Interview : Pierre-Yves Diquelou, directeur ingénierie produits chez Cabasse

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Mis à jour le 20 novembre 2020
Pierre-Yves Diquelou est directeur ingénierie produits chez Cabasse. Il a évoqué avec nous la genèse du système Cabasse The Pearl Sub.

Pierre-Yves Diquelou est entré chez Cabasse à la fin des années 80 comme magasinier à l’issue de son service militaire. Séduit par le monde de l’audio et curieux de découvrir cet univers, il apprend sur place au contact des employés Cabasse qui le forment et partagent avec lui leur savoir-faire. Aujourd’hui P-Y Diquelou met cette expérience au service de cette entreprise de dimension familiale pour orienter la recherche et le développement des enceintes Cabasse.

SV : pouvez-vous nous expliquer la genèse du Pearl Sub ?

PYD : Historiquement, Cabasse a toujours placé l’innovation au cœur de son activité. Cette volonté d’innover s’illustre particulièrement dans deux domaines : les systèmes actifs, le premier haut-parleur actif Cabasse datant de 1958, et les haut-parleurs coaxiaux associés aux systèmes actifs qui existent depuis 1993 chez Cabasse (il s’agit du système Atlantis MC. Le premier haut-parleur coaxial de la marque datant de 1952. ndlr). 

Le système Pearl Sub est issu de cette tradition. Il profite de toute notre expérience sur l’actif, sur les haut-parleurs et sur les haut-parleurs coaxiaux, un savoir-faire que nous avons mobilisé pour concevoir un système actif qui offre une qualité de restitution correspondant aux exigences de Cabasse.

SV : le caisson The Pearl Sub peut-il fonctionner avec n’importe quelle paire d’enceintes ?

PYD : Non. Nous avons pris le parti de proposer un système complet, et pas uniquement un caisson. C’est un Sub mais qui s’inscrit dans un système audio au sein duquel on veut avoir la maîtrise complète de toute la chaîne. Le caisson alimente le haut-parleur de grave, mais il alimente également la partie médium-aigu des enceintes satellites associées. Le traitement du signal qui est appliqué dans le médium-aigu est quasiment aussi important que celui qui est appliqué au grave. 

On parle vraiment d’un système homogène. Si on veut obtenir et préserver cette homogénéité, on doit avoir le contrôle d’un bout à l’autre de la chaîne et pour avoir ce contrôle, nous avons développé ce système avec nos enceintes et nos haut-parleurs coaxiaux.

SV : le Pearl Sub permet donc d’obtenir un système acoustique global optimisé en fonction des enceintes qui lui sont associées, c’est bien cela ?

PYD : Oui, un système acoustique optimisé à base de satellites. Cabasse travaille sur le satellite depuis les années 90. Lorsque nous avons commencé à les expérimenter, les systèmes avec satellites nous sont apparus comme extrêmement performants mais très complexes à mettre en œuvre. L’utilisation de satellites nécessitait une mise en place très précise et un paramétrage des filtres actifs par un installateur en fonction de la pièce d’écoute pour que le système fonctionne à 100% de son potentiel.

Dès les années 90, on était vraiment conscient que le jour où on arriverait à avoir un système qui s’installe tout seul chez le client ce serait gagné. Le client pourrait alors disposer d’un système intégrable, performant et facile à mettre en œuvre. La simplicité, aujourd’hui, c’est la clé.

Cette facilité de mise en œuvre est désormais accessible grâce au filtrage numérique, ce qui n’était pas envisageable il y a encore 10 ans. En jouant sur ce que dans notre jargon on appelle le “raccordement” (la plage de fréquences intermédiaires reproductibles par différents haut-parleurs du système, ndlr), on essaie de rendre homogènes deux systèmes (les satellites et le caisson, ndlr) qui sont positionnés à des endroits différents dans la pièce. Le développement d’une telle solution est complexe mais rendu possible par le traitement numérique du signal. Et ça reste très simple et transparent pour l’utilisateur qui peut installer lui-même son système. 

SV : l’optimisation sonore en fonction des satellites et de la pièce d’écoute est gérée depuis l’application Cabasse. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

PYD : L’application Cabasse assure le contrôle du système. C’est elle qui, lors de la première mise en service, ordonne au système de générer une série de signaux sonores pour “exciter” la pièce et en mesurer les défauts acoustiques identifiables. Ces mesures sont envoyées par l’application dans le cloud afin d’être analysées par un puissant algorithme. Celui-ci génère alors une correction adaptée à la pièce qui est envoyée vers l’application et appliquée au système.

Pour l’utilisateur, c’est très simple et très ergonomique puisqu’il a juste à renseigner le modèle d’enceintes satellites associées et leur placement dans la pièce. Ce processus ne prend que quelques instants.

SV : la connectivité du caisson The Pearl Sub ne se limite pas à réaliser la calibration et modéliser les filtres audio ? 

PYD : Non, effectivement puisque ce caisson intègre toutes les fonctions “réseau” qu’on trouve sur l’enceintes connectée The Pearl. 

La connexion au réseau local d’une part qui permet une synchronisation avec les autres périphériques de l’écosystème Cabasse pour faire de la diffusion multiroom, mais aussi la lecture des fichiers musicaux stockés sur un NAS ou sur le smartphone. 

La connexion à Internet d’autre part avec l’accès à des services de streaming comme Qobuz, Tidal, Deezer, Spotify qui permettent de profiter de ses musiques avec une qualité audio optimale.

SV : Pourquoi alors avoir conçu un système 2.1 connecté et pas simplement une paire d’enceintes colonne connectées ?

PYD : Depuis de nombreuses années déjà, nous sommes convaincus qu’un système 2.1 est supérieur en termes de performances à des enceintes colonne, cela pour deux raisons.

La première c’est que dans un système 2.1, on a une source de grave qui est conçue et optimisée uniquement pour cela, alors que dans une enceinte colonne on a un haut-parleur de grave qui doit aussi très souvent reproduire du bas médium voire du haut-médium sur une enceinte 2 voies. Le fait de spécialiser un équipement dans un registre permet donc de l’optimiser.

La seconde raison, c’est qu’avec un système 2.1, on peut positionner cette source de grave à l’endroit de la pièce où elle donne le meilleur résultat à l’écoute. Hors cet emplacement n’est généralement pas celui qui convient pour positionner au mieux une source de médium-aigu, et inversement. Pour être performante, une source de grave doit bien souvent être approchée des murs ou placée dans un angle pour générer le moins de modes de résonances dans la pièce. À l’inverse, pour offrir une belle image stéréo, la source de médium-aigu doit être écartée des murs.

Considérant cela, on voit bien qu’un système 2.1 utilisant des enceintes satellites et un caisson de basses sera plus performant et donnera de meilleurs résultats que des enceintes colonne dont le positionnement dans la pièce entraîne inévitablement un compromis.

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1 commentaire

  1. Ah CABASSE : très haute qualité, finitions parfaites, je me rappelle une anecdote: dans les années 80, l’espionnage industriel a impliqué un jap qui a essayé de récupérer des infos sur la technologie « nid d’abeille’…
    matériel français ….

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