intégralité de celles du gymnase Mighty Micks. Sylvester Stallone choisit de s’installer au Main Street Gym, au 318 ½ S. Main Street. Un boxing club fondé par l’entraîneur Howard Steindher, sur lequel Stallone s’est d’ailleurs appuyé pour créer Mickey Goldmill. L’endroit a été rasé en 1984 et a laissé place à un parking.

Une contrainte ayant obligé les équipes de production, en 1990 pour le tournage de Rocky V, à reconstruire les lieux pour les besoins de certaines scènes, tandis qu’à Philadelphie, l’immeuble orange du Mighty Mick tenait bon, encore et toujours, malgré le passage du temps. C’est également à Los Angeles, à l’Olympic Auditorium, une salle construite pour les jeux olympiques de 1982, utilisée par Martin Scorsese pour Ragging Bull et par Clint Eastwood pour Million Dollar Baby, que prend place le premier affrontement entre Rocky Balboa et Apollo Creed. 

En route vers la victoire 

Dans le deuxième volet, que Sylvester Stallone écrit mais réalise également, après avoir effectué ses débuts derrière la caméra avec le drame La taverne de l’enfer, les équipes effectuent plusieurs allers-retours entre Philadelphie et Los Angeles. Désormais marié à Adrian, Rocky emménage avec cette dernière au 2312 S Lambert Street à Philadelphie, dans un quartier où il fait bon vivre, loin de Kensington. Fait exceptionnel, cette maison a aussi été exploitée pour les prises de vues intérieures. 

Sévèrement blessé par son opposant, Rocky effectue un séjour à l’hôpital de Spruce Street, mais transite aussi par Rittenhouse Square, lors de la scène où Adrian lui apprend qu’elle attend un enfant. Le zoo de Philadelphie est également visité par les personnages lors de ce moment. 

Sous le soleil de Californie

Rocky III marque un cap dans la saga. Acculé dans les cordes par un redoutable opposant, Clubber Lang, incarné par Mister T., Rocky part s’entraîner à Los Angeles, sur les terres de son ancien adversaire Apollo Creed.

Mais avant, la ville de Philadelphie le consacre en lui offrant une statue à son image, trônant en haut des marches du musée de Philadelphie. Façonnée en bronze par l’artiste américain Thomas Schomberg, la statue en question est réalisée en deux exemplaires. Le premier est récupéré par Sylvester Stallone tandis que le deuxième, utilisé dans Rocky III, est offert par l’acteur à la ville. La municipalité choisit de la placer devant le Spectrum, la principale salle omnisports de Philadelphie, où est censé se dérouler le premier match entre Rocky et Apollo. Lorsque le Spectrum est détruit en 2010, la statue est alors déplacée dans un petit square, à droite des marches du musée, où elle se trouve toujours aujourd’hui. 

À Los Angeles, Sylvester Stallone, toujours à la mise en scène, tourne son match contre le catcheur Lèvres de feu, alias Hulk Hogan, au Los Angeles Convention Center. La mythique scène de la course à pied se déroule sur la plage de la jetée de Santa Monica tandis que des endroits comme le Bellevue Stratford Hotel, où Rocky s’entraîne au début du film, et l’Hollywood Forever Cemetery, où est inhumé Mickey, sont aussi utilisés. 

En route vers la Russie 

Dans Rocky IV, Rocky Balboa entend venger son ami Apollo, tué sur le ring par le champion russe Ivan Drago, lors d’un combat filmé au MGM Grand Hotel & Casino, en présence de James Brown. L’enfant chéri de Philadelphie choisit alors de s’envoler pour la Russie pour suivre un entraînement drastique. Sylvester Stallone, de son côté, a préféré installer le camp de base de son personnage à Jackson Hole, au pied de la cordillère de Teton Range. Sur place, au cœur de l’hiver, les équipes tournent par -20 degrés. Le matériel gèle régulièrement. Pour autant, il était hors de question pour la production de filmer en Russie, car en 1984, les relations avec les États-Unis sont encore très glaciales. Un point que le film ne se prive pas d’exploiter. 

Censée vivre dans un manoir dans la banlieue chic de Philadelphie, la famille Balboa habite en réalité dans une maison cossue au 56 Fremont Place à Los Angeles. Plus tard, cette habitation sera utilisée dans Charlie’s Angels et The Artist. 

Durant le tournage, le jeune Dolph Lungren frappe durement Carl Weather, l’interprète d’Apollo Creed. Lorsque vient pour Stallone le moment de monter sur le ring, pour le combat final, filmé non pas à Moscou, mais dans une arène de Vancouver, Dolph Lundren envoie carrément son réalisateur à l’hôpital !

Retour dans la rue 

Rocky V voit le champion perdre sa fortune. Contraint de quitter son manoir, il se retrouve dans les mêmes rues où tout a commencé, à Philadelphie. L’occasion pour le réalisateur John G. Avildsen, de retour aux manettes après avoir orchestré le premier volet, de retrouver de nombreux lieux de tournage. L’animalerie est toujours là, comme la salle de sport de Mickey. Il en va de même du bar dans lequel Rocky et son beau-frère Paulie ont leurs habitudes, en face du gymnase, en réalité une épicerie, et bien sûr de la maison de Paulie et celle de Rocky. Le quartier a très peu changé depuis 1976. C’est toujours le cas aujourd’hui. Marqué par la pauvreté et la criminalité, il a d’ailleurs encouragé les autorités à mettre en garde les fans de Rocky d’éviter de s’y rendre, en soulignant que même Balboa ne serait plus en sécurité dans ces rues où autrefois a commencé sa légende. 

C’est également dans Rocky V que le personnage principal, habitué à monter les marches du musée, pénètre pour la première fois dans ce temple de la culture, prêt à admirer quelques-uns des nombreux chefs-d’œuvre qu’il abrite comme les tableaux de Paul Cézanne, Gustave Courbet, Salvador Dali, Claude Monet ou encore Vincent Van Gogh. Un musée inauguré en 1876, pendant longtemps réticent à l’idée d’associer son image à celle de Rocky mais aujourd’hui entièrement convaincu des bienfaits d’une telle union, aussi improbable soit-elle. 

Sylvester Stallone est revenu à Philadelphie pour le film Rocky Balboa, le sixième épisode de sa saga. Une opportunité pour le metteur en scène de filmer la décrépitude de certains lieux rattachés à la franchise mais aussi d’en introduire de nouveaux. Il transforme par exemple le Victor Café, un restaurant italien où les serveurs chantent des sérénades entre les plats, en Adrian’s, un établissement ouvert par Rocky. 

À l’intérieur de l’établissement, les équipes revoient entièrement la décoration, remplaçant les portraits des grands noms de l’opéra par des évocations du glorieux passé de Rocky Balboa. Un lieu où Sylvester Stallone reviendra pour les deux premiers films de la saga Creed. Au Victor’s Café où il est possible de déguster de savoureuses spécialités italiennes en admirant le seul vestige estampillé Rocky encore en place, à savoir la peinture visible dans le générique de Rocky III, illustrant le combat amical entre Rocky et Apollo.